Je suis une mauviette. Une grosse trouillarde, une tapette, une poule mouillée, une grosse nouille, même. Ça a toujours été le cas, et il ne se passe pas un jour sans que je le prouve au monde. Et sans que le monde ne se foute allègrement de ma gueule – et ça peut se comprendre, je suis vraiment ridicule quand j’ai peur.
C’est marrant, quand je dis aux gens que je suis une mauviette, ils me répondent généralement que c’est pas possible, “avec tous les films d’horreur que tu regardes” (NDFab : rappel, Jack est derrière le blog Horreur de madmoiZelle).
Détrompez-vous. Attention, scoop : JE SUIS UNE GROSSE MAUVIETTE QUI FAIT PIPI AU LIT. Quand un film d’horreur me fait vraiment peur – alors certes, 21 ans d’expérience, ça réduit un peu les possibilités – je passe les nuits suivantes à faire des arrêts cardiaques.
Et comme en plus j’ai une imagination bien développée, je ne me contente pas de me dire “Ciel ! Un malfaiteur s’est introduit dans mon domicile pour voler mon écran plasma !” (ok, j’ai pas d’écran plasma, et je ne parle pas non plus comme si j’étais née en 1836)… Non, quand j’entends un bruit suspect, je me redresse dans mon lit, aux aguets et j’essaye de maîtriser le flot de scénarios qui se précipite dans mon crâne.
Si j’imagine que quelqu’un s’est effectivement introduit chez moi, je ne me contente pas d’un vague “quelqu’un” menaçant. Je vois le bonhomme, le visage, taille, poids, pilosité, coutures du pantalon, état des semelles, odeur… Et une fois que j’ai bien travaillé mon personnage, je le mets en scène dans 78 scénarios différents. Sinon c’est pas drôle.
Mais comme je suis mauviette ascendant warrior, j’attrape généralement ma batte de baseball (OUI J’AI UNE BATTE DE BASEBALL CHEZ MOI. JE VIS DANS LA TERREUR) et je fais le tour des pièces et des recoins sombres pour dénicher mon agresseur. Je me sens à la fois super badass et super ridicule, mais au moins je suis fixée. Sauf qu’une fois rassurée, de retour dans mon lit, et la lumière éteinte, les bruits étranges recommencent… et là je dois me rendre à l’évidence : ce n’est pas un vilain psychopathe qui s’est incrusté chez moi, mais un POLTERGEIST. Ou une autre créature surnaturelle. Et là, je suis impuissante. De Dean Winchester
, je n’ai que le collier, pas l’arsenal.
Quand j’ai décidé de flipper ma race, je passe des nuits sympa. Et comme quand j’ai trop bu, je me dis “plus jamais”. Et le lendemain, j’enchaine trois nouveaux films d’horreur d’affilée.
Enfin, si seulement c’était que la nuit, ça irait presque. Sauf que je suis une mauviette à temps plein. Exemple typique : il y a quelques années, quand je vivais encore chez ma mère, je terminais ma toilette dans la salle de bain quand j’ai eu la malchance de me foutre le doigt dans l’oeil, ongle en avant. Après quelques secondes passées à me tordre de douleur, j’ai enfin pu rouvrir mon oeil. Et là, le drame. Un liquide blanchâtre semblait s’écouler de mon globe oculaire. Ça y est, j’étais borgne. J’allais me dévider de l’orbite et je serai forcée de mettre toutes mes économies dans un oeil de verre.
Paniquée, j’ai appelé ma mère (j’appelle toujours ma mère quand j’ai mal quelque part) (ou quand j’ai peur qu’un aliment soit périmé) (oui, j’ai 24 ans). Je commence à m’exciter au téléphone, en couinant que j’allais mourir et que j’avais peur et que le cache-oeil s’emmêlerait toujours dans mes cheveux et que je pourrais pas vivre comme ça. Ma mère essayait vaguement de me calmer tandis que j’osais enfin m’approcher du miroir pour regarder ça de plus près… et alors, j’ai percuté.
C’était du dentifrice.
Ma mère s’est bien foutu de ma gueule, puis on a raccroché et j’ai continué ma journée tranquillement. Et des scènes comme ça, j’en vis quatre fois par semaine minimum. En plus, j’ai peur de vomir, peur du noir, peur des insectes (tout ce qui a plus de quatre membres est une aberration) (sauf pour les mâles) (hohoho), des attractions qui vont vite, de la nature (j’adore ça, mais une balade à la campagne ne se fait jamais sans son lot de sursauts), de la ville, de la montagne, des gens, du cosmos, de l’infini.
J’estime être quelqu’un de relativement courageux en ce qui concerne les épreuves de la vie, mais alors au quotidien, y a plus personne hein. Mais bon, c’est tellement agréable de surmonter sa peur et de voir la fierté dans le regard de ma mère… comme cet été, quand j’ai enfin trouvé le courage de prendre un papillon de nuit dans la main pour le relâcher dehors, non sans pousser des cris de fillette. Et son “c’est bieeeeeeeeeen ma fiiiiille, t’es courageuuuuse” (même si c’était pour se foutre de ma gueule), bah ça valait tout l’or du monde.
Les Commentaires
Etant donné que j'ai peur des escargots, des limaces, des grenouilles, des crapauds, du noir, de la mer, du grand bassin de la piscine, de l'aspirateur qui se trouve dans la piscine, que j'imagine que tous les hommes dans la rue sont des violeurs ascendant psychopathes, et que j'ai egalement peur des tarentes, de la nature en général (merci insectes), que j'ai peur du vide, et de tant d'autres choses ridicules, JE COMPRENDS TA DOULEUR