Raconter sa vie en vidéo, c’est un format qui inspire l’Internet. Les vlogs amusent et sont parfois suivis par plusieurs millions de personnes… mais générer quotidiennement ce genre de contenu et soumettre sa vie aux commentaires des gens, ce n’est pas sans conséquences.
Il y a quelques jours, un couple qui partageait son quotidien en ligne depuis des années a décidé de poster une vidéo dans laquelle les deux protagonistes annoncent la fin de leurs vlogs, en expliquant comment ce format a détruit leur relation…
Alors, si le contenu des vlogs se veut spontané et honnête, qu’en est-il réellement ? Est-ce un phénomène si récent, et quelles sont les conséquences d’une exposition au jour le jour au tout Internet ?
C’est quoi un vlog ?
Le mot « vlog » vient de la contraction entre les termes « vidéo » et « blog », « blog » étant déjà la contraction entre « web » et « log » (soit « livre de bord »).
Le format se décline dans une multitude de versions : certain•es vlogueur•ses se contentent d’un monologue, avec un plan fixe en face caméra, tandis que d’autres se filment directement dans leur vie de tous les jours…
Le vlogueur préféré de Fabrice Florent : CaseyNeistat
Comme l’explique Absol dans sa vidéo très complète sur les vlogs, ce média a des limites très floues. Les podcasts de nombreux youtubeurs comme Cyprien ou Bonjour Tristesse peuvent être considérés comme des vlogs. Les critiques cinéma de Durendal sont d’ailleurs nommées comme telles par le vidéaste !
On se filmait déjà avant, en vacances par exemple. La différence, c’est que ces enregistrements ne sont plus partagés en famille mais avec le monde entier. Un phénomène ? Pas tant que ça, ou du moins pas si nouveau…
Hier, on se montrait déjà, et demain on continuera
Ça m’amuse un peu quand j’entends des proches qui sont effrayés par cette nouvelle mode. À mes yeux, si le format vidéo n’est pas encore entré dans les mœurs, raconter sa vie sur Internet n’a rien de récent !
Depuis les premiers blogs, rendre une partie de sa vie publique est lié à la réalité du Web. De nombreuses personnes témoigneront du fait que le contenu qui a le plus de succès dans leur production est celui où elles racontent leurs histoires les plus intimes… car c’est ce qui touche un large public au plus profond de lui-même.
Plus la personne qui s’exprime est attachante, plus elle recevra des messages l’encourageant à continuer régulièrement. C’est un cercle vertueux… ou vicieux !
À lire aussi : Pourquoi c’est important d’envoyer de l’amour sur Internet
Par exemple, la vidéo où EnjoyPhoenix parle d’harcèlement scolaire a été vue plus de 2 700 000 fois à ce jour.
À lire aussi : EnjoyPhoenix nous parle de harcèlement scolaire : « J’avais l’impression d’être une moins-que-rien »
L’utilisation de ce moyen d’expression s’explique, quant à lui, par un fait simple : les gens ont de moins en moins l’attention nécessaire pour lire les articles jusqu’au bout, et visionner un média demande moins d’efforts.
De plus, obtenir une caméra est aujourd’hui bien plus simple que par le passé. Il y a dix ans, on présentait nos bandes d’amis sur Skyblog. Aujourd’hui, on le fait sur YouTube !
Demain, la vidéo laissera peut-être place à un nouveau format encore, mais une chose est certaine, les gens ne sont pas près d’arrêter de se montrer.
Se livrer n’est pas sans conséquences, se montrer encore moins
Il est évident que partager des éléments de sa vie privée a certaines répercussions, et pas besoin de chercher bien loin pour s’en rendre compte. À la moindre apparition sur Internet, on s’expose à des commentaires négatifs. Le problème, c’est que même si ce ne sont que des mots, ils peuvent petit à petit faire beaucoup de mal.
À lire aussi : Violence « virtuelle » pour conséquences trop réelles — Le dessin de Mr.Q
Et c’est sans compter les dangereuses dérives qui peuvent découler de tout ça quand des personnes plus que mal intentionnées décident de s’en prendre à ces vlogueur•ses dans la vraie vie…
Comme je le disais en introduction, les youtubeurs de la chaîne BFvsGF ont témoigné sur le mal que leur ont apporté leurs vlogs. Cette vidéo explique bien un autre problème auquel sont confrontées les personnes dont la vie devient le travail.
« Au début, tu penses que vloguer tous les jours est un jeu (…). Mais ça pèse sur la relation de tous les couples qui le font ensemble quotidiennement, enfin au moins ceux que je connais. (…)
J’aime vraiment ça, mais quand on en arrive à un niveau où ça devient un travail et que tu ne fais plus les choses parce que tu aimes ta compagne mais parce que tu les fais pour le vlog… la relation en prend un coup. »
Chercher à produire du contenu et non plus à s’amuser, tel est le poids des publications quotidiennes. Pas le droit aux coups de mou, pas le droit d’être honnête jusqu’au bout. Car quand filmer la vie de tous les jours devient un travail, cela impose aussi des contraintes.
Le vlog, je le vis aussi
Chez madmoiZelle, on a décidé depuis début janvier de vous faire suivre la vie dans nos bureaux via des vlogs hebdomadaires. Le contenu est réel, c’est-à-dire qu’on ne met pas en scène ce qui se passe… mais le rendu n’est pas forcément une vitrine de notre quotidien !
Et oui, si l’ambiance est très bonne et que nous passons de bons moments, on ne passe pas notre temps à nous amuser. Déjà, parce que pour faire vivre le site, il faut énormément travailler, et puis surtout parce que comme tout le monde, il nous arrive d’avoir des coups de blues… Il ne faut pas oublier que ces vidéos durent en moyenne une dizaine de minutes alors qu’on travaille cinq jours par semaine.
Quant aux conséquences, je n’en ai pour l’instant pas vraiment vu, mis à part les très rares fois où on m’a reconnue.
Je ne dirais pas que le principe même est à jeter, je suis moi-même une grande fan. Je m’attache aux gens que je suis, je suis contente de connaître leurs aventures…
En fait, c’est un peu comme tous les formats sur Internet : ça peut être bien, ça peut être mauvais, mais le plus important c’est que les protagonistes se rendent compte des conséquences possibles.
Et vous, regardez-vous des vlogs ? Qu’en pensez-vous ? Et racontez-vous des éléments de votre vie privée sur Internet ?