Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects féministes. Dans notre nouvelle rubrique Règlement de comptes, des femmes viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière en couple et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Camille qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Camille
- Âge : 30 ans
- Métier : Architecte salariée
- Revenu mensuel : 5.037€ net par mois, en comptant les allocations
- Famille : Son conjoint, avec qui elle est pacsée, leur fille de sept mois, un chat et un chien
- Lieu de vie : Une maison de ville dans une ville de province (40.000 habitants)
Revenus de Camille et de son conjoint
Camille et son conjoint sont ensemble depuis 10 ans, et se sont pacsés il y a quatre ans.
Ils se sont rencontrés pendant leurs études d’architecture, ont les mêmes diplômes et occupent des postes assez similaires. Leurs deux salaires sont donc très proches : Camille, qui s’estime assez bien payée pour un début de carrière, touche 2.125€ net par mois, après impôt. Cette somme comprend ses salaires et ses primes en tant qu’architecte salariée en CDI. Son conjoint occupe un poste équivalent et il est payé 2.000€ en CDI lui aussi.
À cela s’ajoutent des allocations liées à leur fille de sept mois. En effet, pour les aider à financer leurs 40h de garde en micro-crèche par semaine, la CAF leur verse une prestation CMG à hauteur de 741€ par mois, ainsi qu’une allocation jeune enfant de 171€ par mois.
En tout, la famille vit donc avec un revenu de 5.037€ par mois.
L’organisation financière du couple
Avec des salaires et des dépenses très similaires, Camille et son conjoint partagent tout à parts égales. Propriétaires depuis quatre ans, ils remboursent chacun la même part du crédit et font moitié-moitié sur toutes leurs dépenses essentielles.
Jusqu’à peu, Camille gagnait 300€ de plus par mois que son conjoint et prenait donc en charge une plus grande partie des « extras ». Depuis que leurs salaires se sont rapprochés, ils ont lissé cette légère différence.
Ils s’organisent avec trois comptes courants : un compte commun, sur lequel ils virent chacun 1.000€ (environ la moitié de leurs salaires) pour couvrir leurs dépenses communes liées au fonctionnement de leur foyer, et un compte personnel chacun avec lequel ils gèrent leurs dépenses personnelles et leur épargne. Par plaisir, ils s’invitent aussi régulièrement l’un et l’autre.
Les dépenses communes de Camille et son conjoint
Le plus gros poste de dépense du couple est celui de la garde d’enfant. Leur fille de sept mois est gardée en micro-crèche, structure d’accueil où les enfants de tous âges sont gardés ensemble et ne sont pas plus qu’une dizaine. Pour une garde de 40 heures par semaine, les frais dédiés s’élèvent à 1.216 euros par mois, pris en partie en charge par l’allocation CMG (Complément de Choix du Mode de Garde) à hauteur de 741€ par mois.
Vient ensuite le crédit de leur maison de ville, à hauteur de 835€ par mois, dont ils remboursent chacun la moitié. S’ajoutent à cela 88€ de factures diverses et 110€ de taxe d’habitation et de taxe foncière. Pour les dépenses vestimentaires de leur fille, Camille explique faire de gros achats deux ou trois fois par ans pour un montant équivalent à 35€ mensuels.
Des dépenses plaisir pour l’alimentation
À ces charges s’ajoutent 50€ de frais d’alimentation et de vétérinaire pour leurs deux animaux de compagnie (un chat et un chien), et 44€ d’abonnements pour internet, la télévision et Netflix. Mais en faisant ses calculs, Camille confie réaliser qu’elle trouve leurs dépenses alimentaires (450€) assez élevées.
« Je trouve que nous avons un gros budget courses malgré un joli budget restaurant (ou plutôt “nourriture à emporter” aujourd’hui). Nous ne commandons jamais “pour dépanner”, mais nous allons régulièrement manger dans de bons restaurants. »
Pour réduire ce poste, elle voit bien une dépense plaisir sur laquelle la famille pourrait se restreindre.
« Nous ne nous privons jamais chez le fromager : c’est sans doute LA dépense que nous pourrions aisément réduire — même si cela semble impossible à mon conjoint. »
Les dépenses séparées du couple
Avec leurs comptes courants respectifs,
Camille et son compagnon gèrent leurs dépenses personnelles : loisirs, vêtements, abonnements mobiles…
La différence principale entre leurs frais individuels est liée à leurs modes de transport : là où Camille a une voiture personnelle et paie donc ses frais d’assurance, d’essence et d’entretien de véhicule (environ 150€ par mois), son conjoint possède une voiture de fonction pour laquelle tout est pris en charge par son employeur. Il paie toutefois une assurance (40€ par mois) pour une voiture qui ne roule plus, afin d’accumuler du bonus.
Le rapport à l’argent de Camille et de son conjoint
En termes de dépenses, Camille raconte avoir un rapport à l’argent assez proche de celui de son partenaire : ils ont la même vision de leurs besoins et de leurs envies à court terme. Sur les questions d’épargne, toutefois, leurs habitudes divergent. Pour elle, économiser est une priorité. Elle explique :
« Je suis plutôt fourmi, ça me rassure d’avoir pas mal d’épargne sur différents supports. J’ai la chance d’être issue d’une famille très aisée et j’espère offrir la même chose à notre fille. »
Son compagnon, quant à lui, est moins prévoyant :
« Il n’a pas du tout le réflexe “compte épargne”, et laissait grossir son compte courant. Il lui a fallu des années pour en ouvrir un, et il l’a finalement fait parce que notre courtier en assurance s’est moqué de lui. »
Plusieurs épargnes et placements à long terme
Camille épargne en effet une part élevée de son salaire. Après avoir versé 1000€ sur leur compte commun, et dépensé environ 400€ pour ses dépenses individuelles, il lui reste plus ou moins 700€ d’économies.
Elle répartit cet argent sur différents comptes et placements. En premier lieu, elle et son conjoint ont chacun souscrit à une assurance retraite à hauteur de 200€ par mois. Cette épargne a la spécificité de fonctionner aussi comme une assurance vie qui les protège l’un et l’autre : en cas de disparition, le parent seul touchera la somme de 170.000€.
« On a souscrit à ça avant même d’avoir un projet d’enfant, en se demandant comment se protéger l’un et l’autre en cas de coup dur. »
À cela s’ajoutent 300€ qu’elle place sur son propre livre A, et 50€ qu’elle place sur le livret A de sa fille. Elle explique qu’il est important pour elle de lui prévoir une épargne.
« À ma naissance, mes arrière-grands-parents m’avaient ouvert un PEL. Quand j’ai eu 20ans, j’ai récupéré 8.000€ avec lesquels j’ai fait un beau voyage, et j’ai surtout financé une grosse partie de mon apport pour notre maison. Encore aujourd’hui, j’ai beaucoup plus d’épargne que mon conjoint simplement parce qu’il me restait quelques milliers d’euros quand lui, qui n’avait pas cette chance, est pratiquement retombé à zéro suite à notre achat.
J’espère pouvoir offrir le même genre de “coup de pouce” à notre fille plus tard, et que ses études ne soient jamais un problème pour nous. »
Elle place aussi 50€ par mois pour une assurance vie au nom de sa fille. Son conjoint n’a pas encore d’équivalent, mais elle aimerait qu’il fasse de même. Enfin, son dernier placement à hauteur de 40€ par mois est beaucoup moins certain que les épargnes bancaires : elle investit dans des arbres !
« J’ai souscrit à un système qui s’appelle EcoTree. Avec cet abonnement de 40€ mensuel, je permets de planter deux arbres dans les forêts françaises, et j’obtiendrai un intéressement quand ils seront coupés. Mais bon, il faut des années pour que l’arbre grandisse, et la plupart seront coupés dans très longtemps… En plus, c’est un placement assez risqué : ils peuvent tomber malades, ou brûler lors d’un incendie. Je n’en attends donc pas grand-chose ! L’intérêt, c’est plutôt de reboiser les forêts françaises. »
Merci à Camille d’avoir accepté de répondre à nos questions !
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Les Commentaires
Il n'y a pas vraiment d'erreur de formulation, j'ai bien touché un tout petit peu plus de 8000€ à la clôture de mon PEL (j'ai dit "à ma naissance", mais il est possible en effet que cela ait été quelques années après pour que le montant colle exactement. Sachant que pendant plusieurs années il a été alimenté en francs, je ne sais pas quel était le montant des versements dans les années 90)
J'ai mis 1000€ sur mon livret jeune à l'époque, et payé des billets d'avion à 400€, sur place on était 4 copains étudiants, dont mon conjoint, et on ne payait pas nos ébergements sauf les trois jours que nous avons passé à Boston (un Airbnb partagé à 4 donc), on partageait tous les frais et je me souviens qu'à la fin de nos trois semaines de vacances on en avait pour un peu plus de 500€ chacun, en plus des billets donc! Soit environ 1000€ pour ce "beau voyage" qui a l'époque était exceptionnel pour nous!
Nous n'avons d'ailleurs jamais redépensé autant dans un voyage!
J'ai rouvert un PEL avec les 7000€ restant (à l'époque ils étaient encore à 2.5%) et quand nous avons acheté en 2017 j'avais commencé à travaillé depuis quelques années et surtout continué à constituer mon épargne qui était donc plus importante!
Pour être complètement transparente, à l'époque la banque nous demandait 14000€ d'apport, mon conjoint n'en avait pas la moitié et même si je pouvais compenser sa part il ne l'a pas souhaité! Nous avons donc négocié à la baisse cet apport et avancé 10000€.
J'ai pas mal repensé à cet article ces derniers temps car depuis notre situation à bien évolué. Notre fille va maintenant à la crèche 5 jours par semaine et plus 4 (avec une baisse des aides car la CAF prend en compte les revenus deux ans avant) et j'ai dû acheter (seule) une plus grosse voiture il y a un an, plus l'inflation générale et notamment l'essence, je n'épargne plus du tout la même chose que lorsque j'ai témoigné, et heureusement que j'avais "pas mal d'épargne" pour reprendre le titre.