Alors qu’on se baladait tranquillement dans les rayons de la FNAC, à la recherche des cadeaux de Noël pour la famille, ma femme vient me voir, toute enchantée de sa trouvaille : "tiens, un cadeau pour toi". La coquine me tend un bouquin, intitulé Le musée de l’homme, sous-titré Le fabuleux déclin de l’empire masculin. Sur la couv, on voit un dessin façon évolution de Darwin : un singe qui se lève, se transforme en homme, puis un homme qui pousse un landau, pour finalement se transformer en plantureuse femme.
Ayant des affinités avec l’auteur, David Abiker, chroniqueur dans l’émission Arrêts sur Image sur France 5, je souris – jaune – à ma douce en lui disant tout en grincant des dents "en voilà une bonne idée".
L’ironie dans toute cette histoire ? C’est que j’ai développé une très grande solidarité avec le personnage du livre. Normal : je vais bientôt être papa, la trentaine me guette et Le musée de l’homme est un peu une projection inéluctable de ma situation dans une toute petite dizaine d’années. Hé oui. David Abiker et lui s’évertuent à expliquer tout au long des 260 pages du bouquin pourquoi :
- Il ne sert plus à rien dans sa maisonnée, ou du moins plus à rien de primordial et vital, si on excepte le fait de sortir ses deux filles au parc le samedi matin un mouche-nez à la main (le détail a son importance)
- Il est tout à fait normal que non seulement sa femme obtienne 15% d’augmentation mais qu’en plus elle gagne désormais plus que lui
- L’homme (trentenaire) du XXIème siècle envie Charles Ingalls ou les mafieux incarnés dans la trilogie du Parrain
- Avec nos soins de la peau, l’homme de La Guerre du Feu nous regarderait d’un air bizarre
- L’un des seules façons qu’il reste pour être écouté est d’aller assister à des tables rondes de consommateurs…
… Le tout avec beaucoup d’humour, des exemples de situations concrètes et qui sentent le vécu, un soupçon de cynisme et ce qu’il faut de franc-parler.
Pourquoi je me sens proche du narrateur du musée de l’homme ? J’ai comme l’intime conviction que ma femme et celle du narrateur ont de nombreux points communs. Et Cath (c’est son p’tit nom) ayant terminé le livre avant moi, quand je l’ai moi-même fini, je lui ai demandé innocemment : "dis donc, le bouquin que tu m’as offert, t’as pas un peu l’impression d’avoir trouvé des points communs entre nos deux couples ?"…
Et tu sais quoi ? Ca l’a fait rire. Donc, désormais, quand je sens qu’une situation à laquelle je devrais normalement faire face en tant qu’homme du foyer m’échappe complètement, je brandis le bouquin. Ca n’a aucun effet, ça la fait juste sourire. Mais au moins, j’ai l’impression de m’exprimer.
:: Le musée de l’homme aux Editions Michalon
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