Ok, je te vois écarquiller de grands yeux, la bouche à demi-ouverte, les poils des bras se dressant vers le ciel. Je te te vois te demander si tu ne ferais pas mieux de retirer ton adresse postale de ton profil, de peur que je ne vienne te chercher et t’enfermer dans mes toilettes. Tu me juges, tu juges mes fréquentations, tu juges mes passe-temps, tu juges ma vie. Je le sais.
Pourtant, c’est plus fort que moi, je n’y peux rien…
À lire aussi : 5 méchants de films à qui je ferais bien des bisous
En général, la figure du froid psychopathe m’intéresse beaucoup. Cette personne intelligente, ne laissant rien au hasard, sublimant les pires horreurs et manipulant les forces de l’ordre comme des pantins me fascine. J’aimerais entrer dans sa tête et comprendre ce qui le pousse à exterminer ses voisins alors que les punching balls sont en promo chez Decathlon.
Non je n’ai jamais eu envie de me retrouver face-à-face avec un personnage de Frank Thilliez. Je ne vis pas dans l’espoir de croiser un des malades mentaux des best-sellers de Maxime Chattam. À travers les lignes de ces hommes sains d’esprits, ils m’intriguent, c’est tout.
Mais ça, c’était avant. Avant de tomber amoureuse de l’un d’entre eux.
Le décès (au sens propre, car oui, tu risques mourir sous peu).
Un jour, ma vie a pris un virage brusque. Il est arrivé comme une bourrasque me détournant d’un chemin calme et bien délimité. Il a suffi que je plonge dans son regard perçant, lisant dans mon âme comme dans un magazine en attendant le TGV, pour que je comprenne que mon être tout entier lui serait à tout jamais dévoué. Mon destin ne prenait plus la direction du combo famille de publicité Dop/golden retriever : il s’engouffrait dans les abysses de la noirceur humaine.
Je connaissais l’histoire d’Hannibal Lecter dans les grandes lignes, mais voir qu’une série lui était entièrement dédiée a rendu mon coeur fébrile. Ayant un attrait pour les cerveaux détraqués, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion lorsqu’on m’a présenté ce show « dégueulasse, produit par des cinglés qui veulent écoeurer la ménagère somnolant à vingt heures devant sa télé ».
À lire aussi : « Hannibal », une série qui surpasse nos attentes
Hannibal est un psychiatre à l’intelligence et au raffinement suprême. C’est le genre d’homme qui met une serviette autour du vin pour le servir, qui te tire la chaise tout en récitant un poème vantant la légèreté de ton assise (en alexandrins bien sûr), et surtout, qui sait marier les imprimés de sa veste en tweed et de sa cravate sans avoir jamais vu un seul épisode de Nouveau Look pour une Nouvelle Vie. Mais voilà, comme tout homme a ses défauts, lui n’est point sans failles. Là où un de mes ex avait la fâcheuse tendance d’être relâché du sphincter, Hanni, lui, ne peut s’empêcher de manger les gens qu’il invite à dîner.
N’attendons pas, veux-tu.
À mes détracteurs, je répondrai : vaut-il mieux finir dans une cassolette ou vivre un quotidien qui fouette ?
Hannibal la série, en plus d’être admirable en tous points, réunit un casting frôlant la divine perfection. Pour incarner un méchant si pointu, il fallait un homme sophistiqué, un acteur à la classe naturelle, dégageant une force étrange. Quelqu’un que les gens puissent haïr avec la même énergie qu’ils déploient pour repousser les pensées lubriques qu’il leur inspire.
Ils l’ont trouvé.
Mads Mikkelsen n’est pas mon style d’homme. Je sais que je t’ai déjà habituée à plus vieux, mais j’ai tout de même l’habitude de les choisir un peu plus jeunes ! Et là où Christoph Waltz a plutôt le physique sympathique et l’oeil rieur, la donne change avec mon beau Danois.
Lèvres fines et pincées, dentition aléatoire, petits yeux, menton en galoche, traits fins, droits, presque acérés ; ce sont tous ces critères, qui d’habitude me repoussent, qui m’ont cette fois transpercée. Cet homme a pris mon coeur entre ses doigts pointus, l’a serré très fort et l’a remis en place. Depuis, il saigne.
C’est étrange, ce sentiment. À chaque épisode, alors qu’Hannibal se fatigue à tenter d’éviscérer les personnages principaux de la série, une partie de moi le déteste, lui et sa bouche figée dans une duckface imperturbable. Pourtant, mon autre moi est cloué à son regard noir, à son phrasé envoûtant et à son impressionnante collection de bouquins.
Alors je me lâche.
Je l’Aime avec un grand A (et un grand couteau). J’aimerais qu’il me susurre la recette du boeuf bourguignon lentement dans l’oreille, en faisant rebondir sa langue sur ses dents. Je voudrais qu’on se noie dans la bouteille de vin la plus chère de Carrefour, qu’il enserre mon cou avec sa cravate, qu’il me plaque contre la gazinière, qu’il me claque les fesses avec une cuillère en bois.
Bref.
Je sais bien que cet amour est sans doute quelque peu instable. Je sais que je risque à tout moment de finir en salade composée, de perdre la vie à admirer sa plastique incroyable. Pourtant, je pense que je dois prendre ce risque.
En plus, si j’accumule les bons côtés :
- Je pourrais me passer des remarques télévisuelle de Philippe Etchebest.
- Je prendrais des cours d’art contemporain gratuit, en remplaçant la peinture par… autre chose. Faire du Pollock avec le sang de ses ennemis est une belle façon de se venger tout en restant classe.
- Je saurais enfin si c’est la fourchette ou le couteau qu’on met à la droite de l’assiette.
- Je pourrais proposer à Will Graham de
ramener un troisième oreillergarder ses chiens quand il part en vacances. - Et surtout, je n’aurais plus besoin de regarder Confessions Intimes pour voir un psy en action !
Chardonne disait que dans l’amour parfait, et il existe, on n’ignore pas les défauts de l’être aimé ; mais on les voit sans ressentiment. Avec tout ça, je ne m’offusquerais pas si Hannibal me croque un doigt de pied de temps en temps.
Quand il s’agit de lui, je ne suis pas du genre à en faire tout un plat.
Yolo, comme on dit.
À lire aussi : Hannibal nous offre une saison 2 encore plus savoureuse
Les Commentaires
J'ai découvert cet acteur dans le film La Chasse (que j'ai adoré !) et j'ai beaucoup aimé son jeu. Et puis, je le trouve plutôt bel homme entre nous ^^.