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madmoiZelle, une vulgaire bande de branleuses ?

Notre article « comment branler une bite » a mis une partie de l’Internet en émoi. Retour sur cet affront au bon goût, par la rédactrice en chef.

Comment branler une bite ? Guide pratique pour soirée réussie

C’est le titre que vous avez peut-être vu passer sur vos réseaux sociaux, dimanche 21 mai 2017. Et oui, c’est de nous. Et non, ce n’est ni une provocation, ni une erreur, ni une fantaisie qu’on s’est permise, histoire de réveiller Internet en plein mois de mai et ses ponts léthargiques.

C’est bien de nous. Mais ça vous surprend ?

Les réactions à cet article ont été extrêmement diversifiées, et assez contradictoires — pour notre plus grande satisfaction, car la ligne édito de madmoiZelle pourra toujours être résumée par cette phrase :

« Je ne suis pas celle que vous croyez ».

Ce qui veut dire : ne me jugez pas si vite.

Parce que je ne parle pas de cul entre la poire et le fromage, ça ne fait pas de moi une « prude » — cette attaque à peine voilée contre celles qui ne partagent ni fascination, ni goût particulier pour la sexualité.

Parce que je parle de cul ouvertement et que j’assume d’aimer le sexe, ça ne fait pas de moi une « salope » — cette attaque à peine voilée contre celles qui assument pleinement leur sexualité. Parce que ça leur plaît.

Et c’est cette ligne qui fait la force de madmoiZelle : l’absence de jugement, et de hiérarchie là où la hiérarchie ne devrait pas exister. Les « prudes » ne valent pas mieux que les « salopes », et vice versa. Il n’y a pas de juste milieu du cul (à part la raie).

À lire aussi : J’ai été vierge jusqu’à 22 ans

Trois semaines auparavant, on avait publié Comment (bien) toucher une vulve ? Si l’article avait connu un succès certain, il avait soulevé beaucoup moins d’indignation.

Le vocabulaire semblait moins cru aux yeux des habitué•es du discours libérateur vis-à-vis de l’anatomie féminine. Mais il avait choqué, au moins autant qu’une bite, celles et ceux pour qui « vulve » relève de la vulgarité.

La vulgarité, parlons-en ! « Branler une bite », c’est vulgaire ? Et sucer une queue, ça passerait ? Astiquer le manche ? Tirer sur le jonc ? Pourquoi les métaphores seraient moins « vulgaires » que les expressions familières ?

Les expressions « j’ai rien branlé » ou « je bite rien » sont passées dans le langage familier ; ne me dites pas que ce sont ces mots qui vous choquent ? « Vulve » avait quelque chose de subversif, c’est un terme qui n’est pas encore popularisé. Pas autant que la bite et la branlette, en tout cas.

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Rassurez-vous, on ne se demande pas, pour titrer chaque article, « comment va-t-on conquérir Internet aujourd’hui ? » !

Le titre initial de Comment (bien) toucher une vulve était « comment doigter comme un Dieu ». On a préféré le rendre neutre, pour ne pas présumer du genre des personnes qui touchent, et des personnes qui ont des vulves dès le titre.

« Comment branler une bite » était en concurrence avec « comment masturber un pénis ». Une formulation qu’aucun•e jeune (personne née après 1990) n’utilise au quotidien, je pense.

« —Et là, j’ai masturbé son pénis jusqu’à la jouissance ! —Diantre Marie-Hubertine ! Vous irez en enfer pour ça, vile mécréante ! »

Parler de cul sur Internet en 2017

Plusieurs commentaires de bonne foi nous ont été adressés, et il est important d’y répondre.

Parmi les premiers griefs soulevés, la liberté avec laquelle nous parlons de cul sur Internet. Nous l’assumons.

Sur madmoiZelle, on parle chatte, bite, couille, vulve, paquet, teuch, toutes les couleurs de l’argot contemporain — et les termes anatomiquement corrects aussi, c’est important.

Parce que parler de cul ouvertement et sans complexe, ça manque.

Peut-être pas dans certains milieux très sexo-libérés, très informés — et tant mieux pour eux !

Mais ça manque au commun des mortel•les, à la lycéenne dans son patelin, à l’étudiante coincée entre la menace d’être vue comme une « pute » et la réputation de « prude ».

Alors si parler de cul sur Internet comme on en parle dans les cours de récré, ça contribue à les rassurer sur leur « normalité », qu’elles comptent sur nous, cette lycéenne et cette étudiante : on va continuer.

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Deuxième raison pour laquelle madmoiZelle continuera à parler de sexe de manière aussi crue, aussi ouverte, aussi décomplexée, justement : on s’est donné comme mission de lutter contre les complexes.

Si le mot « bite » te heurte, personne ne te demande de l’apprécier. Tu peux ne pas l’utiliser, tu peux même ne pas cliquer sur les articles qui en parlent !

En revanche, beaucoup de celles qui apprennent à « parler cul » en surfant à travers les interdits ont besoin de savoir que les mots ne sont que des mots. Ils ne sont pas sales.

Le mot « con » utilisé à toutes les sauces vient à l’origine du sexe féminin, mais « bite » serait trop vulgaire, déplacé ? Je pense au contraire que « branler une bite » remet la balle au centre ! Il n’y a pas d’insulte, en sous-texte. Juste un usage inoffensif.

« Clitoris », voilà un mot tellement gros qu’il n’avait pas sa place dans les manuels scolaires, jusqu’à cette année. Voilà un terme subversif, audacieux, provocateur. « Bite », c’est si courant que c’est la plus vieille blague des cours d’allemand !

Rassurez-vous, on ne se force pas à être provocatrices, subversives ni originales. On parle sur madmoiZelle comme on parle dans la vie. Et justement…

« Vous ne parlez pas à vos copines, vous êtes un journal »

Correction : nous sommes un journal en ligne, qui se veut être l’amie de ses lectrices. Donc si en fait, on parle sur madmoiZelle comme on parlerait à nos potes.

C’est sur cette liberté de ton et d’expression qu’on recrute nos plumes. C’est pour ça que les « Cordialement » et autres formules de politesses pompeuses sont éliminatoires au recrutement. Parce que personne ne signe un mail à son pote ou à sa coloc’ « cordialement ».

Et c’est pareil pour le cul, du coup. On ne se raconte pas, entre nous ou entre ami•es, nos histoires de cul en disant « et là, j’ai masturbé son pénis jusqu’à éjaculation ». Insérez ici toute expression imagée que vous utiliseriez. Et ne soyez plus étonné•es qu’on utilise une telle expression dans nos articles !

Et si vous ne parlez pas de cul entre ami•es, ne soyez plus surpris•es que nous, si. En tant que rédactrice en chef, je me vois mal refuser à l’une des membres de mon équipe le droit de prendre la parole sur le sujet. Encore moins au motif que « ça peut choquer ».

Ça peut intéresser, en fait. Ça peut être utile, à plein de niveaux.

L’existence de l’article ne contraint personne à le lire. Son absence empêche tout le monde de le lire.

L’avantage de madmoiZelle par rapport à une amie, c’est que personne ne vous oblige à l’écouter.

« Comment branler une bite » ne mentait pas sur la marchandise. Le titre vous choque? C’est le meilleur ambassadeur de l’article. Passez votre chemin si ces 2 mots vous incommodent d’entrée. Et tout le monde en sera satisfait !

« Ça se dit féministe et ça pond ça »

Apparemment, vouloir ou aimer branler des bites est incompatible avec le féminisme. Désolée, c’était pas dans le manuel que j’ai reçu.

Pour moi, pour nous à la rédaction de madmoiZelle.com, le féminisme c’est la libre détermination des individus appliquée aux victimes de l’oppression patriarcale.

Je la refais.

En gros, notre féminisme à nous, c’est le respect de l’autre et de sa liberté de choix.

Il y a des femmes qui aiment branler des bites, sucer des queues, lécher des chattes, toucher des vulves, il y a des meufs qui aiment la sodomie et d’autres non, il y a des femmes qui préfèrent dire « fille » et des meufs qui ont du mal à devenir adulte. À nos yeux, le féminisme est pour toutes celles-là, il n’en exclut aucune.

Il y a aussi des hommes qui aiment le maquillage, qui sont victimes de viol, des hommes dont la virilité est remise en question, des hommes qui cherchent à définir cette virilité. Notre féminisme est pour eux aussi. Il ne les exclut pas.

À lire aussi : Je suis féministe, mais… c’est pas toujours évident

Alors oui, des meufs féministes peuvent écrire et assumer un tuto « comment branler une bite ». Et aussi « comment bien kiffer la sodomie ». Et aussi comment toucher une vulve.

Parce que la sexualité est une affaire personnelle, individuelle, et que faire honte aux meufs qui aiment le cul (et la bite), c’est profondément anti-féministe, justement.

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« Imagine, t’es bac+5 et tu écris des tutos branlette »

Toujours parmi les commentaires récurrents lus suite à notre article sur la branlette, il y avait cette délicate attention à l’égard d’Anouk Perry, la rédactrice à l’origine de cet article.

« Écrire un tuto branlette » n’est pas une compétence qu’on développe sur les bancs de l’université. L’envie et la motivation de parler cul ouvertement, avec pédagogie, ça se respecte, et ça se félicite.

Il n’y a guère que Laci Green qui me vienne à l’esprit, comme meuf qui assume de donner des conseils pratiques et crus pour une sexualité épanouie.

Et la vidéaste a dû déménager (au moins une fois de mémoire), entre les insultes, les menaces, les stalkers qui s’en sont pris à elle.

À lire aussi : Les lesbiennes pratiquent-elles vraiment le « ciseau », et autres révélations sur le sexe lesbien

Alors oui, écrire et publier « Comment branler une bite » requiert une certaine audace, que je respecte et que j’admire, en tant que rédactrice en chef.

Parler de cul à visage découvert et sans retenue demande du courage, mesdames et messieurs de l’Internet. Vous n’êtes pas obligés d’apprécier, mais je vous demande de le respecter.

Ça passe par ne pas insulter ad hominem la rédactrice qui signe l’article objet de la discorde. Le dialogue, toujours, l’injure, jamais. (Je finirai par me le faire tatouer).

Point slut-shaming

À toutes celles et ceux qui se sont cru autorisé•es à traiter Anouk de « pute » ou de « salope » parce qu’elle avait écrit cet article, je vous renvoie à la lecture de nos corpus autour du slut-shaming.

En résumé : juger une femme sur la base de sa sexualité supposée, en d’autres termes, la traiter de « salope » parce qu’elle parle ouvertement de cul, c’est ce qu’on appelle communément le slut shaming.

Ça fait pas d’elle d’une « salope », ça fait de vous des gens perclus de préjugés.

À lire aussi : J’ai « un palmarès d’actrice porno » et je le vis bien

« Faites plutôt un tuto pour sucer »

C’est déjà fait. Merci de lire Josée L’Obsédée apprend à pomper. Et vous savez quoi ? C’est exactement le même type d’article, mais présenté sous forme de témoignage. Cette personne raconte comment elle a appris à faire de meilleures fellations grâce à un partenaire.

Voulez-vous vraiment décourager les personnes qui entreprennent cette démarche?  (Je m’adresse aux personnes porteuses de pénis : vous voulez VRAIMENT décourager une telle démarche ?)

La sexualité positive, c’est une démarche bénéfique à tous et à toutes. C’est pas une compétition, pas une guerre des sexes.

Pourquoi chercher à contraindre, à embarrasser, à rejeter celles et ceux qui cherchent à s’épanouir davantage dans leurs relations sexuelles ?

À lire aussi : #TesFéministeMais… tu suces ?

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Y en a qui suivent, merci !

« Ça a gé-chan, madmoiZelle »

Pas vraiment, non. On a toujours parlé de cul sans complexe, on avait juste moins d’audience. On était moins remarquées, moins partagées, moins commentées. J’ai envie de dire que le backlash qu’on se prend sur un tel article, c’est un peu la rançon du succès!

¯\_(ツ)_/¯

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« Vous pensez aux jeunes qui vous lisent ? »

Oui, justement. C’est précisément à eux qu’on pense. On pense aux jeunes meufs et aux jeunes mecs qui googlent « comment être un bon coup » alors qu’ils ont à peine ressenti l’envie de baiser.

À lire aussi : Requêtes Google menant à madmoiZelle #15

On pense à tou•tes ces adolescent•es qui cherchent sur Internet les informations que les adultes autour d’eux ne leur donnent pas. Entre les profs qui t’enfilent des capotes sur une banane et les parents qui se ferment en mode « c’est pas de ton âge », il n’y a aujourd’hui en ligne qu’une seule véritable solution mainstream : le porno.

C’est pas moi qui l’invente, c’est une réalité : beaucoup de jeunes aujourd’hui utilisent le porno comme source d’éducation à la sexualité.

madmoiZelle ne peut ni se substituer à l’Éducation Nationale, ni au Ministère de la Santé. Mais on peut au moins truster quelques bonnes positions sur google, en espérant que nos articles circulent dans les lycées, plutôt que des liens vers Pornhub ou Xhamster — no offense, c’est juste pas un cours d’éducation sexuelle, désolée.

Nos articles « sexe » respectent toujours le consentement mutuel, une notion trop peu abordée dans les programmes officiels. Ils parlent régulièrement de communication, une notion trop peu abordée dans les programmes officiels.

Mais ils ne se limitent pas à ce discours de bienveillance mutuelle, parce que quand on cherche des informations sur le cul, on ne google pas « consentement » ni « sexe safe épanouissant ».

On google « faut-il sucer pour rester en couple », « comment être un bon coup », « comment tenir un régime » et autres questions cash, auxquelles on espère donner une meilleure réponse sur madmoiZelle.

Ce ne sont pas des mauvaises questions, mais l’Internet regorge de mauvaises réponses. On entend changer la donne, sommes-nous folles, ou ambitieuses ?

Les mauvaises langues diront « idéalistes » comme si c’était une insulte. Ils ont raison. On ne seraient pas satisfaites à moins de ça.

« Vous êtes lues par des gens très jeunes ! »

On sait. C’est d’autant plus important de bien parler. C’est juste pas une question de vocabulaire, on n’est pas là pour leur faire la leçon : on écrit pour un public majeur et averti.

On se doute que des plus jeunes nous lisent, alors on fait attention à ce que le fond soit irréprochable.

La forme, c’est celle qui nous est naturelle. Et c’est naturel, je pense, qu’elle choque plus les trentenaires que les adolescent•es. L’inverse serait pour nous un signal préoccupant…

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« Branler une bite, c’est vulgaire »

Branler une bite, c’est vulgaire ? Ah bon ? Je vous renvoie à la définition que dessinait minutieusement Mircéa Austen dans son article dédié à la notion de vulgarité.

Partant de l’exemple de Miley Cyrus aux VMAs, elle commentait la différence de traitement entre la chanteuse, que l’Internet accablait de « vulgarité », alors que Robin Thicke, auteur d’une chanson parmi les plus « vulgaires » des récentes années, était totalement épargné par cette vague d’indignation.

Toujours est-il qu’en conclusion de cet article — excellent au demeurant, Mircéa Austen écrivait ceci :

« La vulgarité n’est pas un concept anodin. Il ne définit rien de précis. Il n’est pas constructif.

Il sert à une seule chose : réassurer l’emprise de la société sur nos jugements moraux. »

Ah, tiens donc. Si « branler une bite » suscite une telle opprobre (alors que « toucher une vulve » passe relativement inaperçu), ce serait parce que l’un contrarie un « jugement moral » de notre société, et l’autre moins ?

Les filles, vous pouvez toucher des vulves, mais branler des bites c’est aller un pont trop loin ?

Je ne suis pas d’accord. Et tout l’intérêt d’un webzine comme madmoiZelle, c’est de lancer des « ponts trop loin ». Pour que la relève puisse les emprunter.

À toutes celles et ceux qui nous ont envoyé des messages de soutien, des commentaires positifs, des réponses pertinentes aux critiques : merci. C’est aussi grâce à vous que ces ponts se construisent. Et c’est grâce à vous qu’on avance, en tant que société.

manifeste-branleuses-sexualite-epanouie ¯\_(ツ)_/¯

« Branler une bite au petit-déjeuner, chaud quand même ! »

Ok pardon, la team « sexe du matin » est sans doute minoritaire. Aucun souci, on vous donne désormais rendez-vous le samedi soir sur madmoiZelle, pour un nouvel article très porté sur le cul !

— Clémence Bodoc, rédactrice en chef.


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Les Commentaires

120
Avatar de Sophie L
19 avril 2022 à 23h04
Sophie L
Merci au magasine de s'efforcer de parler à toutes les femmes.
Si j'avais eu des articles de Madmoizelle sous les yeux entre mes 16 et 23 ans, je me serais affirmée plus tôt dans ma sexualité hétéro, et j'aurais été décomplexée sur beaucoup de sujets.
Par contre, il me semble que Madmoizelle, s'il aborde une large palette de sujets féministes d'actualité, accorde plus de temps et d'articles à des pratiques centrées sur le plaisir masculin que sur le plaisir féminin lorsque l'on parle de relations hétéros. Beaucoup d'articles sur la fellation, moins sur le cunni, surtout ces derniers mois. Alors, certes, on parle beaucoup de masturbation féminine, mais plutôt en solo j'ai l'impression, et bien peu de pratiques visant à démocratiser et distiller le plaisir féminin prodigué par des hommes. Et c'est un peu les enjeux de notre société actuelle : au sein des couples hétéros, il faut que la femme prenne la place qui lui est dûe, et cela passe par la sexualité et par la pédagogie envers les messieurs.
Anouk Perry le faisait, de même que Queen Camille. Mais aujourd'hui, à part ré-editer d'anciens articles sur le sexe oral à destination des femmes (oui je suis un peu obsédée de cette pratique, pas de ma faute si elle est géniale), rien de nouveau.
Alors, oui les femmes ont le droit d'aimer sucer, d'aimer branler, d'aimer le porno non-feministe et de vouloir être TDS ou Cam Girl. On a le droit d'aimer la sodomie. Mais on a aussi le droit de ne plus vouloir de tout cela et de considérer que ces pratiques et professions ont été utilisées pour humilier les femmes plus que pour les émanciper.
Les enjeux du féminisme se situent-ils là: "j'ai le droit d'aimer sucer" ? Je pense que précisément pas. Sucer, ça a longtemps été une injonction pour les femmes hétéro, quitte à les culpabiliser, quitte à les inciter à accepter des gorges profondes allant jusqu'à vomir (article récent du magasine: "j'ai vomi sur la teub de mon mec".
Savoir branler, pratiquer la sodomie, on est nombreuses à avoir eu ces injonctions avec nos mecs, nos plans cul, nos exs. Pas besoin de nous faire dire "on a le droit de faire ça !" quand on rêverait plutôt de dire "on a le droit de faire autre chose !". Je ne dis pas que ces actes ne peuvent pas être kiffants; encore faut-il qu'ils soient réalisés dans un cadre égalitaire. Notre société est-elle égalitaire ?
Au contraire, se réapproprier son corps et ses désirs et apprendre à les imposer au sein des relations hétéros ainsi que dans la culture mainstream, c'est ça l'enjeu du féminisme. C'est ça la vraie sexualité positive.
D'ailleurs, ce concept de "sex-po" me semble être une arnaque. On dirait que derrière, c'est des mecs qui tirent les ficelles et qui nous la font à l'envers. Comme s'il existait une sexualité négative, un féminisme qui veut opprimer la sexualité des femmes.
Le terme branler une bite ne me choque pas, pas plus qu'un tuto pour savoir comment faire. Ce qui me choque un peu plus, c'est qu'on me parle de branlette et de sodomie là où j'aimerais qu'on parle branlette de chatte et léchage de clito, position andromaque et plans à trois hhf (une femme qui est reine au milieu de deux hommes, ça me fait plus rêver que la combinaison inverse).
Parmi les lectrices, certaines peut-être, dont moi, aimeraient voir la domination féminine comme un trip sexuel plus visible. Je suis peut-être seule dans mon délire, mais je suis un peu sur ma faim.
Le face-sitting, le squirting, les pratiques BDSM où les femmes dominent... Ça m'intéresse et je le vois très peu ici. De même, je voudrais voir des placements de produit pour couples explicitement destinés au plaisir féminin, type huile de massage et sexe oral (c'est compatible avec les muqueuses ? Est-ce que les rédactrices qui "testent à deux" les produits pourraient donner une vision vulvo- centrée de la chose ?)...
Bref. Il ne peut y avoir de sexualité positive si le plaisir masculin ecclypse le plaisir féminin, ou si le nombre d'articles est déséquilibré.
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