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Grossesse

Pour moi, la PMA n’a pas fonctionné

Cette lectrice de Rockie, atteinte d’endométriose, est allée au bout du parcours PMA avec son mari. Et pour eux, il n’y a pas eu de happy end.

Il y a quatre ans et demi, quand j’ai commencé à faire des tests de fertilité, mon mari et moi essayions de faire un enfant depuis un an.

On m’a alors proposé de passer une échographie pelvienne endovaginale. Et là, alors que j’étais à moitié nue sur une table de gynécologue avec une sonde dans un endroit stratégique, la médecin échographe m’a annoncé, sans aucun ménagement, que j’étais atteinte d’endométriose.

Je ne ressentais pourtant pas de douleurs fortes pendant mes règles, mise a part à l’adolescence où là c’était rock n’ roll. Je n’avais pas eu de signes avant-coureurs, mais les lésions étaient bien visibles sur l’échographie et elles pouvaient expliquer mon infertilité.

Ma gynéco de ville, en qui j’avais toute confiance, m’explique que ce n’est pas grave, qu’un chirurgien va nettoyer tout ça et que tout ira bien.

Me voilà donc à l’hôpital, pas très rassurée, mais pas non plus inquiète, avec un chirurgien qui a l’air d’avoir dix ans de moins que moi. Il me dit que mon endométriose a atteint mes ovaires et que dans ces conditions il était préférable, si je voulais un enfant, de ne pas m’opérer pour ne pas réduire la taille de mes ovaires et de consulter une spécialiste de la Procréation Médicalement Assistée (PMA).

Le début du parcours PMA

Après des semaines de doutes, nous avons rencontré une gynécologue spécialiste de la reproduction qui travaillait dans l’hôpital. Elle nous conseille de nous diriger directement sur des Fécondations In Vitro (FIV).

Et là, c’est le drame, car dans un coin de ma tête j’espérais qu’elle nous dise qu’en fait nous allions y arriver naturellement, ou peut-être avec une petite stimulation, mais non, il fallait sortir l’artillerie lourde dès le départ.

En France, les quatre premières FIV sont prises en charge par la sécurité sociale. Donc, en gros, on a quatre chances que ça marche et si on veut continuer au-delà, ça coute très très cher.

On quitte le cabinet avec une nouvelle batterie de tests à faire et un rendez-vous trois mois plus tard avec une sage femme qui nous indiquera la marche à suivre.

Je digère doucement la nouvelle et commence à consulter des forums spécialisés. (Oui, je sais, les recherches internet sur les sujets de santé c’est moyen, mais là il y a des femmes qui passent par les mêmes étapes que moi et d’autres qui tiennent déjà leur bébé dans leurs bras et ça me rassure).

Trois mois se passent et nous avons rendez-vous avec le biologiste, qui confirme, au vu des examens, que l’infertilité ne vient pas de mon mari. Il nous explique un peu le déroulé avec des pourcentages de réussite.

Moi, forte de mes lectures sur le web je ne suis pas étonnée et pas trop inquiète. Mise à part une femme qui en est à son troisième essai, toutes les filles que je lis tombent enceintes les unes après les autres.

Si les premières inséminations artificielles remontent au 19ème siècle, le premier enfant conçu par fécondation in vitro en France est né en 1982. Les chances de grossesse par tentative varient selon la technique utilisée. Quand il n’y a pas de dons de gamètes, ils sont de :

  • 23% pour les FIV (Fécondation In Vitro)
  • 22% pour le transfert d’embryons congelés
  • 13% pour l’insémination artificielle

Ces pourcentages sont un peu meilleurs pour les tentatives avec don de sperme ou d’ovocytes, mais restent aux alentours de 30%. En 2016, il y a eu environ 148.000 tentatives d’assistance médicale à la procréation. Source : Agence de la biomédecine.

Parcours PMA : c’est parti pour les injections et les échographies

Ensuite, lors d’un autre rendez-vous, la sage femme me donne une ordonnance avec les médicaments à injecter dans mon ventre pour stimuler mes ovaires, la date de début de stimulation et la date de la première prise de sang/échographie à faire pour voir si tout se passe bien.

Je choisis de ne pas me faire les piqures moi-même et de passer par un cabinet d’infirmières de ma ville. Et là, commence quinze jours de piqûres (entre deux et trois) quotidiennes. Ça ne fait pas mal et je ne souffre pas trop de changements d’humeur suite à toutes ces hormones injectées, mais bon il faut quand même être à 18H tous les jours au cabinet.

Après de nombreuses échographies et prises de sang, on m’annonce que ça s’arrête là pour ce traitement, mes ovaires ne répondent pas correctement. Première douche froide. Mais comme c’est un échec dès le début, ça ne compte pas comme une FIV donc on a encore nos quatre chances.

La gynéco nous reçoit et nous dit qu’elle va changer de « protocole » et que ça devrait aller. J’attends qu’un cycle recommence et zou, c’est reparti pour les piqûres. Cette fois, ça marche, on va me faire ce qu’on appelle une ponction c’est-à-dire qu’on va aller récupérer tous les ovocytes produits par mes ovaires durant cette stimulation.

Le parcours PMA se complique : une première tentative de FIV ratée

Après une dernière piqûre, j’ai rendez-vous à l’hôpital à 8h du matin avec mon mari. On attend sagement notre tour jusqu’à 11H. Je pars au bloc, mon mari au laboratoire pour recueillir son sperme et comme j’ai eu une anesthésie générale on attend quelques heures avant que je puisse sortir. Comme j’ai de l’endométriose, mon gynéco préfère me faire un transfert d’embryons différé.

Au bout d’une semaine, on apprend que 3 embryons ont survécu pendant les 5 jours de congélation. Transfert le mois suivant. Je suis hyper enthousiaste, dans 10 mois (9 +1 d’attente) je tiendrais mon bébé rêvé dans mes bras.

Le jour du transfert arrive et tout se passe bien, il ne reste plus qu’a attendre dix jours pour faire la prise de sang pour savoir si l’embryon s’est accroché.

L’attente est très dure, surtout que je ne bosse pas à ce moment là. Je tourne en rond et puis le jour J arrive enfin et… deuxième douche froide, c’est négatif. On me fera deux autres transferts pour cette FIV là (et oui, trois embryons ont été congelés) mais la grossesse ne démarre pas.

Le parcours PMA, une sorte de cauchemar pour la bonne cause ?

Et là, on enchaîne avec presque quatre ans de doutes, d’espoirs, de découragement, de piqûres, de prises de sang, d’échographies avec rendez-vous à 8h à l’hosto sans avoir la certitude que je passerais avant dix heures.

Les sages femmes donnent des rendez-vous toutes les 5 minutes aux dizaines de femmes qui passent l’échographie le même jour que toi et évidemment, elles prennent du retard parce qu’un déshabillage, plus une écho plus un rhabillage ça met plus de 5 minutes.

Pendant les périodes de stimulation, j’expose plusieurs fois dans la semaine mon intimité aux soignants qui ne sont jamais les mêmes.

Quand je dois passer au bloc pour la ponction, c’est sous anesthésie générale parce qu’avec de l’endométriose sur les ovaires, c’est impossible de le faire sous anesthésie locale. Bref, je l’ai vécu comme une sorte de cauchemar dont on se remet parce que c’est pour la bonne cause.

La peur que ça ne marche pas n’étais pas vraiment présente chez moi parce sur les forums très peu de femmes viennent témoigner de leur échec. Dans la presse, il n’y a pas beaucoup d’articles qui évoquent le fait que ça puisse ne pas fonctionner.

L’ultime chance du parcours PMA… et l’échec

Plus les FIV passent et plus l’ombre de l’échec s’intensifie. On essaie de ne pas y penser, mais quand même c’est toujours présent. Et puis vient le jour du dernier transfert, de l’ultime chance.

Quand le résultat négatif tombe, c’est toute ta jeunesse et tes rêves d’ado qui tombent avec lui. Pas de bébé pour nous, on ne sera jamais parents. Autant dire que la pilule ne passe pas.

Aujourd’hui, ça fait six mois que le parcours est terminé et je ne réalise toujours pas. Je me dis parfois qu’un bébé miracle arrivera un jour ou l’autre, mais je me raisonne en me rappelant les 7 embryons transférés avec aucune accroche (et oui, arrive un moment ou on espère presque une fausse couche pour nous prouver qu’il peut s’accrocher et que le prochain sera le bon) et les 4 mois qui me séparent de mes 40 ans.

Mon mari ne voulant pas adopter, nous avons commencé tous les deux à faire notre deuil d’être un jour parent. Et c’est difficile.

Alors, j’ai envie de dire « oui à la PMA pour toutes » (je le crie même), mais attention à ne pas se faire trop d’illusions : le chemin est blindé d’embuches et le rêve n’est pas toujours au bout du voyage.

Et toi, tu es passé·e pas un parcours PMA ? Comment l’as-tu vécu ? Viens en parler dans les commentaires.

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