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Les MOOC, des cours en ligne par des universités prestigieuses

Les MOOC sont des cours en ligne diffusés par de prestigieuses universités, principalement américaines. Qui veut faire un saut à Harvard depuis son canapé ?

Article initialement publié le 11 novembre 2013

Souvenez-vous : le samedi matin, C’est pas sorcier remplissait nos jolies têtes pleines de poux de connaissances scientifiques, culturelles, et du doux bruit du polystyrène frotté lorsque Jamy bougeait ses maquettes.

Mais C’est pas sorcier s’arrête et je crois que de toute façon on avait un peu dépassé le niveau — sans prétention, hein, m’enfin on est des adultes maintenant et il faut trouver de nouvelles distractions pour couvrir les « scronch scronch » du bol de Chocapic.

Les MOOC, qu’est-ce donc ?

MOOC pour « Massive Open Online Course » (« Cours massivement public en ligne », pour traduire de façon un peu moche) ; comme tu l’auras deviné ça ne vient pas du hongrois. Il s’agit d’une initiative essentiellement américaine et plus précisément issue des meilleures facultés américaines : Havard, MIT, Berkeley…

Mais j’appelle aussi les MOOC « le Paradis » depuis que je m’y suis mise il y a quelques temps.

Ces universités ont donc décidé de mettre en ligne, sur Internet, gratuitement, des cours donnés par leurs meilleurs professeurs. Les domaines sont extrêmement variés : sciences, informatique, littérature anglaise du Moyen Âge, marketing, développement, écologie…

Ces MOOC, ou cours en ligne, sont…

  • Présentés sous la forme de vidéos et suivis de « homework » (des questionnaires à choix multiples le plus souvent).
  • D’une très bonne qualité générale : l’université se crée une vitrine, certes gratuite, mais qui ne doit pas faire honte à sa réputation.
  • D’un niveau licence : c’est complet, très instructif, on progresse vraiment, mais vaut mieux commencer par les domaines dans lesquels on a quelques bases pour ne pas se décourager.
  • En anglais le plus souvent, avec de jolies poussées de temps en temps en français, en chinois…
  • Longs de 5 à 7 semaines, à raison d’un cours par semaine.
  • Livrés avec 5 h à 7 h de travail hebdomadaire pour en tirer un vrai bonus culturel.

Les MOOC, comment ça se passe ?

Une longue liste de cours vous attend, notamment sur les sites EdX (le plus agréable pour débuter) et Coursera (le plus complet).

À titre d’exemple j’ai choisi de suivre le cours d’anthropologie de Wellesley, Introduction to human evolution.

Chaque semaine, je prends connaissance du cours en ligne, je remplis un devoir maison à la fin de la session Introduction to human evolution

, et si j’ai bien travaillé je reçois un certificat qui prouve mon assiduité.

Ne rêvons pas : ça n’a pas l’importance d’un vrai diplôme universitaire, la satisfaction est essentiellement personnelle. Revers de la médaille libérale : le certificat est payant si je le souhaite personnalisé à mon nom !

Pendant ce temps, de multiples outils communautaires sont à ma disposition : groupe Facebook, page de discussion forum, chat, rencontre IRL… Cette dimension communautaire est d’autant plus importante que jusqu’à 100 000 personnes peuvent suivre un cours sur ces plateformes : c’est donc, si vous êtes passionné•e, l’occasion d’échanger avec des gens aussi à fond que vous.

Si un cours est trop vieux mais encore en ligne, que je veux juste le lire sans avoir à travailler à côté, ou bien s’il est trop avancé ou trop compliqué pour moi, je peux y accéder en « auditeur libre », sans recevoir de certificat.

Les MOOC, à quoi ça sert ?

Outre la quête personnelle (engranger toujours plus de connaissances pour un jour domineeeer le mooooonde), on peut y trouver très facilement plusieurs intérêts :

  • S’initier à un domaine culturel en étant sûr•es d’avoir de bonnes bases et pas des théories fumeuses trouvées sur une page Wiki mal actualisée.
  • Se mettre à jour dans un domaine qui nous intéressait il y a cinq ans mais qu’on a délaissé.
  • Améliorer son anglais : les vidéos sont sous-titrées en anglais, elles sont courtes et de bonne qualité, comme les Américains savent le faire ; c’est donc réellement un moyen d’améliorer sa pratique de l’anglais qui change un peu des séries et des films.
  • Booster un CV : vous êtes à la mode, vous êtes anglophone, vous êtes motivé-e, autonome, diable, que de qualités à souligner sur un dossier d’admission ! Pas sûre que ça aide dans le monde du travail français, mais à l’étranger ça peut être utile, surtout en cas de reconversion professionnelle.
  • Rentrer au MIT ! Comme cet enfant de 15 ans originaire de Mongolie, Battushig Myanganbayar, repéré pour son excellence aux devoirs d’un MOOC de Circuits et électronique.

Quid des cours en ligne en France ?

Parlez-en à vos professeurs de fac : la dématérialisation du savoir inquiète. Un cours en ligne, c’est un cours où l’on ne paie pas régulièrement le salaire du prof, où on ne paie pas pour la salle, le matériel…

Comme le souligne cet article du Monde, les MOOC ne sont pas un projet philanthropique :

« Il y a sans doute beaucoup d’argent à gagner avec les MOOC – d’ailleurs, Coursera, fondé par des anciens de l’université Stanford, semble avoir trouvé un modèle économique viable –, mais il y en a encore plus à économiser pour les États. Entre le coût d’un cours en ligne et celui d’un présentiel, il n’y a pas de comparaison. »

Parallèlement, les professeurs-chercheurs n’ont de cesse de rappeler les très forts taux d’abandon des formations à distance type CNED. Parce que ce qui inquiète c’est bien cette dynamique qui va du « petit partage de connaissances » à « fabrique de diplômes low cost ».

Les MOOC seraient-ils donc une initiative pernicieuse visant, sous un aspect humaniste, à peu à peu « mondialiser » et « dématérialiser » l’enseignement supérieur, ne laissant l’accès aux amphithéâtres qu’à quelques privilégié•es ?

Cet article de Slate remet un peu les pendules à l’heure, entre fans extatiques et flippé•es de base. En effet le remplacement de l’enseignement en amphi par un enseignement virtuel n’est pas vraiment pour demain et les tentatives de cursus online sont de vrais échecs :

« Un partenariat conclu au printemps dernier entre l’université d’Etat de San José et Udacity s’est soldé par un échec chez plus de la moitié des étudiants. Dans les médias où l’on annonçait, il n’y a pas si longtemps, la « révolution Mooc », les critiques parlent désormais de « désillusion Mooc ». »

Cet article remet les MOOC à leur place : celle de simple complément, de passe-temps, de chances de pouvoir se cultiver facilement même une fois entré-e-s dans la vie professionnelle… en bref, un outil d’innovation pédagogique.

« Salman Khan encourage les enseignants à se servir de ses cours gratuits en ligne pour « inverser le système de cours »: les étudiants regardent le cours en ligne, puis font leurs « devoirs » en classe. Débarrassés du besoin de préparer leurs cours, les enseignants peuvent se concentrer sur le reste: les conseils personnalisés, l’aide, tout ce qu’aucun MOOC ne peut apporter. Avec ce modèle, comme je l’ai déjà remarqué par le passé, le cours en ligne ressemble moins à un substitut de cours traditionnel qu’à une version moderne des livres de cours habituels. »

Les MOOC doivent donc fonctionner comme un matériel pédagogique et non comme la solution miracle qui rendrait le monde entier brillant en six cours seulement. En France, donc, une plateforme dédiée à nos universités vient d’être crée à l’initiative du Ministère de l’Enseignement supérieur.

Reste à voir si les MOOC et plus globalement l’enseignement en ligne seront une simple mode ou deviendront un vrai système, avec un jour de réels diplômes à la clef, et pourquoi pas (rêvons un peu) une opportunité pour les pays n’ayant pas la chance d’avoir nos infrastructures ?

Ou bien, au contraire, la fin des emplois de professeurs-chercheurs en universités…

Sur ce je vous laisse, j’ai un devoir à rendre !

Pour aller plus loin…


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

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Avatar de LeahSc
11 juillet 2014 à 20h07
LeahSc
C'est un très bon article, et je pense que ça vaudrait le coup de le mettre à jour avec les initiatives francophones qui se sont développées depuis sa publication !

Je participe d'ailleurs à la création de certains de ces cours puisque je travaille pour la plateforme MOOC de IONIS Education Group : https://ionisx.com

Par exemple on a fait un cahier de vacances ouvert tout l'été avec des cours de photo, montage vidéo et vidéo 3D pour les débutants : https://ionisx.com/landing/cahier-de-vacances
(mais il y a plein d'autres cours à suivre et beaucoup de choses qui s'annoncent pour la rentrée)

Pour les autres plateformes francophones, l'annuaire Mooc Francophone en fait un recensement assez exhaustif je crois, ça vaut le coup d'y naviguer : http://mooc-francophone.com
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