Lorsque j’ai vu la bande-annonce de Spy, j’étais pas exactement super emballée, mais mon amour pour Melissa McCarthy est tel que je n’ai pas hésité à aller voir le film… malgré ma peur de la voir être ridiculisée continuellement.
Non, sérieusement : une femme, qui-plus-est une grosse, agent secret en mission pour la CIA ? On dirait le pitch de Johnny English, avec en prime, une avalanche de blagues sur les gros•ses. Et puis la scène du scooter qui se renverse, quelle finesse, quelle originalité…
Mais ce film n’est vraiment pas celui que vous croyez.
Dans ta face, les clichés !
Non, Suzanne Cooper (Melissa McCarthy) n’a pas l’étoffe d’une héroïne, même pas celle de quelqu’un qui prend des initiatives. Elle travaille en retrait pour la CIA, elle est l’analyste qui murmure à l’oreille du James Bond de service : l’adorable-insupportable Bradley Fine (Jude Law).
Mais lorsque la fille d’un terroriste s’apprête à vendre une bombe nucléaire au marché noir, et qu’une taupe a grillé l’identité de tous les agents de terrain de la CIA, qui peut sauver le monde en empêchant cette transaction ?
J’ai pas envie de vous dévoiler l’intrigue, parce que j’ai été surprise par de nombreux rebondissements dans ce film. Je m’attendais tellement à ce que cette comédie enchaîne les clichés (drôles, mais un peu lourds, et surtout déjà vus), et je ne pouvais pas me tromper davantage.
Suzanne Cooper est gauche, maladroite, empotée… mais pas
parce que c’est une petite bonne femme et qu’elle est grosse. Elle est comme ça parce qu’elle n’a pas confiance en elle, parce qu’elle n’a pas d’ambitions — ou plutôt qu’elle ne les assume pas, qu’elle ne se donne pas les moyens de les réaliser.
Le film bascule totalement lorsque Suzanne est reçue en entretien par sa supérieure, qui dans la scène précédente, était encore hautaine et méprisante avec la « dame pipi », ainsi que l’un des agents de terrain l’a vulgairement surnommée en réunion pour anéantir la légitimité de son intervention.
Mais voilà : à la recherche d’un agent de terrain, Elaine Crocker (Allison Janney) se penche sur le dossier de Suzanne… Qui n’est finalement pas si cruche, lorsqu’elle se fait confiance.
« Mais enfin Suzanne ! J’ai failli mettre cette vidéo sur YouTube ! »
Enfin rire !
On ne va pas se mentir, mais dans la plupart des films hollywoodiens, l’écrasante majorité des blagues « très grand public » contient des sous-entendus racistes, misogynes, homophobes, transphobes, et j’en passe.
Mais devant Spy, j’ai franchement ri, et ça faisait longtemps que je ne m’étais pas marrée comme ça devant une comédie, qui plus est une comédie « grand public » assumé. Ce n’est pas un film « niche », et pour moi c’est une véritable révolution que de voir ce type d’humour porté à l’écran !
Je ne vous parle pas d’un humour « d’intellectuel•le•s », qui nécessiterait un doctorat en féminisme pour comprendre : je vous parle simplement de ne pas chercher à faire rire avec les éternels clichés sexistes vus vus et revus, usés jusqu’à la corde.
On se moque des discriminations dans ce film, à travers la caricature des biais sexistes de la société. Oui, c’est très relou de se prendre sans arrêt des remarques sur sa tenue vestimentaire, juste parce qu’on est une femme, et qu’apparemment, c’est un signe de compétence.
Alors lorsque Suzanne Cooper se prend des remarques sur ses tenues dans environ chaque scène, ça devient drôle parce qu’on réalise à quel point c’est ridicule de se focaliser là-dessus. Elle-même le réalise, et finit par s’en battre les ovaires. Beaucoup d’effets comiques du film reposent sur une caricature dénonciatrice du sexisme ordinaire, et ça fait un bien fou !
Rendez-vous compte : ce film est tellement bien que pour vous convaincre d’aller le voir, je n’ai même pas eu à invoquer le fait que Jason Statham y joue.
Cette comédie ne se contente pas de rire du sexisme, elle montre l’exemple : les personnages féminins y sont riches, variés, et surtout nombreux. Alors si vous cherchez une comédie vraiment drôle, un film d’action vraiment rythmé, n’hésitez plus : allez voir Spy, avec Melissa Mc Carthy !
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