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Relic plonge trois générations de femmes au cœur de l’horreur

Relic est la première réalisation de Natalie Erika James. Un film d’horreur très « auteur », soigné et efficace, qui fait frémir tant par ses images que pour ce qu’elle prédit de nos vieux jours…

En partenariat avec Star Invest Films France (notre Manifeste)

Si les femmes sont globalement sous-représentées dans l’industrie du cinéma, l’horreur les a, de son côté, toujours mises en avant.

Toutefois, les héroïnes de films de genre répondaient régulièrement, pour ne pas dire tout le temps, à des archétypes précis, enclavant les femmes tantôt dans des rôles de victimes, comme celui de la « scream queen », tantôt dans des rôles de « final girl », celle qui mérite de survivre car elle est vertueuse.

Longtemps enfermées dans la dichotomie de « la vierge ou la putain », un paquet d’héroïnes ont été oubliées sitôt après avoir été racontées.

Mais celles qu’on n’oubliera pas de sitôt, ce sont certainement les femmes de Relic. Une fiction réalisée par une femme et incarnée par des femmes, qui fait la part belle aux héroïnes à la psyché complexe et fiévreuse…

Relic, de quoi ça parle ?

Le jour où Edna disparaît, sa fille et sa petite-fille mettent tout en œuvre pour la retrouver.  Elles inspectent de fond en comble la demeure de la vieille dame, scrutent le moindre mouvement dans la forêt, lancent des recherches.

Lorsqu’Edna réapparaît comme si de rien n’était dans la cuisine un matin, elle semble tout ce qu’il y a de plus normale. Mais son calme apparent cache bien des tempêtes invisibles.

Il ne lui faut en effet pas longtemps pour montrer un comportement à la limite de la sénilité. Elle avale des photos, hurle à la mort, s’effondre en larmes, parle d’une présence qui hanterait la maison ; même sa peau porte les stigmates inconnues d’une maladie insidieuse.

Alors que sa fille s’interroge sur les causes de la descente aux Enfers d’Edna, la maison devient le théâtre d’évènements terrorisants. Un théâtre qui referme lentement le rideau sur ses actrices…

Relic, les femmes aux manettes

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Cette fiction délicate signe la première réalisation de Natalie Erika James, à laquelle on prédit déjà un bel avenir dans le petit milieu du cinéma d’horreur d’auteur.

Pour cette première création destinée au grand écran, la toute jeune cinéaste ne s’entoure que de femmes, parmi lesquelles l’actrice Emily Mortimer — à la filmographie bien dense, qu’on a notamment vue dans Shutter Island et autres Mary — ainsi que Robyn Nevin, aperçue dans Gods of Egypt et Bella Heathcode, impressionnante dans The Neon Demon

.

Des femmes devant ET derrière la caméra, ça n’arrive pas tous les jours dans le cinéma de genre qui compte essentiellement des hommes à la réalisation. À l’exception de quelques désormais grands noms comme Claire Denis ou Julia Ducournau, seuls les individus mâles peuplent les classements des « meilleurs films d’horreur de tous les temps » comme ceux de SensCritique ou de Vodkaster.

Il est temps que de nouveaux noms aient droit à ces honneurs.

Relic, un film sensible et intime

Relic, présentée au festival de Sundance, est loin de n’être qu’une énième histoire de maison hantée.

Si l’intrigue se déroule quasiment en huis-clos dans la demeure d’Edna, elle ne se contente pas d’y présenter un énième fantôme perfide. Non. Il y a quelque chose de plus insidieux et de plus profond dans le film de Natalie Erika James qu’un démon à la sauce Conjuring, car ce qui gangrène cette famille, c’est la famille elle-même.

À la manière il y a deux ans d’Hérédité, le premier (et très brillant) film d’Ari Aster, la généalogie est le foyer même de l’infection, et cache sinon la folie, au moins de grandes vérités existentielles.

Car Relic est surtout une réflexion sur la maladie, le deuil et la filiation.

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En distordant les proportions mêmes de la maison d’Edna, Natalie Erika James parvient à mettre le bazar le plus total dans nos cerveaux. Impossible alors de discerner le vrai du faux, l’endroit de l’envers. Dans nos têtes règne le même chaos qu’à l’écran, quand vient la seconde partie du long-métrage.

Rien d’étonnant, car cette fiction pourrait en réalité ne représenter que l’intérieur du crâne d’Edna, dont on se doute qu’il est rongé par la maladie.

D’ailleurs, la réalisatrice nippo-australienne s’est inspirée de sa grand-mère pour construire ce personnage. Et on vous le donne dans le mille : sa grand-mère souffrait de la maladie d’Alzheimer…

Relic est donc intime jusque dans ses fondations, ce qui confère au projet une dimension humaine qui fait toute la différence avec la palanquée de films d’horreur banals auxquels on a le droit chaque semaine.

Impossible de ne ressentir aucune empathie pour les héroïnes brisées de ce film infiniment délicat, qu’on vous invite à découvrir le 7 octobre prochain en salles.

À lire aussi : Ratched, une série finalement plus féministe qu’horrifique


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