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Le représentant des gynécologues est anti-IVG. En France. En 2018.

Invoquant sa clause de conscience, le Président du Syndicat des Gynécologues Obstétriciens de France affirme que l’IVG est un homicide. Oui, vous êtes bien en 2018.

– Nous ne sommes pas là pour retirer des vies. – Quand vous dites retirer une vie, un enfant à naître n’est pas une vie au sens juridique. Ce n’est pas un homicide de faire une IVG. – Si, madame.

Vous vous croyez de retour en 1974, l’année où la France a débattu du droit à l’IVG et l’a légalisée ?

Détrompez-vous. Nous sommes en 2018.

Et c’est le Président du Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France (SYNGOF) qui affirme, au micro de Valentine Oberti, pour Quotidien, que l’IVG est un homicide.

Le Président du syndicat des gynécologues est anti-IVG

Retour quelques semaines en arrière : au cœur de l’été 2018, une nouvelle tombe.

L’hôpital du Bailleul, en Sarthe, ne pratique plus les IVG depuis janvier.

En cause ? Après le départ à la retraite d’un médecin, sur les quatre restants, trois invoquent leur clause de conscience, rendant impossible le maintien de cette pratique pourtant essentielle au sein d’un hôpital public.

À la rentrée, la rédaction de Quotidien se penche sur le sujet. On apprend dans ce reportage que l’hôpital du Bailleul n’est pas le seul concerné par l’impossibilité de pratiquer les IVG.

C’est aussi le cas à Fougères en Bretagne, à Montaigu en Vendée, à Olonne sur Mer où cet été le seul qui acceptait de pratiquer l’IVG était en vacances.

Mais ce qui choque le plus, ce sont donc les propos de ce gynécologue, car ce n’est pas n’importe qui.

Un président du syndicat des gynécologues anti-IVG, présage d’un retour en arrière ?

Bien sûr, la clause de conscience est ancrée dans la loi, et c’est un droit que peut invoquer tout personnel soignant. Je détaillais d’ailleurs le fonctionnement de cette mesure dans mon article sur le cas de l’hôpital du Bailleul

cet été.

On pourrait donc traiter ce cas comme un simple exemple, une illustration, mais il y a deux choses sur lesquelles j’estime qu’il faut s’arrêter.

D’abord, un mot dans cette phrase :

« Aux choses auxquelles je ne crois pas, je ne les fais plus. »

Ce terme « plus », implique un retour en arrière. Il signifie que ce gynécologue a sans doute pratiqué l’IVG dans le passé mais a changé d’avis.

C’est pour moi un possible symbole de la progression de l’idéologie anti-IVG promue par un nombre croissants de groupes – généralement religieux – qui s’organisent.

Et ensuite, ces mots sont prononcés par un médecin qui n’est pas n’importe qui : il est le président du syndicat des gynécologues obstétriciens de France. Il représente sa profession.

Et en tenant ces propos alors même qu’il est identifié comme Président du SYNGOF, il légitime cette position.

Cela laisse présager que de plus en plus de gynécologues pourraient invoquer leur clause de conscience.

Pourtant, si c’est légal, cela n’est pas souhaitable : en témoigne la situation du Sud de l’Italie où l’IVG est de plus en plus difficile d’accès à cause de cette fameuse clause de conscience.

À lire aussi : IVG, contraception : les droits sexuels et reproductifs des femmes reculent en Europe

Les gynécologues ne sont pas tous et toutes anti-IVG

Voilà pour le volet « accès aux soins et retour en arrière ».

Mais au-delà de ça, laisser le Président de son syndicat tenir de tels propos, c’est le laisser porter atteinte à l’image de toute une profession.

Dans un contexte de dénonciation généralisée des mauvais traitements subis par des patientes, les gynécologues souffrent déjà d’une « mauvaise presse ».

À tel point, que certaines jeunes femmes se détournent de ces médecins et ont peur à l’idée d’aller en consultation (ce n’est pas pour rien si nous avons lancé un sondage à ce sujet).

Pourtant, les gynécologues ne sont évidement pas uniformément de mauvais soignants. Et les soins, les conseils qu’ils prodiguent sont indispensables à la bonne santé des femmes.

Laisser le docteur Bertrand de Rochambeau s’exprimer de cette manière ne bénéficie donc ni aux praticiens qui pâtissent de cette mauvaise réputation ni aux patientes qui prennent le risque de ne pas aller consulter par peur du jugement, ou de mauvais traitements.

Il m’apparaît essentiel de faire en sorte que les représentants des gynécologues ne tiennent pas des discours qui relèvent de leurs convictions personnelles lorsqu’ils incarnent leur fonction officielle.

Mise à jour à 18h : le Conseil de l’Ordre des médecins a réagit aux propos du Dr Bertrand de Rochambeau :

À lire aussi : Tu vois des pubs anti-IVG sur Facebook ? Ce n’est pas un hasard


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Les Commentaires

77
Avatar de EmmanuelleMerteuil
14 septembre 2018 à 14h09
EmmanuelleMerteuil
Les enfants ne devraient pas être une sorte de doudous psychiques, un objet de rédemption sur lequel on peut faire un transfert. C'est tellement égoïste.

C'est le cas pour pas mal de monde (consciemment ou non). Le nombre de gens qui croient que faire un enfant va souder leur couple, ça fait peur.
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