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Ma rupture, ma perte de désir… et comment je m’en suis sortie

Après sa rupture, Eauphélie a été confrontée à une conséquence de taille : la perte complète de sa libido. Récit d’une quête intime.

Selon Hal Hartley,

« L’aventure, ça n’existe pas. Le romantisme non plus. Il n’y a que le désir et les problèmes. »

Tout commença avec une histoire qui dura plus de trois ans et qui arriva à son terme en 2014. Ce n’est pas sur cette histoire que je vais écrire, mais plutôt sur ce qui est arrivé par la suite. Pour une personne entière comme moi, perdre mon frère d’armes, mon meilleur ami, mon amant, c’était tout perdre.

Mais le reste de l’année n’a pas été une descente aux Enfers car j’ai longtemps été dans le déni après ma rupture. Comme quelqu’un de possédé. Ni cris, ni larmes, aucun contact, souvenirs rangés. Je me suis même laissée aller dans d’autres bras, j’ai tenté de m’investir dans une autre relation. Mais c’est là que les problèmes sont arrivés. Je ne trouvais pas les mots, je ne faisais rien comme il fallait, aucun effort, car j’avais perdu quelques notions primordiales.

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Le désir. La passion. Ces notions capitales que jamais je n’aurais cru ne plus posséder ou ressentir. Je pensais que je n’étais pas conçue, programmée, ou tout simplement pas prête à vivre et partager quelque chose avec quelqu’un d’autre.

À lire aussi : Les premières heures post-rupture : guide de survie

L’envie théorique, mais pas physique

Imaginez votre corps qui se contracte quand un•e autre vous effleure, quand un corps qui n’est pas le sien vous touche : vous sentez une brûlure, et vous n’avez qu’une envie, c’est fuir… mais vous luttez, car vous voulez vous reconstruire, vous pensez pouvoir y arriver, pensez pouvoir re-goûter aux plaisirs charnels, retrouver le plaisir.

Évidemment, vous finissez par abandonner. Car votre corps vous trahit, malgré le fait qu’on vous désire, vous, vous ne désirez plus personne. Vous désirez seulement rentrer chez vous.

Cela m’a amenée à beaucoup de situations insensées. Imaginez-vous en soirée chez des amis. Des verres s’entrechoquent, des discussions et des regards ne trompent pas. Et alors que tout le monde danse, un homme — appelons-le José (un nom aussi ridicule que la situation) — prend la main d’une fille, pour avoir plus d’intimité.

Il n’est pas insistant, il la cherche juste, il veut l’embrasser, voire plus si affinité. Mais quand il la touche, elle se met à pleurer. José lui demande pourquoi. Elle se met à rire nerveusement, lui dit simplement que cela ne va pas marcher, et s’en va.

Maintenant, changeons d’endroit, changeons de contexte. Une amie présente à cette fille un homme qui inspire le désir. Ce n’est pas grave s’il n’a pas de conversation, elle veut juste retrouver quelques frissons. Il se trouve beau, l’invite dans son temple pour qu’elle puisse l’admirer de plus près ; elle est persuadée que cela va marcher, son corps lui plaît.

Mais son corps à elle ne répond pas : elle est prise d’un fou rire car c’est comme ça à chaque fois. Il l’a remarqué et ne comprend pas comment cela peut être possible. Il ose même lui demander si elle est ménopausée. Et cette question, moi aussi, je me la suis posée.

Marcel Jouhandeau a d’ailleurs dit :

« Un jour vient où vous manque une seule chose et ce n’est pas l’objet de votre désir, c’est le désir. »

À lire aussi : L’asexualité, qu’est-ce que c’est ?

À la recherche de la libido perdue

J’ai longtemps été dans cet état d’esprit, piégée. J’étais devenue obsédée par le moindre frisson que je pouvais avoir avec quelqu’un, toujours en quête d’un gémissement mais toujours déçue et muette face à l’être masculin. J’étais obsédée par le fait que les jours défilaient et que ma jeunesse s’envolait avec ma libido.

Je n’en ai jamais parlé autour de moi car je n’en ai jamais ressenti le besoin. C’était mon « démon intime », comme je l’appelais dans ma tête. Je m’étais habituée à sa présence et les tentatives pour le combattre devenaient plus rares car il était toujours présent pour me rappeler l’échec des précédents hommes qui avaient essayé.

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Je m’étais même résignée à attendre le retour de celui qui avait été le seul à avoir réussi pendant toutes ces années, même si je le détestais de m’avoir rendue comme ça. Incapable de désirer qui que soit d’autre. Mon démon intime avait son visage. Mais avec le temps, j’espérais qu’il disparaîtrait.

Pour Charles-Ferdinand Ramuz,

« La seule vraie tristesse est dans l’absence de désir. »

Je me suis toujours demandée comment les technologies modernes avaient pu remplacer les belles lettres. Mais je suis née dans la génération Y, donc forcément je me suis mise à explorer les applications de compatibilité. J’ai passé trois jours sur un site de rencontre, juste le temps de me rendre compte que je mentais sur mon profil, sans raison précise, et que je n’étais pas la seule visiblement.

C’est sur l’une de ce genre d’applications que je suis rentrée en contact avec lui. Il n’aura pas de nom et de description. Ce n’était même pas moi qui avais choisi de le mettre dans mon panier. Un ami voulait que je le lui présente car ils avaient des intérêts communs. Devais-je devenir une entremetteuse ? Après tout j’avais choisi ces applications pour retrouver le désir, pas pour me créer une bande de potes. Mais la curiosité l’a emporté et j’ai fini par répondre à son message.

C’était une approche plutôt déroutante sachant le taux d’alcoolémie nombre de jus de fruits dans le sang qu’on avait quand nous avons commencé à nous écrire. C’était fluide, les conversations s’enchaînaient, les dialogues s’éternisaient, les jours passaient et je n’avais toujours pas lâché ce putain de téléphone.

À lire aussi : Les sites de rencontre, ce monde merveilleux — Le dessin de Mr.Q

Quand le corps se réveille

J’ai compris l’ampleur des dégâts quand les jours sont devenus des mois, quand ma boîte de réception saturait et que ma galerie photo était envahie par un visage inconnu. Il était l’opposé des hommes que je fréquentais, il faisait partie du monde de la nuit. J’avais longtemps côtoyé ce monde mais j’avais fini par ne plus voir que ses mauvais côtés. Il constituait donc tous les clichés d’un mauvais garçon, de par son métier mais aussi par la façon dont il pouvait me rendre accro en quelques mots.

Selon Arthur Schopenhauer,

« Entre les désirs et leurs réalisations s’écoule toute la vie humaine. »

Ce qui jouait à mon avantage, c’est qu’il était loin, dans une autre ville. Je pouvais fantasmer sur lui sans croire que je le verrais un jour, je pouvais contrôler mon corps en l’imaginant me toucher, sans ressentir la peur que j’avais quand c’était réel.

J’ai fini par me redonner confiance, en pensant qu’avec lui ça serait différent, que je ne resterais pas figée. Il a fallu donc y aller, le rencontrer. Après avoir passé tellement d’années dans la sécurité, j’avais décidé de finir cette année en beauté, dans l’incertitude. De prendre le risque. Sur la route mon corps me trahissait encore et voulait faire demi-tour mais pendant cette lutte acharnée, les kilomètres augmentaient et enfin, j’étais arrivée.

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Le soulagement remplaça l’appréhension, les rires remplacèrent les tremblements et mon corps peu à peu cessa d’être sur la défensive. Je baissais ma garde. J’étais curieuse et bientôt impatiente de découvrir si le désir était réapparu. Après avoir discuté toute la nuit, ce n’est qu’à l’aube que j’ai pu être libérée.

« Le désir s’exprime par la caresse comme la pensée par le langage. »

de Jean-Paul Sartre.

En une fraction de seconde, je suis passée d’une pièce à une autre, en perdant tous mes vêtements. J’attendais la brûlure quand il aurait posé ses mains sur moi, j’attendais les larmes qui allaient monter, j’attendais le vide dans ma poitrine et j’attendais d’écouter le son inchangé des battements de mon cœur.

J’étais prête à partir sans explications, à fuir par habitude. Mais rien de tout ça n’est arrivé. J’ai ressenti la chaleur de nos corps entrelacés, j’ai pu sentir ma poitrine s’emballer et mon bas-ventre se contracter. J’étais à sa merci et mon corps avait enfin dit « Oui ». La flamme s’était rallumée et c’est dans ses bras que je me suis consumée des jours entiers. Je suis repartie en femme libérée d’un fardeau. Je suis repartie en femme comblée.

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Le désir n’est pas un sentiment qui devrait disparaître car c’est quelque chose de magnifique. À toutes celles qui ont vu leurs corps prendre le contrôle et être envahis par la peur, à toutes celles qui ont cru qu’elles ne ressentiraient plus jamais rien après une rupture difficile, à toutes celles qui ont eu un « démon intime » ou qui tout simplement se sont installées dans une routine et ont perdu toute passion et tout désir pour l’autre, je veux vous conseiller de lutter contre ça. Confrontez-vous à ceux ou celles pour qui vous croyez ressentir du désir, jouez avec le destin et jouez avec le feu. Je crois au fait que le désir reviendra !

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Les Commentaires

11
Avatar de Melissa
17 février 2015 à 16h02
Melissa
Ok, merci beaucoup! comme ça je saurais pour la prochaine fois et je dérangerais pas dix personnes! Sorry pour le dérangement, tardif en plus.
Hey Merci de ces remarques très utiles, en effet je vais voir avec l'auteure de l'article pour préciser cela !
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