Le ministère de l’Éducation Nationale vient de publier une circulaire pour limiter les dissections animales que la plupart d’entre nous ont déjà pratiquées en classe. Et en dépit de cette clarification, les questions risquent d’être nombreuses.
Selon le communiqué, désormais les dissections ne pourront être réalisées que
- sur des invertébrés, à l’exception des céphalopodes
- sur des vertébrés ou des produits issus de vertébrés faisant l’objet d’une commercialisation destinée à l’alimentation
Quels animaux va-t-on disséquer ?
Donc en gros, tout ce qui est mollusques, insectes, crustacés c’est ok. Les grenouilles non. Les souris non. Les cochons non. SAUF si ils ou elles sont à l’origine destiné•es à être mangé•es… Donc potentiellement, un poulet, un cœur de cochon, des poumons de mouton pourraient toujours être utilisés.
Au premier abord, on imagine donc que les souris et grenouilles, n’étant pas destinées à l’alimentation, ne seront plus disséquées. Car comme le précise le communiqué, le but était avant tout de mettre fin à la dissection « d’animaux morts élevés à seule fin d’expériences scientifiques ».
À moins que l’on considère que les animaux élevés pour nourrir d’autres animaux, telles que les souris que l’on donne aux serpents en captivité par exemple, soient destinés à l’alimentation ? Cette question est pour le moment en suspens.
Vraies ou fausses différences entre les espèces ?
Ces nouvelles règles ouvrent également le débat sur les espèces qu’il est acceptable de disséquer ou non
, par conséquent sur les droits des animaux et sur leur souffrance.
Le communiqué sous-entend en effet que les animaux invertébrés sont moins sensibles à la douleur que les vertébrés. Or, des études montrent que beaucoup d’entre eux ont des capacités à ressentir de la souffrance — les crevettes par exemple réagissent à la douleur.
Mais des experts continuent de distinguer différentes catégories, comme Georges Chapouthier cité par Le Monde :
« En ce qui concerne leurs droits, je classerais les animaux en trois grands groupes : d’une part les vertébrés à sang chaud (mammifères et oiseaux) et sans doute les céphalopodes (NDLR : les pieuvres, calamars et autres seiches); d’autre part les vertébrés à sang froid (reptiles, batraciens et poissons) et peut-être quelques invertébrés « intelligents » tels que les crustacés décapodes ; et enfin tous les autres »
De l’intérêt pédagogique des dissections
Quant à l’apport pédagogique des dissections, le site de Najat Vallaud-Belkacem évoque le développement d’alternatives à ces pratiques. Par exemple, des modèles anatomiques, supports vidéo ou autre logiciels de simulation.
Le ministère indique aussi que les professeurs pourront se tourner vers leurs inspecteurs pédagogiques régionaux pour discuter des alternatives à privilégier.
De plus, certaines formations post-baccalauréat bénéficient de dérogations, au regard de ce qu’elles enseignent. Ainsi, les prépas biologie, chimie, physique et sciences de la terre ainsi que technologie et biologie ne sont pas concernées par ces restrictions, car elles préparent entre autre au concours des écoles vétérinaires.
Ce sont donc des restrictions qui visent notamment à pallier le flou qu’une précédente circulaire de 2013 avait laissé planer sur le sujet… Même si certaines questions restent en suspens. Et toi, que penses-tu des dissections en cours de SVT ? Penses-tu qu’elles vont disparaître à terme ?
Pour aller plus loin :
- Le Bulletin Officiel du Ministère de l’Education nationale
- L’article du site de Najat Vallaud-Belkacem
- Les animaux : êtres sensibles, sujets de droit sur Le Monde
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