– Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat commercial avec la Quinzaine du Commerce Équitable. Conformément à notre manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
Article initialement publié le 13 mai 2014
Le mouvement Carrotmob est né à San Francisco, aux États-Unis. C’est l’histoire d’un jeune Américain, qui va dans le magasin de bricolage de son quartier, et remarque que son éclairage est vétuste et polluant. Il va voir le commerçant, et lui propose de changer son système d’éclairage pour une solution plus écologique, en échange de quoi le jeune se propose de faire de la pub autour de lui pour ce magasin. En gros : « change ta pratique et je t’amène du monde ».
Voilà l’essence du Carrotmob : une initiative citoyenne et un marché gagnant/gagnant avec le commerçant.
Carrotmob est arrivé en France fin 2012, porté par Florian Guillaume, l’actuel président de l’association Carrotmob France, qui a notamment pour objet de vérifier que les opérations organisées par le biais d’un Carrotmob respectent les valeurs et remplissent bien leur mission. Grâce à son site internet et aux réseaux sociaux, l’association se charge de mettre en relation les personnes qui font et participent aux Carrotmobs.
« Acheter, c’est voter »*
Le principe du Carrotmob repose sur le même mécanisme que le vote : chaque voix compte, même s’il faut bien admettre qu’une voix seule est rarement décisive. L’acte d’achat est un vote économique, au sens où mes achats quotidiens n’ont aucune influence sur l’offre globale, mais un groupe de consommateurs décidant d’acheter ensemble (une demande locale) peuvent convaincre un commerçant (une offre locale) de changer ses pratiques, et faire la différence.
L’association Fair(e) un monde équitable organise des Carrotmobs pour promouvoir les produits du commerce équitable dans les supermarchés. J’ai rencontré Estelle, membre de la coordination nationale de cette association :
« Les citoyens doivent comprendre qu’ils ont la clé pour provoquer le changement. Avec un Carrotmob, vous faites exactement ce que vous feriez un autre jour : vous faites vos courses. Sauf que vous les faites dans un lieu précis, un jour précis. Et ce geste, combiné à celui des autres Carrotmobeurs, contribue au changement.
N’importe qui peut le faire ! C’est une mobilisation de réseau, et n’importe qui en est capable !
L’idée de fond, c’est que le citoyen se prenne en charge : il est capable de changer les choses lui-même, dans ses magasins ! On n’est pas obligés de subir. »
Ces démarches d’initiative citoyenne permettent de promouvoir un commerce écologiquement responsable et socialement équitable : on est loin des discours culpabilisants, moralisateurs, et des recours aux menaces de sanction. Il ne s’agit pas d’agiter le bâton de la contrainte devant les commerçants, mais au contraire, de leur montrer ce qu’ils ont à gagner à changer volontairement leurs pratiques, poursuit Estelle :
« C’est intéressant pour les commerçants : ils se sentent portés par les citoyens. Ils ne se sentent pas contraints d’agir pour promouvoir le commerce équitable et l’écologie, ils le font parce qu’il y a une demande en face. »
Informer, communiquer, consommer !
Concrètement, une opération Carrotmob côté citoyen comporte trois étapes.
L’accès à l’information constitue la base de tout action : Fair(e) un monde équitable oeuvre notamment à sensibiliser aux conséquences du mode de consommation actuel et aux moyens dont on dispose pour changer, pour aller vers une consommation juste et durable. Estelle explique :
« On développe des actions ludiques et positives pour promouvoir le commerce équitable et la consommation responsable. Et ça commence par l’information ! »
C’est ensuite au citoyen de se choisir une cible d’action. Le supermarché de votre quartier ne recycle pas ses déchets ? Il n’y a qu’un petit étal dédié au commerce équitable, les produits sont trop chers, ils ne sont pas mis en avant ? Vous pouvez solliciter Fair(e) un monde équitable si votre action porte sur la promotion du commerce équitable, ou directement Carrotmob pour une action portant davantage sur les thématiques écologiques (recyclage, consommation et économies d’énergie).
L’association proposera un cahier des charges au commerçant. Certains peuvent être réticents de prime abord, mais il suffit parfois de dire qu’on va proposer le deal au concurrent et l’intérêt croît rapidement !
Par exemple, un gérant de supermarché dans le 12ème arrondissement s’était engagé à reverser l’intégralité des bénéfices réalisés le jour du Carrotmob pour faire baisser le prix des produits du commerce équitable pendant six mois.
Plus la fréquentation est importante le jour de la mobilisation, plus le Carrotmob est réussi. Concrètement, les participants font exactement ce qu’ils font d’habitude : consommer. Sauf que ce jour-ci, ce geste participe à un effet de foule (d’où le « mob » de Carrotmob) !
Globalement, l’ambiance est plutôt joviale et sympathique !
La troisième étape est le suivi des engagements pris par le commerçant : c’est l’association qui se charge de vérifier qu’ils ont bien été tenus. Mais comme il s’agit souvent de soutenir des acteurs locaux, et que le Carrotmob permet de rencontrer le gérant/le commerçant, chacun peut suivre les changements opérés sur le long terme !
Comment se lancer ?
Sur le site Carrotmob France, vous trouverez toutes les informations sur le type d’opérations portées par l’association. Pour la promotion du commerce équitable, n’hésitez pas à solliciter Fair(e) un monde équitable qui s’est déjà saisi de cette problématique (vous pouvez voter pour toucher vos commerces de proximité sur leur site).
Si vous ne vous sentez pas de lancer une initiative, vous pouvez participer à un Carrotmob, consommer utile et rencontrer d’autres sympathiques Carrotmobeurs ! Rendez-vous sur le site, la page Facebook, le groupe community et le compte Twitter de Carrotmob France pour être informé•e des prochaines opérations !
Alors, es-tu tentée par une opération Carrotmob ? Pourquoi ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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