J’ai rarement été aussi émue par un livre que par ce Messages de Mères Inconnues. Sans doute un peu parce que je suis moi-même maman d’une petite fille depuis peu, mais je pense que de manière plus générale, ce livre parlera à toutes les femmes. Parce qu’il nous pousse à nous interroger sur notre propre rapport à notre mère, à notre enfance, et à la mère que l’on sera nous-même. C’est aussi et surtout un message pour toutes les petites filles, et d’ailleurs pour tous les enfants, adoptés de par le monde.
Xinran est une journaliste et écrivain d’origine chinoise. Elle est l’auteure de nombreux livres qui parlent des femmes chinoises, de leur condition de vie, de leur place dans la société.
Messages de Mères Inconnues est un livre que Xinran voulait écrire depuis longtemps, sans s’en sentir la force et le courage. Sa manière de répondre aux petites filles chinoises, adoptées en Occident, à la question qu’elles ne manquent jamais de lui poser : « Pourquoi ma maman chinoise n’a pas voulu de moi ? ». C’est, je pense une question qui hante tous les enfants adoptés du monde. Faute de pouvoir un jour poser la question à sa mère biologique, on se retrouve face à son imaginaire, qui ne peut trouver la réponse.
Dans le livre, l’auteure relate les rencontres qu’elle a fait, tout au long de sa vie, avec des femmes qui lui ont apportés quelques éléments de réponses.
Il y a celle qui a abandonné sa fille devant un orphelinat parce qu’elle n’avait pas les moyens financiers pour subvenir au besoin de son bébé, qui maigrissait de jour en jour. Celle qui voyait sans pouvoir dire un mot, ses petites filles être tuées par la sage-femme, accouchement après accouchement, car sa belle-famille ne pouvait accepter qu’elle ne leur donne pas, en premier, un héritier mâle. Il y a celle a qui on a enlevé son enfant, celle encore que ses parents ont forcé à confier sa fille à l’adoption. Ce sont tant et tant d’histoires, en même temps propres à la Chine (liées à la politique de l’enfant unique, à des raisons très matérielles -dans la Chine ancienne, on ne donnait de nouvelles terres au famille que pour un nouveau-né garçon, une fille devenant donc une nouvelle bouche à nourrir sans nourriture supplémentaire, cette pratique a perduré longtemps dans les campagnes chinoises les plus éloignées-, à des croyances et une certaine mentalité -le regard des autres a énormément de poids, et ne pas avoir de garçon est un véritable déshonneur, et un signe d’échec pour certaines familles-) et en même temps plus universelles (pauvreté, conditions de vie trop dure pour les femmes, espoir d’une vie meilleure pour son enfant dans un pays plus développé, pression familiale, absence d’éducation sexuelle).
Les histoires que nous raconte Xinran se suivent mais ne se ressemblent pas. Pourtant elles sont toutes aussi bouleversantes.
Pas un seul moment on ne peut se permettre de juger ces femmes, dont la douleur et la détresse nous transperce le cœur. Parce que ce que Xinran veut à tout pris transmettre à travers ce livre, c’est tout l’amour que les mamans auront toujours pour leur enfant. Lui dire que pas un jour ne passe sans qu’elles ne pensent à ce petit être qu’elles ont porté, puis abandonné. Qu’elles espèrent du plus profond de leur cœur que dans sa vie actuelle, il est heureux.
C’est en même temps un très beau témoignage sur l’extrême violence de la condition féminine en Chine, par le passé mais encore aujourd’hui. Mais, plus encore, c’est un message d’amour universel à tous les enfants adoptés du monde. La plume de Xinran devient la voix de toutes ces femmes, qui, dans un baiser fugace, peuvent enfin transmettre leur amour éternel à l’enfant qu’elles ont porté, et qu’elles aimeront toujours.
> Référence : Messages de mères inconnues, Xinran
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