Article publié le 4 mai 2018
Il faut que vous sachiasses que les liquides sexuels féminins restent mystérieux, car globalement tout le monde s’en fout.
La première dissection d’un clitoris entier date de 1998 et il a fallu attendre 2017 pour trouver sa représentation exacte dans un manuel scolaire.
C’est dire à quel point la sexualité de la moitié de la population passionne la recherche.
Les études autour du phénomène « femme fontaine » sont particulièrement rares. Pourquoi certaines femmes éjaculent et d’autres pas ? De quoi est composé ce liquide mystérieux émis par l’urètre ?
Sortez les parapluies, après les fluides corporels masculins et la cyprine, voici venir un déluge de plaisiiiiir !
Yallaaaah
Qui sont les femmes fontaines ?
L’expression « femme fontaine » est source de confusion et entretient nombre de fantasmes, pour ne pas dire de clichés.
Elle sous-entend qu’il y aurait celles qui parviennent à éjaculer… et les autres.
Pourtant, l’émission féminine est à la portée de toutes les vulves. Pour peu que son mécanisme soit maîtrisé.
Ce phénomène est décrit chez 10% à 30% des femmes selon les études, mais il est possible qu’il soit plus fréquent, passant inaperçu quand il est de faible intensité.
D’après Femmes fontaines et éjaculation féminine — Mythes, controverses et réalités, un des livres les plus complet sur le sujet, rien ne distingue anatomiquement les femmes capables d’éjaculer.
On ne naît pas femme fontaine, donc, on le devient. Et c’est potentiellement accessible à toutes.
Oui, même toi
L’émission fontaine ne doit pas être confondu avec l
‘éjaculation féminine qui concerne la libération d’1mL de liquide prostatique et qui est quasiment invisible sur une vulve mouillée.
Les femmes qui découvrent leur capacité à « fontainer » le font plus ou moins tard au cours de leur sexualité.
Marie a découvert complètement par hasard qu’elle pouvait libérer une grande quantité de liquide pendant les rapports :
« Il y a un peu moins de 10 ans, mon compagnon a ouvert les vannes de la femme fontaine qui est en moi.
J’avoue que les premières fois ont été extrêmement gênantes pour moi. Ça a même freiné mon plaisir. J’étais honteuse, je pensais que je devenais incontinente.
Je n’avais jamais entendu parlé de ça avant mais selon mon mec c’était un don, alors ça m’a un peu fait plaisir même si je comprenais toujours pas le délire.
On a découvert ça tout à fait par hasard. L’émission se déclenche, pour ma part, quand je suis très excitée et qu’on est dans une position qui permet une pénétration profonde et que le point G est bien stimulé.»
Cela ne s’était jamais produit avec un autre partenaire et Marie suppose que l’amour et le respect mutuels sont à l’origine de ce « déclenchement ».
Le lâcher-prise et la confiance semblent en effet des pré-requis essentiels à « l’effet fontaine ».
Pour Marie, comme pour beaucoup de femmes qui maîtrisent leur « fontainitude », l’émission n’est pas systématique (elle peut être retenue ou déclenchée), son abondance varie et elle n’est pas forcément synchrone avec l’orgasme.
Mais d’où provient ce liquide ?
D’où vient l’émission fontaine ?
Le liquide de l’émission fontaine provient de l’urètre et il est inodore, incolore. Son goût serait légèrement salé.
Une partie de ce nectar serait fabriqué par les glandes de Skène ou glandes périurétrales situées de chaque côté de l’urètre.
Ces glandes font partie d’une petite prostate de 2 à 5g que possède chaque femme. C’est un résidu de ce qui serait devenu une prostate d’homme (qui pèse plutôt 30g) si l’embryon avait viré côté mâle.
Comme la prostate masculine fabrique le liquide séminal, ces glandes génèrent aussi un liquide.
Mais cette étude de 2015 a également mis en évidence le rôle de la vessie dans l’émission fontaine.
Les femmes participantes passaient trois échographies : avant, pendant et après la stimulation sexuelle. Avant l’expérience, elles allaient uriner pour vider leur vessie.
Pendant, l’échographie montrait que la vessie se remplissait au cours de la stimulation. Après l’émission du liquide, la vessie était à nouveau vide.
Pourtant, l’émission fontaine ne semble pas correspondre totalement à de l’urine.
Ébaubi devant ce miracle de la vie
De quoi est composée l’émission fontaine ?
L’émission fontaine ne correspond pas à de la cyprine.
Les auteurs de l’étude ont conclu que deux liquides distincts peuvent être expulsés :
- Celui fabriqué par les glandes de Skène, semblable au liquide prostatique mais fabriqué en très petite quantité, et présent chez 5 des 7 femmes étudiées
- Celui venant de la vessie, composé d’urée, de créatinine et d’acide urique, et qui peut représenter jusqu’à 300mL, soit une vessie complète.
Ce dernier présente la même composition que l’urine, mais paraît moins concentré, comme dilué.
Cela peut s’expliquer par le fait que la vessie se remplit rapidement pendant un rapport, alors que les reins filtrent lentement l’urine au cours de la journée.
Quelle que soit la nature de ce liquide, les témoignages de femmes qui « fontainent » s’accordent sur un point : à part pour ce qui est de changer les draps, c’est un gros kif.
Comme le phénomène semble lié à la capacité à lâcher prise et à vivre son plaisir, elles rapportent toutes une très grande satisfaction sexuelle.
Moi ça me donne envie de développer la skill...
Voilà mon chat fou, je t’ai inondé d’infos qui te permettront, j’espère, de mieux comprendre ce phénomène.
Et sais-tu que si tu as une question sur la sexualité, tu peux me l’envoyer ? Mais oui, tu ne rêves pas !
N’hésite pas à m’écrire à queencamille[at]madmoizelle.com et je te répondrai peut-être en vidéo dans une prochaine Boîte à Q !
Et vous, vous aimeriez acquérir cette compétence ou c’est un truc qui vous fait flipper ?
À lire aussi : À la claire fontaine, m’en allant promener – Le dessin de Cy.(prine)
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Je tombe sur ce sujet (mille mercis Madmoizelle !) après quelques recherches car avec mon nouveau chéri, j'ai découvert être moi-même douée pour cette forme de plaisir... et comme c'est une nouveauté pour moi je suis curieuse et avide d'explorations... et ravie de partager avec vous !
Alors je vous livre ma petite expérience.
Tout d'abord, d'accord avec un post précédent qui regrettait qu'on parle d'éjaculation féminine à cette occasion. Surtout que pour les garçons, l'éjaculation est (toujours) une petite mort et (souvent) le chant du cygne.
Moi je parle de mon "jaillissement" ; ma source -- car c'est vrai je n'ai pas de "fontaine" hyper puissante comme on voit sur les vidéos spécialisées -- ma source donc jaillit et m'inonde de plaisirs ; et je dis bien plaisirs au pluriel car ils sont multiples et différents de l'orgasme. Et je peux jaillir plusieurs fois pendant nos ébats amoureux !
Je peux même jaillir sans avoir d'orgasme ensuite. Mais ça arrive aussi que j'en ai et heureusement. Mais après. Jamais en même temps.
J'ajoute que mon chéri est évidemment complice (voire instigateur ?) de cette nouvelle pratique -- qu'il apprécie beaucoup : jusqu'à boire mon eau brûlante et légèrement salée ! -- et qui nous ouvre d'autre champs des possibles.
Voilà ce que je voulais vous confier.
Lâchez-vous ! Si votre relation est fondée sur la confiance et le respect mutuels, alors, parlez-en entre vous et si vous êtes d'accord, pas de retenue, foncez !
Et puis si votre partenaire n'est pas trop d'accord, et ben, no souci, testez en solo ça marche aussi très bien !