Kevin Kantor, jeune homme plein de talent, a publié un slam émouvant et poignant sur la chaîne BuzzFeed Yellow. When My Rapist Showed Up In « People You May Know », soit Quand mon violeur est apparu dans « les gens que vous connaissez peut-être », traite d’un sujet tabou : les hommes victime de viol.
Le slameur incarne un homme victime de viol qui tombe sur le profil de son violeur dans ses suggestions Facebook.
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Quand j’ai vu mon violeur dans mes suggestions Facebook, la traduction en français
« Quand mon violeur est apparu dans l’onglet « Personnes que vous connaissez peut-être » de Facebook
C’était comme être plus près que jamais d’une scène de crime
Enfin…
Sans compter l’assassinat méthodique de ma propre mémoire que j’effectue
Chaque fois que je roule le long de l’avenue Colfax.Assis dans mon salon, je cherche des indices
Clic
Je me vois entre ses dents. Il danse, torse nu,
Dans une ville où je n’ai jamais étéClic
Il mange des sushis, arrosés de quelques bières, avec des amis
Et je
Suis sous ses onglesClic
Je connais cette allée
Clic
J’ai assassiné le souvenir de ce t-shirt
Clic
C’est une vieille photo, un cliché de bébé
Il y a aussi un homme plus vieux — son père, j’imagine
Ils sont tous deux ronds, et lumineux,
Et souriants, toujoursClic
Il est torse nu à nouveau
J’aperçois mon reflet dans le miroir de la salle de sport
Hashtag #SelfieEnModeSauvageJe l’appelle le Loup, quand j’écris à son sujet
Le Loup, pour qu’il ait l’air de sortir d’un livre
Le Loup
Quand j’écris à son sujetC’est-à-dire quand ma mémoire échappe à l’assassinat
Ou quand l’Internet me le suggèreFacebook m’informe que nous avons trois ami•e•s en commun
Ce qui veut dire…
Il est « quelqu’un que je connais peut-être », ce qui veut dire qu’il est quelqu’un que vous connaissez peut-être
Et qu’il y a des gens qui savent
Et des gens qui ne savent pas
Et des gens qui ne savent pas, je veux savoir, j’ai peur de le faire savoir
Et probablement des gens qui le connaissent, qui me connaissent, qui connaissent
Le mot « non »Non
NON
Le mot « non » qui était un coin de drap enfoncé dans ma bouche
Et maintenant je connais le deuxième prénom du Loup
Je sais ce qu’il écoute sur Spotify
Et ses proches, bien trop familiers, et il ne peut plus être un Loup
Être la tombe sans nom que je creuse pour moi-même lors de mes jours sombres
On a 3 ami•e•s en commun sur Facebook et maintenant c’est comme si c’était eux, c’était elles qui tiennent la pelle61 personnes ont « aimé » la photo torse nu au sport et
4 personnes m’ont dit qu’elles auraient préféré que je ne dise rien
2 officiers de police m’ont dit que je dois nommer ce qu’il a fait, sinon
Ce n’est pas arrivé
M’ont dit que de toute évidence
J’aurais pu me défendre, ce qui veut direQue personne ne vole au secours des petits garçons qui crient « au viol »
Quand je l’ai dit à mon frère
Il m’a demandé, lui aussi, pourquoi je ne me suis pas défendu
Je le fais maintenant, Adam, je le jureChaque jour j’écris un poème intitulé « Demain »
C’est une liste manuscrite des gens que je connais
Qui m’aiment
Et prends soin de toujours
Mettre mon prénom tout en haut. »
Le viol des hommes, un tabou insoutenable
Kevin Kantor raconte les sentiments de haine et de tristesse qui s’enchaînent en lui quand il constate que son violeur semble avoir une vie paisible, que cet agresseur qui lui a tant fait de mal semble être proche de sa famille, exhibe ses muscles sur des photos, rit avec ses amis.
La fin du slam revient sur la façon dont certain•e•s considèrent les hommes victimes de viol. De nombreuses personnes vont se demander pourquoi la victime ne s’est pas défendue, battue avec son agresseur, et/ou vont nier le fait qu’il s’agisse d’un viol.
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Le slameur réussit avec brio à sensibiliser sur ce sujet encore bien trop tabou… et, ne nous mentons pas, à me tirer quelques larmes.