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À quoi ressemble l’éducation sexuelle idéale (selon vous)

Queen Camille vous a demandé d’imaginer comment les adultes pourraient parler de sexualité aux jeunes, dans un monde où les tabous n’auraient plus cours. Voici vos meilleures propositions.

Ouvrir ma boîte mail me donne toujours une petite suée.

J’y trouve chaque jour vos questions sur la sexualité, auxquelles je réponds avec un plaisir non dissimulé, notamment dans la Boîte à Q sur YouTube ou le podcast Coucou le Q.

Si je transpire un peu de la nuque à leur lecture, c’est que j’y découvre bien souvent des lacunes aberrantes, dont les conséquences vont de la honte à la violence…

La faute à une éducation sexuelle partielle, réticente, marquée par les tabous et les préjugés.

À quoi ressemblerait l’éducation sexuelle idéale ?

En France, les lois autour de l’éducation sexuelle de 2001 ne sont pas toujours vraiment appliquées dans les écoles.

Alors que trois séances annuelles devraient y être dédiées dès la maternelle, l’enseignement reste largement incomplet.

Par exemple, Morgane, 23 ans, se souvient de son désarroi face aux questionnements qui l’assaillaient adolescente :

J’ai eu une seule fois un cours d’éducation sexuelle au collège, en 5ème je crois : on m’a montré comment mettre un préservatif.

On m’a également parlé du consentement dans les grandes lignes mais c’est tout !

Rien au sujet des questions qui me taraudaient : le plaisir féminin dans tout ça ? Et est-ce que je peux coucher avec une fille ?

D’autres questions sont venues s’ajouter encore et encore jusqu’à mes 18 ans : ma sexualité est-elle normale ? Comment dire non ? Pourquoi parfois j’ai envie et parfois non ?

Il y a quelques mois, je vous ai demandé de me raconter à quoi ressemblerait votre éducation sexuelle idéale.

Celle qui vous aurait permis de vivre une sexualité épanouie, sereine et safe, celle qui lutterait contre les stéréotypes de genre, les discriminations et les violences sexistes et sexuelles.

Voici un florilège de vos propositions !

À quel âge commencer l’éducation sexuelle ?

Dans une société où le sexe est considéré comme « sale », beaucoup estiment qu’il faut en protéger les enfants, au risque de les « pervertir ». 

Les plus jeunes peuvent pourtant être concernés par les questions de sexualité très tôt, parce qu’ils pratiquent la masturbation par exemple, mais aussi parce qu’il existe des agressions sexuelles entre enfants

Quand faudrait-il commencer à en discuter ?

Pour beaucoup d’entre vous, l’éducation sexuelle devrait commencer dès le plus jeune âge, tel que le prévoit la loi, comme le détaille Lucie :

« Cela devrait commencer dès la maternelle avec l’apprentissage de la relation à l’autre, aux émotions, à l’expression de celles-ci, à ce qu’est mon corps et celui de l’autre, ce que l’on peut faire ou non. »

https://www.youtube.com/watch?v=P4RNP0j2EJY

À ce stade, pour Chloé, il s’agit surtout de poser les bases et d’ouvrir la conversation :

« J’aurais aimé que la totalité de ce qui concernait de près ou de loin mon entrejambe soit couvert, juste pour me faire comprendre que ce n’est pas sale.

Parler des pertes blanches, des premières érections, des règles… Bref, faire comprendre implicitement qu’en parler ou poser des questions n’est pas problématique ou gênant.»

Sans imposer aux enfants des questions qui ne les effleurent pas encore, il serait possible de leur donner quelques clés à l’école… et au sein de la famille ?

Qui doit se charger de l’éducation sexuelle ?

La sexualité reste un sujet intime qu’il peut être difficile d’aborder en tant que père ou mère.

D’autant que toutes les familles ne sont pas également ouvertes sur le sujet, et que l’éducation sexuelle des parents a bien souvent été lacunaire.

En tant qu’ado, il n’est pas évident non plus de faire part de ses questionnements à ses géniteurs, comme le souligne Manon, 17 ans :

« Si un enfant pose une question à ses parents à propos de la sexualité, je trouve qu’il est important de lui répondre honnêtement et calmement.

Cependant, beaucoup d’adolescents ne se tourneraient pas vers leurs parents pour parler de ce sujet, et nos parents sont souvent peu informés eux-mêmes.

Par exemple, je n’ai pas encore convaincu ma mère que toute femme est « clitoridienne »… C’est pour cela qu’il est nécessaire que l’école se charge aussi de l’éducation sexuelle. »

À lire aussi : Fais ton éducation sexuelle OKLM sur ce site fiable et complet

Passer par l’école sonne comme une évidence démocratique pour Léa :

« Pour moi, c’est à l’Éducation Nationale de se charger de l’éducation sexuelle, et aux autres de compléter. Simplement parce que c’est la seule façon d’assurer une base commune correcte. »

Tous les témoignages que j’ai reçus préconisent l’interventions dans les écoles de professionnelles de santé et autres intervenants extérieurs qualifiés, les plus proches possible des élèves, précise Lucy :

« J’aurais aimé que ce ne soit pas une dame de 60 ans avec de toutes petites lunettes au bout du nez qui vienne me parler de sexe…

Je pense que c’est important de ressentir une proximité avec la personne qui nous fait l’éducation sexuelle : on se sent tellement plus à l’aise et on la prend beaucoup plus au sérieux. »

Pour Sophie, il est important que toute l’institution scolaire soit apte à aborder le sujet :

« Quand je pense à l’école, je pense à tout le personnel : les profs, les CPE, les psys, les infirmières, les surveillants… Tout ce petit monde devrait être formé à répondre aux questions des élèves. »

Des questions qui peuvent toucher bien des sujets…

Quels sujets aborder en éducation sexuelle ?

Tous vos mails ont aussi été l’occasion de vous remémorer l’éducation sexuelle à laquelle vous aviez eu droit à l’école.

Pour la majorité, ce sont les enseignements autour de la contraception et des IST qui ont marqué les mémoires, souvent de manière flippante, comme le raconte Fanny :

« J’ai l’impression que dans ma scolarité on m’a juste dit : le sexe c’est MAL ! Ça peut donner des maladies, plein de maladies, ou des enfants ! ».

Lucy regrette aussi un discours trop alarmiste :

« Je sortais des cours d’éducation sexuelle avec l’envie de tout sauf de faire du sexe. Ça me faisait flipper vu que je pensais que ça n’engendrait que des problèmes.

On ne m’a jamais dit, mais alors JA-MAIS : le sexe, c’est aussi et surtout pour (se) faire plaisir… »

Avec la notion de plaisir, qui aurait pour vertu de rappeler que le sexe n’est pas censé faire mal (sauf quand c’est voulu par les deux personnes), celle du consentement revient régulièrement dans la liste des sujets à aborder impérativement.

Lucy confirme cette nécessité, qui implique notamment de donner une plus grande place au plaisir féminin :

« J’aurais aimé qu’on me dise clairement que j’avais le droit de dire non à mon mec s’il me demandait de faire l’amour alors que je n’en avais pas envie.

Ça aurait évité ces nombreuses fois où j’ai simulé ou encore ces moments de pénétration douloureuse car je n’y prenais aucun plaisir. »

Pour Gwénaëlle, cela passerait aussi par la déconstruction des clichés autour des viols et des agressions sexuelles :

« Il serait nécessaire de dire que les hommes aussi peuvent être violés. Qu’un viol ce n’est pas nécessairement commis avec de la violence. Qu’un agresseur n’est pas forcément un homme.

Que « non » veut dire « non » et qu’il ne faut pas insister ou faire de chantage. »

Lucy rêve aussi d’une éducation sexuelle dans laquelle chacun et chacune se sent représentée :

« J’aurais aimé que l’éducation sexuelle soit plus inclusive de toutes les orientations sexuelles possibles et de toutes les pratiques sexuelles qui existent.

Je n’ai jamais entendu parler de sodomie ou de cunnilingus pendant les cours (alors que la fellation oui, tiens, tiens…) »

Une représentation correcte du clitoris dans les manuels pourrait être sympa aussi…

À lire aussi : J’ai voulu enseigner l’éducation sexuelle en SVT, ça tourne mal

Rendre l’éducation sexuelle ludique

Souvent dispensée comme un cours classique, l’éducation sexuelle gagnerait aussi à devenir plus ludique, comme l’encourage Léa :

« Il faudrait impliquer les élèves plutôt que de faire de grands exposés magistraux dont le contenu pourrait être transmis en ligne.

L’année où j’ai le plus appris est celle où nous avons eu un exposé à réaliser en petit groupe.

J’ai mieux retenu les informations, j’ai été forcée d’aller les chercher sur des sources fiables.

Et nous avons tous constaté que le ciel ne s’abat pas sur nous quand on dit « capote », « pénis » ou quand on demande la pilule du lendemain ! »

Morgane imagine des réunions à l’extérieur de l’école, dans lesquelles chacun et chacune pourrait exprimer ses questions et ses craintes :

« Le problème quand on est jeune, c’est le regard des autres.

Poser une question en plein milieu d’un cours d’éducation sexuelle est passible de moqueries, surtout quand on est fille (« Alors comme ça on s’y intéresse coquine ? »)…

Donc des réunions anonymes hors de l’école pourraient être proposées. Avoir un regard extérieur bienveillant, une oreille attentive, sans jugement : c’est ce qui manque à mon sens. »

Manon, qui vient de découvrir qu’elle possède un clitoris à 17 ans, aimerait aussi voir ces sujets abordés de manière divertissante :

« J’aurais tellement aimé assister à de vrais cours d’éducation sexuelle, hebdomadaires, ludiques et intelligents.

Ils pourraient être proposés par des personnes compétentes, qui au lieu de parler pendant une heure à une classe qui n’en à rien à faire, animeraient des ateliers autour de la sexualité. »

Une éducation sexuelle idéale, et après ?

Parce qu’avec l’expérience viennent de nouvelles questions, Chloé propose de poursuivre les échanges au-delà de l’instruction des bases :

« Une petite piqûre de rappel régulière ne serait pas un luxe.

Des réunions pour parler sexualité, avec ses amis et amies et un encadrant, me paraissent être une solution sympa pour discuter sans tabou, partager les expériences, les points de vues, ou juste se taire pour écouter les autres.

Tout ça régulièrement pour mûrir et avancer dans une sexualité sans trop de complexes. »

Je ne sais pas vous, mais moi ça m’a fait du bien de rêver de tout ça grâce à vos messages…

En attendant qu’une éducation sexuelle digne de ce nom débarque dans les classes, vous pouvez toujours faire tourner ma chaîne YouTube et le podcast Coucou le Q à la terre entière.

Ce brainsto collectif aura au moins eu le mérite de rappeler à quel point il est crucial d’être bien informé sur la sexualité, ainsi que Lucile le conclut :

« Je suis persuadée que l’éducation sexuelle doit faire partie de l’éducation à la citoyenneté. Cela participe au bien-être de chacun. »

Et toi, tu me racontes en commentaires comment tu vois ton éducation sexuelle idéale ? 

À lire aussi : À ceux et celles qui pensent que l’éducation sexuelle n’a pas sa place à l’école…


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Les Commentaires

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Avatar de jorda
30 juin 2019 à 09h06
jorda
(prof de français aussi mais pour étrangers ^^)
j'ai été amenée à en parler avec mes élèves aussi sans que ça soit prévu officiellement, et j'ai abordé :

- tous les moyens de contraception et l'avortement {y compris la désinformation par exemple sur le net}.
- les questions autour du consentement, et également la question de la communication qui me semble centrale quand on aborde la sexualité - quelles questions se poser ensemble afin que tout se passe au mieux car il me semble très important de communiquer avec son / sa partenaire, afin de savoir quel est l’opinion de l’autre sur des points très importants de la sexualité et du couple. La communication évite les surprises, et c'est bien le manque de communication qui est à l'origine de beaucoup de problèmes, donc autant l'aborder.
Comme je l'ai écrit dans un petit guide que j'avais fait à leur intention,
"Une des erreurs quand on est en couple est de considérer que certaines choses ne sont pas importantes, ou bien « vont de soi » = sont normales, et qu’il n’y a pas besoin d’en discuter.
Or, RIEN ne va de soi. Personne ne peut deviner la pensée d’une autre personne (même en étant amoureux.se), et pour être absolument certain.e de l'opinion de l’autre, il vaut mieux parler de ces choses-là, même si elles semblent « naturelles » ou « basiques », car elles sont trop importantes pour qu’on n’en parle pas."


- Également parler de la confiance qui malgré sa grande importance, peut parfois peut être utilisée d'une manière un peu dangereuse pour essayer de faire faire à l'autre des choses qu'elle/il n'a pas envie de faire, genre "si tu m'aimes tu dois faire ça" => non, avoir confiance ne signifie pas être aveugle ou nier ses besoins, il faut donc apprendre à respecter ses limites et les limites de l'autre; la confiance se gagne, elle ne s'exige pas, même en étant en couple, et pour ça, rien de tel que la communication, et écouter l'une l'autre.

- J'avais également abordé la question du sexe et genre (en faisant également un petit détour par les personnes intersexe) ainsi que des différentes sexualités possibles (notamment en utilisant l'image de "la licorne du genre".

Tout ça avec une bonne sitographie + quelques livres (dont l'incontournable Martin Winckler...)...
Quoi qu'il en soit, il faut qu'ils en parlent et qu'ils trouvent les réponses à leurs questions et qu'ils sachent trier le vrai du faux dans les mythes qu'ils pourraient rencontrer (en confrontant plusieurs sources, en faisant attention à l'origine des sources, etc...).

@Naty-chan ça marche plus ou moins bien avec certaines classes. Certains groupes seront plus réceptifs que d'autres. Mais je pense qu'il ne faut pas se décourager pour autant, dans tous les groupes, il y a sûrement au moins deux trois élèves qui auront écouté. Ca sera toujours ça de gagné.
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