Pour beaucoup, Bombay évoque les danses colorées de Bollywood, les taxis jaunes et noirs, les odeurs d’épices… et peut-être aussi la dure réalité des bidonvilles, le bruit des klaxons et les rues grouillantes de vies qui s’affairent.
Je suis allée en Inde car j’avais envie de changement, et j’ai d’abord trouvé un poste dans le tourisme à Delhi. J’ai ensuite quitté cette boite pour un stage à Goa, avant d’arriver à Bombay. Cela fait maintenant quatre ans que j’y suis. Cette ville m’a d’abord secouée ; je me suis jetée dans ses bras sans trop réfléchir, tentant d’y faire mon « trou ». Et j’ai appris à l’aimer. Bombay c’est une belle métaphore de la vie, avec ce qu’il y a de pire et de meilleur !
« Mumbai ou Bombay est la capitale de l’État indien du Maharashtra. La ville compte 12 478 447 habitants en 2012. Ville d’Inde la plus peuplée, elle forme avec ses villes satellites de Navi Mumbai, Bhiwandi, Kalyan, Ulhasnagar et Thane, une agglomération de 18 414 288 habitants3, soit la sixième plus peuplée au monde.
Mumbai est la capitale commerciale de l’Inde. […] L’importance économique de Mumbai ainsi que son haut niveau de vie en comparaison avec le reste de l’Inde attirent des migrants de toutes les régions du pays, qui assurent à la ville une intense diversité sociale et culturelle.
Mumbai abrite en outre une des plus grandes industries cinématographiques du monde, à Bollywood. »
Les voyageurs sont souvent agréablement surpris lors de leurs premiers pas ici. En effet, la capitale économique de l’Inde est en partie devenue une mégalopole internationale et cosmopolite. En partie car c’est une ville à deux vitesses, voire trois ou quatre. Un kaléidoscope dans lequel chacun•e peut combler sa faim, sa soif de découvertes, apprendre, se divertir, échanger et parfois même restaurer sa foi en l’Humanité.
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Les Mumbaikars et l’optimisme
Quand on vit dans une ville de près de 12 millions d’habitants, on apprend la patience. Et quelque soit son « milieu social », dans les bidonvilles ou dans les résidences cossues des classes moyennes, on apprend la résilience. Se balader dans les rues de Bombay devient vite un défi : elles appartiennent un peu à tout le monde, les voitures, piétons, sans-abris, vaches, chiens, chats… Si un réseau de transports en communs existe (bus, train, taxi et rickshaw), il est souvent dépassé par l’immense effectif de voyageurs. Et croyez-moi, l’expérience du train local ou du bus aux heures de pointe est sportive.
Pourtant, l’ambiance dans les compartiments est toujours vivante et conviviale (surtout dans les compartiments des femmes, séparées des hommes) : on discute, on échange, on en profite pour acheter des bijoux, des bricoles ou des samosas aux vendeurs ambulants, et on négocie sa place assise à grand coups de « Où est-ce que tu descends ? » « Ok, c’est MOI qui prends ta place après ! ».
Il y a beaucoup de monde dans les rues de Bombay !
Bombay ne s’arrête jamais, trafic ou pas, de jour comme de nuit, pendant la mousson ou les chaleurs estivales. Le travail est au centre de la vie, que l’on soit étudiant•e, employé•e de nuit dans un call center, cadre dans une multinationale, gérant•e d’une pharmacie ou vendeur•se de chai. Parce qu’on ne peux pas se permettre de s’arrêter ou de se plaindre et qu’on doit trouver une solution à tout malgré les obstacles, on innove toujours. Il y a même un mot pour cela : le « jugaad ».
Il y a vraiment une propension à l’optimisme et à l’acceptation de l’autre. Les challenges auxquels sont confrontés les Mumbaikars et l’énergie permanente donnent tout son sens à l’expression « l’union fait la force ». Demander de l’aide et engager la conversation avec des inconnus est facile. Quand on fait un voyage en train, on connait toute la vie de son compagnon de compartiment après trente minutes de voyage ensemble, et on doit poliment accepter de goûter au contenu de son dhabba (repas fait maison) qu’il nous offre gracieusement.
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Une culture débordante
Quand des amis viennent me voir et découvrent pour la première fois la ville, comme partout on va boire des verres et écouter de la musique. Et presque à chaque fois, leurs réactions sont « Je pensais débarquer en Inde »(sic), « Woaw, cette ville n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais ! » ou encore « Je peux mettre un short ?! ».
Si Bombay reste imprégnée d’une culture traditionnelle marquée par la pruderie et la sensibilité religieuse, elle reste la ville d’Inde la plus libérale. Par conséquent, une grande partie de la population a de l’énergie, de la créativité à revendre et un désir de se divertir à travers les arts, la musique ou le sport (petit à petit).
Il ne se passe pas un soir sans qu’il y ait un concert de musique électro, rock, métal, ska, reggae ou hip hop. Si de nombreux artistes internationaux viennent régulièrement expérimenter la chaleur et l’engouement du public indien, la scène locale de Bombay (comme Bangalore ou Delhi) est aussi variée et talentueuse, des artistes qui perpétuent l’héritage musical indien aux groupes aux sonorités fraîches, en passant par ceux qui mélangent les genres.
La nuit, Bombay vibre !
L’importance de l’art visuel passe aussi par la présence de nombreuses galeries comme la Chemould Prescott Road Gallery, Project 88 ou la Gallery Maskara qui se concentrent pour la plupart dans le quartier de Colaba. La scène street art et alternative est aussi dynamique notamment dans la quartier branché de Bandra dans lequel les centres culturels et collectifs artistiques fleurissent : The Hive , The Art Loft (géré par des Français) ou encore the Kulture Shop.
On y mange comme un Maharaja… mais aussi comme un Américain, un Népalais ou un Français
Question nourriture, la ville a de tout et pour tous les budgets (même si depuis février 2015 l’État du Maharashtra a banni le boeuf ). J’ai été surprise d’y trouver toutes les plus grandes célébrités culinaires mondiales. Vous y trouverez même des crêpes bretonnes made in France !
Pour ceux qui aiment découvrir la gastronomie locale, je vous conseille de goûter à la street food de Bombay : il y a les fameux chaats (encas) comme les pani puris (de petites bulles frites remplies de pois chiche et d’une eau sucrée-salée à la coriandre et au tamarin), les samosas (des beignets aux pommes de terre et aux petits pois), les vada paos (un petit burger local composé d’un beignet de pommes de terre entre deux tranches d’un petit pain moelleux). On y trouve aussi des mets en provenance de toute l’Inde et plus, comme les dosas (de grande crèpes fourrées d’Inde du Sud), les parathas (des galettes fourrées aux pommes de terres, oignons ou à la viande) d’Inde du Nord ou encore les momos (des bouchées à la vapeur) en provenance du Tibet.
Les dosas !
Au sud de Bombay on peut s’attabler à des cafés iraniens et parsis typiques ; bien qu’étant deux communautés différentes, leur origine iranienne commune se retrouve beaucoup dans leurs cuisines. On peut déguster du dhansak (un curry de viande ou de légumes et lentilles), de l’akuri (des oeufs brouillés épicés) et des biscuits.
Enfin, un des plaisirs d’habiter à Bombay, ce sont les jus, smoothies et lassi de fruits frais disponibles toute l’année !
Une architecture unique qui fait voyager dans le temps
Ses bâtiments gothiques font de Bombay une ville unique en Asie. Il y a par exemple le St Xavier’s College, l’une des écoles d’art les plus prestigieuses du pays qui a vu passer de nombreuses personnalités (comme Freida Pinto, la petite copine de Jamal dans Slumdog Millionaire). Dans le quartier de Fort, la Rajabai Tower et la Bombay High Court dominent un immense terrain de cricket.
L’héritage colonial est partout !
De plus, Bombay est la deuxième ville art déco au monde ! Ici pas de plages de sable blanc ou de filles en bikini mais des bâtiments originaux et décalés. Rendez-vous dans le quartier de Fort pour admirer le New India Assurance Building et ses sculptures. J’aime aussi particulièrement la Gateway of India, un mélange de néogothique et indo-islamique, construite en 1911 alors que le Roi Georges V et Queen Mary étaient de visite pour se faire proclamer Empereur et Impératrice de l’Inde (rien que ça).
Depuis l’esplanade, il est impossible de manquer le Taj Mahal Palace Hotel commissionné par Tata, un autre conglomérat indien (de l’acier jusqu’au mini-voitures).
Vous y trouverez aussi des bâtiments des années 80, 90 et 2000 : d’un quartier à l’autre on voyage dans le temps et les styles !
Et les projets les plus fous de la « Shining India » continuent d’émerger. En 2009, le Sea Link a révolutionné la vie des Mumbaikars avec un pont sur la mer qui relie la presqu’île à Bandra et évite de nombreuses heures dans les bouchons (pour ceux qui ont la chance de s’offrir son accès à 55 roupies).
Ses couchers de soleil
Port situé sur la côte de la mer d’Arabie, Bombay possède une situation privilégiée qui rend ses habitants ouverts, son horizon bleu azur et son ciel du soir orangé. De quoi finir d’intenses journées en beauté !
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