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Société

#MaintenantOnAgit : que signifie le mouvement français contre les violences sexistes ?

Avec #MaintenantOnAgit, les femmes du 7e art français s’associent à la Fondation des Femmes pour lever des fonds, et lutter concrètement contre toutes les formes de sexisme.

Publié le 27 février 2018 Mis à jour le 28 février 2018

Aux États-Unis, il y a eu #TimesUp. En France aussi, le mouvement #MeToo est en passe de devenir une mobilisation, à travers un nouveau hashtag : #MaintenantOnAgit

Mardi 27 février, 130 personnalités dont une centaine d’actrices françaises ont lancé un appel aux dons, avec la Fondation des Femmes.

Aujourd’hui, mercredi 28 février, elles sont en couverture du journal Libération, qui leur dédie un dossier entier dans ses pages.

Ce mouvement se lance quelques jours avant la cérémonie des César (le 2 mars prochain). Il se tourne résolument vers la volonté d’agir concrètement.

Dans la tribune #MaintenantOnAgit, publiée hier, les actrices françaises déclarent clairement :

« Maintenant on agit. Nous sommes différentes mais avons une même envie d’agir.

Nous voulons créer un présent plus doux pour celles qui souffrent aujourd’hui, et un avenir apaisé pour nos filles et nos fils. »

Lire la tribune sur Libération.

#MaintenantOnAgit pour lever des fonds : dans quel but ?

La campagne #MaintenantOnAgit sert donc d’appel aux dons pour la Fondation des Femmes, elle-même une espèce de banque pensée pour financer les projets associatifs concrets de lutte contre le sexisme en France.

Parce qu’il en faut, de l’argent, pour mener un combat aussi ambitieux, contre toutes les formes de sexisme dans la société.

L’organisation envisage de reverser les dons récoltés à des associations qui viennent à la rescousse des victimes.

Parmi les principales associations qui bénéficieront de cette campagne de financement, on trouve notamment : l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT)le Collectif Féministe Contre le Viol, ou encore Prendre le droit.

Toutes agissent sur plusieurs plans.

Cela va de l’apport de moyens financiers pour les centres d’accueil, à l’aide psychologique des victimes jusqu’à de l’accompagnement dans les démarches juridiques.

Le mouvement s’alarme des frais exorbitants des procédures judiciaires dans les cas de plainte pour agression, viol ou harcèlement, rapporte le quotidien français.

En effet, ces frais peuvent chiffrer jusqu’à 10 000 euros en comptant les honoraires d’avocat, le soutien psychologique et les visites médicales, les arrêts de travail ainsi que les coûts de déplacements pour se rendre au procès, s’il a lieu.

L’aide juridictionnelle, un dispositif inaccessible dans les cas d’agression sexuelle

On est d’accord, ça fait beaucoup. 

C’est d’autant plus injuste que ces coûts pèsent sur les victimes, rarement sur les agresseurs, compte tenu du faible nombre de condamnations effectivement prononcées.

Surtout que dans une telle démarche, il ne faut pas oublier que porter plainte au commissariat, en parler à ses proches et à des professionnel·les pour le déroulement de la procédure, c’est lourd en émotions. 

Libération rappelle d’ailleurs que dans le cas d’une agression sexuelle, la victime n’a pas droit à l’aide juridictionnelle.

Elle ne peut y avoir recours que dans le cas d’un viol, depuis une loi passée 2002 seulement.

Pour info, l’aide juridictionnelle est « une prise en charge totale ou partielle par l’État des honoraires et frais de justice ». Elle est accessibles à certaines conditions.

Par exemple, si tu es au chômage, ou que tu as peu de ressources.

En résumé, les femmes n’osent déjà pas porter plainte quand elles subissent du harcèlement et/ou des agressions sexuelles.

Mais si elles franchissent le pas, elles devront assumer une charge financière dissuasive, et dans certains cas, sans l’aide de l’État.

#MaintenantOnAgit se lance sur ce constat, en grande partie : fournir l’aide financière essentielle pour encourager de plus en plus de victimes à briser le silence et faire appel à la justice.

Anne-Cécile Mailfert, ancienne porte-parole d’Osez le féminisme et désormais présidente de la fondation déclare très justement :

« Twitter n’est pas un tribunal. »

Mais Twitter est plus accessible qu’un tribunal. Pour remédier à cela, et pour que l’élan de prise de conscience provoqué par #MeToo ne reste pas au stade des belles intentions, l’heure est désormais à l’action, avec #MaintenantOnAgit.

Les femmes du cinéma français portent le mouvement

Qui sont les 130 personnalités mobilisées ? Des femmes et des hommes habitués du grand et du petit écran, dont pas mal de visages qui te seront familiers.

Je pense notamment à Camille Cottin, Sophia Aram, Oulaya Amamra, et bien sûr Bérengère Krief, Shirley Souagnon, ou encore Sara Forestier.

Parmi tout ce beau monde engagé, des voix s’élèvent un peu plus que d’autres.

Celle d’Emmanuelle Devos par exemple. L’actrice française, vue dans Sur mes lèvresCoco avant Chanel ou encore Numéro Uneconfie avoir été bouleversée par les cas de discriminations sexistes dans les milieux qu’elle qualifie de « moins visibles ».

« Je ne pensais pas que la défense des femmes était aussi peu cadrée. » confie-t-elle. Pour elle, le problème des violences sexuelles sont « une vraie cause nationale »

À lire aussi : L’égalité femmes-hommes « grande cause du quinquennat » : les premières mesures annoncées

Rose McGowan, porte-parole de #TimesUp

Rose Mc Gowan

, a, elle aussi, rejoint le mouvement français.

Exception internationale de cette mobilisation, et elle se fait ambassadrice du phénomène #TimesUp, qui a surgi aux États-Unis pendant les Golden Globes.

De passage en France, l’actrice américaine espère rencontrer Emmanuel Macron pour discuter de ses sujets et envisage même de quitter son pays natal en partie à cause de Donald Trump.

Elle affirme fièrement à Libération :

« Aucune de nous ne mérite de vivre dans la peur. […]

#MeToo est chacune d’entre nous, dans un club où nous n’avons pas mérité de figurer. »

#MaintenantOnAgit : un ruban blanc aux César

Comme #TimesUp à la cérémonie des Golden Globes, le mouvement #MaintenantOnAgit profitera de la médiatisation des César pour gagner en visibilité.

Il suffira de retenir un signe distinctif : un petit ruban blanc qui ressemble à la broche que tu as sûrement aperçu pendant la semaine de sensibilisation contre le Sida.

Ce symbole a été choisi par la Fondation des Femmes et il marque la solidarité pour toutes les victimes de sexisme, de violences et d’agressions sexuelles.

Interrogée par Libération, Anne-Cécile Mailfert, tient à ce que ce soit clair :

« L’idée n’est pas de rester focalisé sur le cinéma français, mais de profiter de la visibilité qu’ont les actrices et réalisatrices pour aider des femmes dans tous les secteurs de la société. »

#MaintenantOnAgit en urgence : les associations ont besoin d’aide

Anne-Cécile Mailfert a répondu à mes questions. Elle m’a appris que si le mouvement se lançait aujourd’hui, en février 2018, c’est suite à une alerte des associations auprès de la Fondation des Femmes.

La présidente de la Fondation m’explique que depuis l’affaire Weinstein en octobre 2017 et la libération de la parole sur les réseaux sociaux avec #MeToo et #BalanceTonPorc, les femmes ont été de plus en plus nombreuses à vouloir se tourner vers la justice. 

Beaucoup d’entre elles ont alors décidé de faire appel à des associations pour trouver de l’assistance. Problème : ces petites structures se sont trouvés totalement submergées.

La présidente de la fondation précise que les demandes d’aides auprès des organismes associatifs ont augmenté de 30 à 40%.

Par exemple, l’AVFT a été forcée de fermer sa ligne téléphonique parce qu’elle ne pouvait pas prendre en charge plus de personnes qu’elle n’en avait déjà.

L’urgence est concrète et les besoins manquent. La campagne vise le millions d’euros pour soutenir l’action de ces asso.

La Fondation des Femmes croit en un avenir plus paisible et plus sûr pour tout le monde.

Et pour le bâtir, l’action est nécessaire par le biais d’associations oeuvrant au plus proche du terrain. C’est la prochaine étape à franchir, après la prise de parole qui a pu avoir lieu avec #MeToo.

À nous de suivre le mouvement pour lui donner plus d’ampleur !

 

Aller plus loin : La Fondation des Femmes, pour se donner les moyens de l’égalité

Toutes les infos sur le site de la FdF.

Pour faire un don, tu peux cliquer là !

Lire le dossier de Libération c’est par ici (tu as droit un nombre de visites gratuites limitées, au-delà duquel il faut t’abonner ou acheter le numéro en ligne, ou en kiosque !)

À lire aussi : #TimesUp pour les violences sexuelles aux États-Unis : les femmes d’Hollywood se mobilisent


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.

Les Commentaires

5
Avatar de Kettricken
28 février 2018 à 11h02
Kettricken
Dommage que dans la foulée, en présentant ce matin le mouvement sur France Inter, Emmanuelle Devos déclare que non, il ne fallait pas porter de jugement sur Woody Allen parce que "on ne sait pas". Le juge sur l'affaire à l'époque a estimé qu'il y avait de quoi l'inculper mais il n'a pas voulu faire vivre le traumatisme d'un procès à Dylan Farrow. Donc bon... juste se récrier qu'on ne va quand même pas arrêter de bosser avec Allen et que "il faut séparer l'homme de l'artiste", ça déforce quand même le message.

Bon je râle, mais ça n'est que Devos. L'initiative est cool quand même. Et ça fait du bien de voir des femmes se bouger pour ouvrir le dialogue en France
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