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Beauté

L’acné et moi, de la pré-adolescence à l’âge adulte

L’acné, Sophie Riche en a eu, comme de bien nombreuses personnes. Et elle a vu son rapport au phénomène évoluer à travers les années.

J’ai eu une puberté relativement précoce. Ça veut dire que j’ai eu mes règles, mes glouches, mes gleurés (ou le mot de ton choix) plus tôt que la plupart des gens. À dix ans, j’apprenais à ne pas voir dans les serviettes hygiéniques une régression totale. La sensation de cette excroissance en plastique sur mes fesses me donnait pourtant tellement l’impression de porter une couche…

À lire aussi : La puberté « précoce » et sa ribambelle d’inconvénients

Mais le truc qui m’a beaucoup marquée, avec le recul, ce sont les signes annonciateurs de l’arrivée des premières règles. J’ai commencé par avoir un écart qui se créait entre ma taille et mes hanches, ce qui n’était pas pour me déplaire (je trouvais ça rigolo), et j’ai eu vers 9 ans des débuts de seins m’obligeant, pour ma plus grande fierté, à porter une brassière Princesse Starla.

Mais le truc que j’ai vraiment mal vécu, pour le coup, c’est l’acné. Le problème, c’est que j’avais clairement pas fini d’en chier.

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À lire aussi : Comment soigner l’acné ? Les 5 commandements des peaux acnéiques

L’acné à 9 ans – Angoisse et marginalité

Avoir de l’acné avant tout le monde, c’est un mélange d’émotions variées. D’un côté, il y a l’impression d’être un peu plus « adulte », d’être plus proche de tous les clichés sur l’adolescence. Oui, je l’avoue avec le recul : je me suis un peu sentie supérieure. Un peu plus mature, d’une certaine façon. Ce qui était faux : j’avais juste le front un peu plus juteux, et la zone T parsemée de gros boutons bien rouges et jaunes en leur centre. Ça ne rend personne plus mature, le pus. Je n’étais pas pus mature que les autres (emdéhère tu l’as ? Tu crois que c’est une faute mais en fait non, laule, c’est une blague).

Y avait donc, d’un côté, une sorte d’étrange plaisir à me démarquer des autres dans la course à l’adolescence (course à laquelle j’étais la seule à participer, en fait : les autres n’avaient pas encore les hormones dans les starting-blocks). De l’autre côté, y avait justement cette légère honte de moi-même d’être différente, avec ces furoncles plein la face.

Ce que je ne savais pas encore, c’est que ces découvertes que je faisais — qu’ils s’agisse de boutons purulents ou d’émotions contradictoires — allaient me suivre. Longtemps.

Très, très longtemps.

L’acné à 14 ans – Tous unis… sauf que non

À quatorze ans, j’étais loin d’être la seule de l’établissement à avoir de l’acné. Tout le monde au collège en avait. Même les bégés et les bégèttes de l’établissement, ceux et celles que tout le monde regardait avec des yeux fous d’un amour et d’une concupiscence adolescents, avaient les joues, le front ou le nez parsemés de comédons. Parfois même les joues, le front ET le nez en même temps !

L’acné, à l’adolescence, gêne tout le monde. Mais comme 95% des élèves sont touchés, on ne se sent pas mis à l’écart.

Ceci étant dit, si on s’attend à une certaine solidarité entre propriétaires de peaux acnéiques, je crois qu’on fait preuve d’un peu trop d’optimisme. Parce que c’est l’adolescence et que, si tu as le malheur de faire partie de la frange considérée comme « peu populaire » voire « faible » du collège, on trouvera quand même des trucs à dire.

kim kardashian

Moi quand je réalisais que j’avais un nouveau bouton qui était sorti alors que je voulais aller parler à mon crush de 3ème2.

Moi, mon petit truc en plus, le petit supplément d’âme de l’acné que j’avais, c’était mes points noirs. Des points noirs que j’avais en grande quantité sur le nez. Ça ne se voit pas beaucoup, des points noirs. Ce n’est rien de grave. À l’adolescence, les hormones sont un peu plus folles, alors ils sont plus nombreux qu’une fois devenus adultes, mais vraiment, je me focalisais comme une dingue dessus, à tort. Je me focalisais dessus, donc… j’essayais de les cacher.

J’essayais de masquer TOUT LE TEMPS ce qui était au milieu de mon visage : mon nez ! Je mettais ma main devant régulièrement quand je parlais, je remontais le plus possible mon écharpe ou je passais les mains dans mon col roulé pour le remonter sur mon appendice nasal. J’étais obsédée par mes points noirs.

À lire aussi : Les points noirs, ces gros bâtards

Du coup, à un âge où on a tendance à chercher la faiblesse de l’autre, peut-être pour un peu mieux gérer les siennes, le fait que je cache mon nez a tout simplement… attirer l’attention dessus. Festival donc des remarques et moqueries à base de « haha ton nez c’est une fraise » et, plus sobre, « c’est dégueulasse ».

À l’époque, je devais gérer ça, donc, ainsi que les produits dermatologiques pour lutter contre l’acné qui décoloraient pyjamas et taies d’oreiller. Le lot quotidien de bon nombre d’humains.

L’acné à 18 ans – Ça commence à bien suffire

À dix-huit ans, enfin, l’acné a commencé à quitter mon visage. Ainsi, en lieu et place de la quinzaine de boutons de taille moyenne, rouges et jaunes, qui ornaient au milieu de l’adolescence ma peau, j’avais droit, deux ou trois fois par mois, à un énorme bouton écarlate qui, souvent, ne souhaitait pas sortir. Du coup, il faisait mal. C’était comme s’il poussait vers l’intérieur. Et selon sa localisation, il était douloureux et venait me rappeler sa présence quand je souriais, ou quand je levais les sourcils d’enthousiasme.

Je crois que ce bouton-là ne voulait pas que je sois heureuse.

À ce moment-là de mon rapport à l’acné, je n’avais pas assez pris de recul pour ne pas en avoir marre. Mes boutons n’avaient pas encore eu le temps de me manquer, si tu préfères. Du coup, je les détestais, plus encore que ceux que j’avais en masse quelques années plus tôt. Parce que j’avais juste le temps de m’habituer à la vie sans eux, juste le temps d’aimer ça très fort, qu’ils déboulaient à nouveau. J’avais les boules, putain. J’étais encore plus pleine de rage que l’image que je me fais de Mathieu Kassovitz découvrant les nominations aux César (et comprenant qu’il n’a, cette année encore, aucune chance de repartir avec une statuette).

vincent cassel Bon, ouais, là c’est Vincent Cassel mais t’as l’idée.

L’acné à 26 ans – D’émouvantes retrouvailles

Aujourd’hui, c’est différent.

Je n’ai plus d’acné. J’ai toujours des points noirs, une peau grasse qui rougit pour rien et à la douceur inégale par endroits, mais je n’ai plus d’acné. 

À lire aussi : Rougir, ce phénomène incontrôlable (et exaspérant)

C’est juste que, régulièrement, avec les hormones, le stress ou l’alimentation, j’ai UN gros bouton. Disons, allez, en moyenne cinq fois par an. Et ce bouton, il a beau être douloureux, il a beau être dégueulasse, il a beau ne ressembler à rien et faire frissonner d’angoisse mes interlocuteurs quand je souris (tellement il a l’air à deux doigts d’exploser)… J’m’en fous. Je m’en balance les ovaires de part et d’autre tellement j’m’en fous.

Finies, les tentatives de cacher mon acné ou mes points noirs derrière des cache-nez trop grands ou des mouvements de mains faussement naturels ! Finies, les pensées qui traversent l’esprit de chercher une excuse pour ne pas sortir de chez moi. Fini, tout ça. Parce que maintenant, j’m’en fous. J’m’en fous si fort. On m’avait prévenu, en plus : on m’avait dit te pose pas trop de questions tu sais petit c’est la vie qui t’répond qu’un jour, je regarderai dans le passé et je rirai en me rappelant de l’époque où j’avais envie de pleurer quand je comprenais qu’un nouveau bouton était en train de pousser…

Et ce jour est arrivé. Et c’est vachement bien.

Et toi alors, à ton tour : parle-moi de ton rapport à l’acné à travers les âges !


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

13
Avatar de saskiart
4 octobre 2015 à 13h10
saskiart
J'ai aussi eu de l'acné très jeune (10 ans), et bizarrement j'ai toujours eu l'impression d'être la seule a en avoir autant. Etant peu populaire au collège les moqueries n'ont pas aidé.
Aujourd'hui j'ai 22 ans et je commence enfin a m'en débarrasser. Pour moi ce n'est pas une question de produits, c'est un dérèglement interne que je dois traiter. J'ai rencontré un Naturopathe, il m'a posé beaucoup de questions, medicales mais aussi psychologiques, et il s'avère que pour moi la colère, la frustration, le stress, sont en grande partie responsables. J'ai appris a pardonner et a me relaxer, j'ai lu ce merveilleux bouquin (les 4 accords Toltèque) et je prend un traitement a base de plantes, basé sur la médecine chinoise. J'évite le sucre, la viande et l'amidon (mais je ne me prive pas) je mange plein de riz et de légumes.
Cette rencontre a été révélatrice pour moi et je vois enfin le bout du tunnel! donc si j'ai un conseil, allez chez votre naturopathe le plus proche et tentez la méthode douce, attaquer votre peau a coup de produits abrasifs ou de médicaments poisons ne fera que vous dérégler encore plus et agraver la cause du probleme.
Je sais a quelle point on se sent désespéré et dégoutant, et après 12 ans a me battre dans le vide sans comprendre mon corps et ma peau, je me sens enfin jolie et épanouie!
Maintenant à l'attaque aux cicatrices!
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