Chère maman, voilà des années que j’ai quitté ta maison et qu’on ne se voit plus si souvent.
Mais où que j’aille, j’ai toujours dans la tête une petite voix qui a peur de presque tout… Et c’est un peu toi.
Ma mère qui s’inquiète parce qu’elle m’aime
Chère maman, tu ne l’admettras pas mais tout t’effraie. Ça n’a rien de pathologique, c’est juste ta manière de fonctionner, ou plutôt de te protéger.
C’est à ça que sert la peur : nous mettre en garde pour éviter les dangers.
Je sais qu’à l’origine, la peur est là pour nous aider, comme je sais que t’inquiéter pour nous est ta manière de nous aimer.
Moi aussi j’ai souvent peur, quand je dois faire des choix, essayer quelque chose de nouveau ou quitter quelque chose de familier…
Dans ces moments-là, j’aimerais que tu sois un peu plus forte que moi pour pouvoir me soutenir avec confiance, l’attitude opposée à la crainte.
Mais le changement, le risque ce n’est pas trop ton truc.
Ma mère qui tente de me transmettre ses peurs
Alors dans un élan protecteur, tu déverses parfois tes craintes sur moi
, comme l’année où je me suis écartée du droit chemin de mes études pour partir en voyage.
Terrorisée, tu étais. Tu m’as sermonnée les yeux dans les yeux, en m’expliquant à quel point je faisais le mauvais choix.
Tu n’en as pas démordu, tout au long de cette année sabbatique que je souhaitais plus que tout.
Je t’ai écoutée, mais j’ai mis tes peurs à distance. J’ai compris à cette époque qu’elles n’appartenaient qu’à toi.
Je suis allée au bout de mon projet, malgré le fait que tu ne me soutenais pas, et c’était dur, mais je ne l’ai jamais regretté.
Maman, j’ai besoin de ton soutien
Heureusement que tu nous as appris, à mes sœurs et moi, à nous méfier de ce qui pouvaient nous porter préjudice.
Mais j’aurais aimé que tu nous apprennes aussi à nous battre.
Aujourd’hui que nous sommes grandes, tu n’as plus besoin de nous protéger.
C’est de ton soutien dont nous avons besoin, quand nous décidons de quitter un travail, de chercher un appart, de nous engager dans une relation.
Nous sommes conscientes des difficultés de la vie, mais nous ne voulons pas qu’elles nous arrêtent ! Et nous avons besoin de toi pour les surmonter.
Nous aimerions que tu cherches avec nous des solutions, plutôt de nous faire la liste des problèmes que nous allons rencontrer.
Quelqu’un a dit un jour qu’il ne servait à rien d’être autre chose qu’optimiste…
Parce que si on s’arrête sur les obstacles, comment sommes-nous censées avancer ?
Maman, c’est à toi de te lancer
Je crois que j’ai été un peu dure dans cette lettre, parce qu’à chaque fois que je flanche, tu trouves les mots pour me faire relever la tête.
Chaque fois que tu vois ma confiance s’effondrer, c’est comme si tu allais puiser de la foi pour deux.
Dans ces moments-là, je sens au fond de toi ce feu, cette envie de vivre qui fait qu’on peut dépasser toutes les peurs justement.
J’aimerais que tu l’utilises dans ta vie à toi, car si tu as souvent peur pour nous, je crois que tu as encore plus souvent peur pour toi.
Je te vois coincée dans des situations qui te pèsent, et je vois aussi que tes craintes t’empêchent d’en sortir.
Ce n’est pas grave si tu continues à me faire flipper chaque fois que je te présente une nouvelle idée, j’ai appris à m’en accommoder.
Mais pour toi, j’aimerais que tu arrêtes d’avoir peur, pour te voir te lancer, oser, avec l’espoir que les choses peuvent changer.
Pour que tu voies comme tout est plus simple quand on arrête de flipper…
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