Des années à parler avec des hommes qui la méprisent, la voient comme un vagin sur pattes, ridiculisent ses propos, la prennent de haut.
C’est ce qu’a vécu Angela Washko, artiste féministe qui a décidé de s’immerger dans des communautés masculinistes.
Une féministe sur World of Warcraft
Le Monde relaie le périple d’Angela dans des communautés en lignes d’hommes misogynes.
Tout a commencé sur World of Warcraft (WoW), incontournable jeu en ligne. Angela Washko y joue depuis 2006, et a très vite remarqué que son genre n’était pas anodin.
Être une femme sur un jeu massivement multijoueurs, c’est trop souvent un aller simple pour les insultes sexistes, la condescendance et le harcèlement.
« Jouer une femme », une œuvre d’Angela Washko inspirée de ses expériences sur WoW
Angela Washko a passé des années sur WoW à essayer de comprendre pourquoi les propos des joueurs y étaient si ouvertement misogynes, mais aussi racistes, homophobes, etc.
En parallèle, l’artiste a plongé dans d’autres communautés virtuelles peu tendres avec les femmes.
Une féministe chez les pick-up artists
Angela Washko est partie en immersion chez les pick-up artists, ces « experts en séduction » très actifs sur Internet.
madmoiZelle vous en a déjà parlé : QueenCamille a recensé les pires conseils de drague de YouTube et vous a appris à reconnaître les techniques de manipulation foireuses des pick-up artists.
Plus tôt, Clémence Bodoc avait relayé la polémique autour du comportement de Julien Blanc, très célèbre « expert en séduction » suisse basé à Los Angeles.
Julien Blanc… qui se retrouve dans la dernière œuvre d’Angela Washko : un jeu vidéo, The Game. Le même titre que la « Bible » des pick-up artists.
Angela Washko a étudié les enseignements des pick-up artists pour sensibiliser le plus grand nombre via The Game.
Le jeu vous met dans la peau d’une personne encerclée par plusieurs « experts en séduction » appliquant diverses techniques visant à déstabiliser, isoler et contraindre leurs « proies ».
Car dans le monde des pick-up artists, « non » n’est pas un mot. C’est un simple ralentissement à contourner.
Échapper à leurs sollicitations s’avèrera compliqué…
The Game a eu les honneurs du Museum of the Moving Image de New York, mais n’est pas encore disponible pour le grand public. Angela Washko espère qu’il le sera bientôt.
Une féministe chez les masculinistes
La frontière entre pick-up artists et masculinistes est poreuse, c’est le moins qu’on puisse dire.
Pour rappel, les masculinistes sont des types qui prétendent lutter contre les inégalités touchant les hommes, mais passent trop souvent le plus clair de leur temps à cracher sur les femmes, notamment les féministes.
Angela Washko s’est rapprochée de plusieurs figures du masculinisme anglo-saxon, notamment Roosh V. Je ne pourrai pas décrire ce mec mieux que ne le fait Pauline Croquet dans Le Monde :
« héraut de la manosphère qui passe son temps à voyager à travers le monde pour enseigner aux hommes comment outrepasser les barrières linguistiques et culturelles pour coucher avec des femmes »
Tout un programme.
Après de longs pourparlers, Angela Washko a décroché 2h d’interview avec Roosh V, qui sont disponibles dans leur intégralité ici :
La retranscription écrite (en anglais)
Suis-je surprise d’apprendre que
Roosh V et ses fans ont ensuite harcelé Angela en ligne, l’ont menacée (de mort, de viol…), se sont immiscés dans sa vie personnelle ?
Non.
Les hommes qui haïssent les femmes se sentent encore plus libres derrière leur clavier. (Pensée pour Marion Seclin, Nadia Daam, Marie Laguerre…)
C’est en partie pour ça qu’Angela Washko a pensé The Game comme un jeu vidéo, qui ne la met plus au centre de l’expérience, et donc moins en avant.
Moi qui passe beaucoup de temps à lire des masculinistes, des pick-up artists, des incels sur Internet, je ne peux que saluer le courage et le dévouement d’Angela Washko.
Je ne suis pas sûre que j’aurais eu sa patience. Mais de ses épreuves naissent des œuvres, et j’espère que The Game sera bientôt disponible pour sensibiliser le plus grand nombre !
En attendant, tu peux lire le portrait plus complet de l’artiste sur Le Monde.
À lire aussi : Un séjour parmi les incels, ces hommes célibataires et désespérés
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Le mec a PAS d'arguments, en fait, mais ça lui pose clairement aucun problème, ce qui déclenche chez moi toujours les deux mêmes réactions :
1°/ Chapeau d'avoir réussi à causer deux heures avec un individu aussi borné (à mon avis, tu causes à un mur t'as une interaction plus intéressante...)
et
2°/ OK mais est-ce que c'est une bonne idée de continuer à échanger avec ces personnages, leur consacrer du temps, de l'énergie, etc...??