« Une fois de plus, on nous empêche de jouer. »
Les Hijabeuses n’en sont pas à leur première tentative d’intimidation, mais la décision de la préfecture de police hier marque indéniablement un tournant.
Pour s’opposer à un amendement actuellement discuté au Sénat qui vise à interdire le port du voile pendant les compétitions sportives, les Hijabeuses, équipe féminine de football qui se mobilise notamment pour le droit des femmes qui portent le voile à participer aux compétitions sportives mènent régulièrement des actions.
Pour se faire entendre, elles font ce qu’elles savent faire : jouer au foot ! Devant la FFF, ou comme récemment à proximité du Sénat :
La préfecture interdit le match des Hijabeuses
Une nouvelle action était prévue aujourd’hui, mercredi 9 février, cette fois sur l’Esplanade des Invalides. Sauf… que la préfecture de police en a décidé autrement et a interdit le rassemblement.
Quels sont ses arguments ? Le préfet de police Didier Lallement estime que le rassemblement est « de nature à troubler l’ordre public » ; chose plus grave, que l’on peut lire dans l’arrêté, c’est qu’il émet un jugement et un commentaire sur les revendications portées par les Hijabeuses.
Ainsi, les revendications des Hijabeuses font :
« l’objet d’un vif débat et d’un clivage important au sein de la société entre partisans de l’affirmation d’un islam politique, qui prône le port du voile par les femmes, et partisans des valeurs républicaines d’égalité entre les femmes et les hommes et d’émancipation contre toute forme de patriarcat, notamment religieux ».
Les Hijabeuses en défense
Le collectif a déposé un recours. Reste que cette décision de la préfecture de police envoie un signal catastrophique en mettant son grain de sel et en prenant parti de façon explicite dans son communiqué.
Il n’est pas juste question de sécurité. D’ailleurs, cette raison n’est pas invoquée quand les manifestants sont des militants d’extrême-droite ou des groupes réactionnaires opposés à l’IVG, comme c’était le cas en janvier dernier.
La préfecture de police aligne des arguments éminemment politiques et cela n’est en aucun cas son rôle.
Oui, on continue de sortir l’argument des femmes afghanes ou iraniennes comme s’il s’agissait d’un joker pour pouvoir empêcher des femmes de pratiquer en France une activité sportive en portant le voile si elles le souhaitent.
Oui, on continue de porter un regard suspicieux sur ces femmes, les faisant passer pour les agents d’une menace islamiste sur notre société.
La journaliste Sihame Assbague, ainsi que l’élue Alice Coffin et la militante Caroline De Haas ont aussitôt dénoncé la manœuvre de la préfecture de police.
L’équipe des Dégommeuses, soutien de longue date des Hijabeuses, a aussi apporté son soutien et dénoncé les « arguments dignes de l’extrême-droite » de la préfecture de police.
Que l’interdiction soit annulée ou non par le tribunal, les Hijabeuses ont fait savoir qu’elles maintiendraient leur action.
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Crédit photo : RF._.studio via Pexels
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Les Commentaires
C'est la raison pour laquelle je pose la question du dress code de la FFF : c'est à elle de définir ça.