Moi, Harry Potter, il me colle de l’urticaire. Pourtant en plein dans la génération des petits sorciers, le courant magique n’est jamais passé entre lui et moi. Pourquoi ? Comment ?
Harry Potter en rageguy, bogosse ou pas ?
Quand le premier Harry Potter est sorti, j’étais au début du collège : ça commençait à faire le buzz dans la cour de récré, et tout le monde attendait qu’une chouette vienne l’inviter à faire ses gammes chez Poudlard. De mon côté, c’était déjà la guerre froide entre ce petit sorcier et moi. Quelques pistes pour expliquer le malaise.
1 – Je suis une littéraire, une vraie
Je dois avouer que ce petit 1 va directement rentrer dans le tas et enfoncer des portes ouvertes. Depuis ma plus tendre enfance, je suis une littéraire, j’ai toujours dévoré les bouquins et plus particulièrement les oeuvres de poésie. L’écriture, donc, c’est pas seulement une jolie histoire, mais aussi tout un tas de détails techniques qui peuvent faire dire « ça, c’est vraiment bien écrit ».
Pour un zikos de première, c’est un peu comme comparer des guitaristes par rapport à leur technique plutôt qu’uniquement sur leur mélodie. Harry Potter, donc, j’en ai soupé durant toutes ces années où mes petits camarades se la jouaient « hanlàlà Harry Potter…. intensité dramatique ! Psychologie des personnages ! Les descriptioooons ! ».
Alors bon, mea culpa, moi aussi j’en ai lu des bouses de styles et d’avant-gardisme mou de la teube, mais qu’on ne vienne pas me dire que dans Harry Potter on a là un vrai travail littéraire. C’est divertissant, point. Pas de quoi se fouetter le Ronsard.
2 – Harry Potter est une mijaurée
Harry Potter, c’est la Cosette du 21ème siècle, un esclave domestique des temps modernes, promis à un brillant destin. En clair, si Harry Potter en chie durant les premières années de sa vie, c’est parce qu’il est l’Élu, aka le grand sorcier que le monde de la sorcellerie attendait.
Le souci ? C’est que tandis qu’il remplissait pas trop mal son rôle de bonniche pour sa famille, ça devient carrément lassant quand le bonhomme nous la joue faussement modeste auprès de ses camarades sorciers. Je sais pas, tu t’es fait traiter comme une bouse toute ta vie, tu as ta revanche en apprenant que le monde n’attendait que toi, la première chose que tu fais est d’aller fanfaronner un bon coup.
Non non, Harry continue à se tourner le balai qu’il a dans les fesses, à grands coups de « gnéhééé laissez-moi tranquille, je ne suis qu’un simple sorcier tout mignon ». N’empêche que : le petit sorcier sans confiance sort bien sa grosse baguette pour buter de la créature maléfique. + 245 dans l’échelle de la mijaurée qui aime en fait se regarder le nombril.
3 – Harry Potter and friends = Totally Spies en moins girly
Restituons la chose : Harry Potter, sa copine chevelue et son pote rouquin sont des petits élèves d’une école qui est censée recueillir la crème de la crème en matière de sorciers. Les profs n’en sont quand même pas à leur premier sort venu, le directeur a un peu 14 siècles de magie derrière lui, bref, c’est pas de la gnognotte, les autres personnages.
Mais non, dans cet univers où un simple coup de baguette et une phrase en latinus cretinus horripilus semblent suffire à transformer une fille en bouillie de cervelle, PERSONNE ne peut sauver l’école/le monde/les autres sorciers/ta mère à part trois gamins de 12 piges. Évidemment, trois mioches qui apprennent leur leçons valent mieux que tout le panthéon sorcier réuni.
En gros, après avoir regardé Les Intrépides, Fantômette et autres gosses surdoués pour démanteler des associations terroristes sans arme à feu ni risque de se faire briser les genoux, on a voulu nous faire croire que dans le monde magique, c’est pareil. Totalement crédible, donc.
4 – Quand même, on nous prendrait pas pour des vaches à lait ?
Quand les livres sont sortis, j’étais encore une brebis innocente. Petit à petit, le démon du capitalisme a pris le dessus sur Harry Potter, jusqu’à en faire l’écoeurante machine à fric que l’on connait aujourd’hui. Ma première percée dans le dégoût total du merchandising Potterien a pris forme le jour où un mec du collège est venu, tout fier, avec une écharpe aux couleurs de Gryffondor. Tous les gamins étaient donc en pâmoison devant une bête écharpe bicolore payée sans doute un rein.
Aujourd’hui, l’épisode de l’écharpe paraît bien obsolète devant les jeux vidéos, les divers articles de vaisselle, fringues, agendas et j’en passe. Après avoir vu la tronche du jeune Harry déformée par toutes les illustrations possibles de son faciès, c’est officiel : c’est juste un petit mec à lunettes qui a décidé de se placarder partout. Et qui amène inévitablement au point 5.
5 – Mais oui, je vous jure : Harry Potter n’existe pas
À force d’apercevoir Harry Potter partout, comme un être réel, pas mal de gens sont presque convaincus de son existence. C’est ainsi que certaines de mes camarades de prépa m’avaient avoué se sentir oubliées par la fameuse chouette pour leur entrée à Poudlard. Ok, à 11 ans, je ne m’inquiète pas. À 18, c’est déjà un peu plus flippant. Pire encore, ce pauvre Daniel Radcliffe qui subira toute sa vie l’image du sorcier, même s’il a essayé de faire une pièce de théâtre tranquille à oilpé avec des chevaux. Ne parlons même pas d’Emma Watson qui, dernièrement en coupant sa tignasse, fut accusée d’avoir tué Hermione. Pauvres petits personnages.
6 – Ce sont tous des flippettes
Honnêtement, soyons clairs : dans Harry Potter, on ne peut pas vraiment dire que les personnages sont méga courageux et d’une fantaisie no limit. En gros : les sorciers ont droit de faire deux-trois sorts mortels une fois tous les 42 jours, puis le reste du temps ils s’en servent uniquement pour faire quatre étincelles, faire apparaître un gâteau ou déboucher les toilettes. Quel est l’intérêt de leurs pouvoirs, hum ?
Ne parlons même pas de Voldemort, censé être le plus méchant des dangereux sorciers de ce monde, qui de une : n’est pas capable de buter un gamin, et de deux : n’a même pas été foutu de le retrouver avant une administration scolaire et sa fameuse chouette qui déchaîne les passions.
De plus, autant avouer que rien que dans le choix des noms, tout est cousu de fil blanc : on se doute d’avance qu’avec un nom comme Serpentard, ça ne peut être qu’un repère de putasses, et que Poufsouffle, ça sent le gros pépère qui un jour égarera sa baguette dans le RER. Et genre, pour Harry et ses potes, ça ne parait pas évident du tout, non non. Ils sont trop occupés à faire apparaitre des choses inutiles, pardon.
En clair, Harry représente pour moi un peu toutes les qualités du naze du coin, avec un élément en plus : celui de se tâtouiller le slip qu’il sait avoir bien rempli. Alors écoute-moi, jeune Potter : sors-toi les doigts du fessier, viens nous montrer que t’es un dur, un vrai, et peut-être que j’arrêterais de croire que ta vie ne tourne qu’autour de tes complexes. J’ai bien dit « peut-être ».
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Les Commentaires
Je ne reviendrais pas beaucoup dessus, tout à été dit. On a bien le droit de ne pas aimer une œuvre, mais c'est vrai qu'il aurait été appréciable de lire des critiques intéressantes et fondées... (et pour un troll je trouve ça bien virulent tout de même).
Mais j'aimerais parler du fait que j'ai lu de nombreuses fois dans les commentaires que "blabla Harry c'est un héro banal avec le schéma classique de l'élu".., oui. Et ce n'est pas spécifique à l’univers de Harry Potter. Au contraire, c'est un concept littéraire très connu (donc je lève un peu les yeux au ciel quand ce reproche est fait de la part de "vraies" littéraires -c'est quoi une vraie littéraire ?-) : le héros aux milles et un visages, encore appelé le Monomythe.
On peut critiquer ce concept et son ethnocentrisme - même s'il faut admettre qu'il est applicable à beaucoup d'histoires antiques et modernes-, mais il faut comprendre ce concept et le pourquoi du comment ce schéma narratif est aussi commun avant de critiquer une œuvre qui l'utilise En fait, il est plus intéressant de critiquer ce schéma (mais il faut du coup se pencher sur plein d’œuvres classiques, pas que sur la littérature jeunesse) que de critiquer ses nombreuses illustrations, faire l'inverse est assez absurde
Personnellement, j'exige beaucoup de rigueur de la part des critiques de Harry Potter, parce que la plupart de ces critiques sont faîtes sur le surface des livres, et n'aboutissent pas d'une réelle recherche... Par exemple, une des critiques les plus courante est celle du manichéisme de l’œuvre. Sauf que ce manichéisme n'est présent que dans les premiers tomes, et c'est bien normal : l'histoire se déroule du point de vue interne d'un enfant de 11 ans. On voit le monde à travers ses yeux, et voir le monde de façon manichéenne est tout à fait normal pour un enfant de cet âge On constate donc une évolution de ce point de vue tout le long de l’œuvre, au fur et à mesure que le héro murit : notamment à travers les personnages que Harry déteste au départ, comme Draco, Snape, Dudley, et évidemment Voldemort, mais aussi à travers les figures "idéalisées" de Harry : Dumbledore, Ron, Sirius... Peu à peu, il abandonne la dichotomie "gentil / méchant", il comprend que tout n'est pas blanc ou noir, et on peut lire une réflexion intéressante sur le déterminisme et la notion de choix.
Voilà pourquoi je suis très exigeante envers les critiques : il faut avoir vraiment lu pour émettre un jugement qui tient la route (et il y en a, il y a des choses critiquables dans HP)
(Par exemple, quand j'étais au collège, j'avais suivi le mouvement et descendu Twilight. Une fan m'avait dit "tu ne peux pas critiquer Twlight sans avoir lu et chercher à comprendre tous les tomes !", et... elle avait raison. Alors j'ai lu et cherché à comprendre tous les tomes afin de pouvoir donner un avis éclairé dessus. J'encourage tout le monde à en faire de même avant de critiquer quoi que ce soit !)