2016 a été une très belle année cinéma. Elle a signé l’entrée au box-office de films vraiment somptueux, parmi lesquels Toni Erdmann, Premier contact, The Wailing, et Dernier Train pour Busan.
Quelques jours avant sa sortie, Mademoiselle était déjà sur toutes lèvres. Personne ne l’avait vue, mais tout le monde en parlait.
Qui était-elle, cette jeune femme au dos droit et à la nuque raide, qui se tenait muette devant un paravent ? Qu’allait-elle faire dans ce clair-obscur, et devant tous ces hommes ? Était-ce bien elle, Mademoiselle ?
Le mystère s’est levé doucement, au travers de presque trois heures de film. Étape par étape, Mademoiselle a d’abord dévoilé ses intentions, avant de livrer son intimité…
Boules de geisha, étreintes laiteuses et tension haletante, il est l’heure de d’entrouvrir le kimono en soie de Mademoiselle.
Mademoiselle, de quoi ça parle ?
https://www.youtube.com/watch?v=40E5pL73yvM&t=15s
Sookee est une toute jeune femme qui vient d’être engagée comme servante d’Hideko, une riche japonaise. Celle-ci vit coupée du monde, recluse dans un château majestueux, sous la coupe d’un oncle tyrannique et lubrique.
Mais Sookee n’est pas la simple servante qu’elle prétend être.
Aidée par un escroc patenté qui se fait passer pour un conte japonais, elle a d’autres plans pour Hideko…
Attention, ceci n’est que le synopsis de base.
Je ne peux pas t’en révéler plus car Mademoiselle se découpe en 3 parties, qui chacune à leur tour révèlent des morceaux du plan de Sookee. Un plan largement influencé par sa rencontre avec Hideko.
Mademoiselle n’est pas celle que vous croyez…
Mademoiselle est l’adaptation d’un roman britannique
Mademoiselle n’est pas née aux confins de la Corée, dans les années 30, comme tu pourrai le croire. Elle a pris vie en 2002 sous la plume de la britannique Sarah Waters.
Lim Seung-yong, le producteur du film, a découvert le roman Du bout des doigts (Fingersmith) grâce à sa femme, qui le lui a fait lire.
Il l’a immédiatement placé entre les mains du cinéaste Park Chan-wook, déjà connu pour avoir créé quelques merveilles dont la version originale de Old Boy (n’hésitez pas à ne JAMAIS regarder la version américaine) et Thirst, ceci est mon sang.
Le réalisateur a été immédiatement séduit par l’oeuvre, par son style nerveux et sensuel, et s’est lancé dans l’aventure qu’on connait aujourd’hui.
Mademoiselle, une actrice désirée
Kim Tae-Ri, qui campe Sookee, n’avait qu’une toute petite expérience dans puisqu’elle n’avait jamais fait de cinéma et ne s’était illustrée qu’au théâtre.
Cependant, elle a tapé dans l’oeil de Park Chan-wook qui l’a choisie parmi plus de 1500 candidates.
Une prouesse qui lui a ouvert la voie à une vraie carrière dans le cinéma, car elle n’a depuis pas cessé de tourner.
Elle a désormais plusieurs longs-métrages à son actif, comme 1987: When the Day Comes, Mr. Sunshine et Little Forest (qui sortira cette année).
Mademoiselle, un remaniement total du cadre spatio-temporel
Si le cinéaste a conservé l’intrigue principale du roman, il a toutefois changé radicalement le lieu et l’époque auxquels les événements se déroulent.
Le film se situe en effet dans les années 30 en Corée, en pleine colonisation japonaise. Quant au bouquin, il prend place à Londres en 1860.
AUCUN RAPPORT les gars. Autant dire que ça change tout ! L’époque et les cultures propres à un lieu donnent au récit un ancrage, une direction, une ambiance.
Je n’ai, pour ma part, pas lu le bouquin mais j’imagine combien il doit du coup différer du film. D’ailleurs, premier truc que je fais tout à l’heure en sortant du taf : me procurer le roman en question.
Mademoiselle devait se faire en 3D
Park Chan-wook aime faire les choses en grand. Alors quand le projet n’en était encore qu’au stade de balbutiements, son créateur imaginait le filmer en 3D, pour donner plus d’ampleur au produit final, et étoffer le point de vue de chacun des personnages.
Faute de moyens, il devra abandonner l’idée.
Toutefois, le réalisateur rebondit aussi vite que l’éclair et livre un travail superbe qui a ébloui le festival de Cannes en 2016.
Mademoiselle et moi
Alors, voilà la partie « on s’en fout » de l’article. Celle où je vais te donner mon avis.
Mademoiselle a enchanté plusieurs de mes soirées. La première fois, elle m’a surprise. La seconde, elle m’a touchée. La troisième, elle m’a émoustillée.
Je ne t’en ai pas encore parlé d’ailleurs, car je garde le meilleur pour la fin, mais Mademoiselle est hautement érotique.
Chaque jour, lors de sa sortie, je recueillais des témoignages d’amis qui tous avaient été un peu bouleversés par des scènes très suggestives, véritables appels au désir.
Un de mes potes a fait l’erreur notoire d’aller le voir avec ses parents. LA GÊNE !
Voir un film érotique entouré des gens qui t’ont donné la vie = pire chose.
Bref, tout autour de moi, les discussions battaient leur plein. La sensualité et l’ingéniosité de Mademoiselle faisaient l’unanimité dans mon cercle d’amis.
À tour de rôle nous l’avons aimé. Parfois même en même temps. Au fond d’une salle de cinéma ou au fond d’un lit. Nous sommes beaucoup désormais à l’avoir cajolé et plus si affinités.
Parce que Mademoiselle, c’est un thriller, certes, mais c’est surtout une histoire d’amour enivrante, ici pour délier nos langues et nos fantasmes…
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