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Les madmoiZelles parlent de leurs poils à l’arrivée de l’été (2/2)

En 2019, l’acceptation des poils des femmes par elles-mêmes et par la société est toujours un sujet. Et pendant l’été, il est encore plus d’actualité. Des madmoiZelles racontent leurs anecdotes !

La semaine dernière je vous partageais la première partie des anecdotes des madmoiZelles sur leurs poils cet été.

Dedans il y avait le témoignage de Clara, qui m’a donné l’idée de vous solliciter pour parler de votre choix de vous épiler ou non, et de comment vous le vivez en société.

Voici donc la deuxième partie de vos témoignages !

Arrêter de s’épiler quand on a une forte pilosité

Bien sûr, nous ne sommes pas toutes égales quand il s’agit de nos poils. Certaines sont plus ou moins poilues, ont le poil plus ou moins dru et plus ou moins foncé.

Lina est en première, et elle a beaucoup de poils. Elle a commencé à s’épiler assez jeune, en remarquant qu’elle avait des poils là où ses copines n’en avait pas :

« Vers mes 12 ans, j’ai commencé à vouloir m’épiler, au moment où je me suis rendue compte du regard des autres et de la présence de ces poils, que les autres filles n’avaient pas.

Ma mère n’a jamais voulu que je me rase, c’était donc soit à l’épilateur, soit à la cire. Je m’épilais donc les jambes et les aisselles (je n’ai jamais pu faire le maillot tellement je souffrais !).

J’ai une pilosité plutôt forte et les deux méthodes étant super douloureuses je redoutais et repoussais ce moment de plus en plus au fil du temps.

Ce qui bien sûr entraînait des remarques, autant de mes potes que de ma famille, et bien sûr au lycée.

Maintenant je m’épile toujours les bras, par choix tout simplement parce que j’en ai vraiment envie. Par contre j’ai totalement lâché prise sur les jambes !

D’abord par flemme, puis en me rendant compte de la portée revendicatrice que ce geste peut avoir, pour se libérer et changer les mentalités !

Mon regard sur moi-même commence à changer, tout en changeant les avis de mes amies, et ça c’est chouette ! »

C’est une histoire familiale douloureuse que Léna, 18 ans, m’a racontée à propos du poil. Pour les femmes de sa famille, ils ont toujours été un vrai sujet :

« Les femmes de la famille du côté de ma mère ont toujours subi la malédiction du poil : nous sommes brunes, avec les cheveux très épais, donc beaucoup de poils sur les bras, sur les jambes, et même sur le visage.

Autrement dit : tout pour être bien en tant que femme vivant sous le joug des diktats et du patriarcat.

Ma grand-mère se brûlait les poils de bras au-dessus du gaz pour les enlever, ma mère s’est ruinée en épilation électrique pour son visage à mon âge (dans les années 80, c’était hors de prix et très douloureux).

Sans que je ne demande jamais rien, ma mère a commencé à m’épiler les sourcils à 8 ans et les jambes à 12 ans.

Aujourd’hui, j’essaye de me défaire de ce carcan de cire, parce que j’en ai marre que mon éducation me fasse percevoir les poils comme quelque chose de laid et sale.

J’ai du mal avec le regard des autres, mais je me suis quand même laissée pousser les sourcils et les poils de jambes. Ma mère trouve que c’est du laisser-aller, surtout en été, et une de mes amies se moque sur la plage.

De mon côté, j’essaye tant bien que mal de m’accepter comme je suis, et je regrette amèrement que les valeurs de sororité qui me sont chères ne valent rien aux yeux de mes proches.

Ce serait tellement plus facile si on se serrait les coudes entre femmes. »

Arrêter de s’épiler : sororité et jugement

Puisque Léna en parle, il me parait important d’insister sur le fait que les hommes n’ont pas le monopole du jugement quand il s’agit des poils.

Les femmes sont parfois les pires juges sur le sujet, et Louna, 17 ans, en parle très bien. Aujourd’hui elle se sent bien avec ses poils, mais elle est passée par plusieurs étapes :

« Quand j’ai commencé à avoir des poils, j’ai d’abord décidé de les enlever, parce que c’était « moche » et qu’une fille ne devait pas en avoir. Je crois que je pensais que je ne pourrais pas trouver de petit ami ou séduire des garçons avec.

J’ai donc eu recours à la crème dépilatoire quelques fois. Avant de réaliser que c’était chiant, coûteux et au fond… Inutile.

J’ai fait du karaté pendant 2 ans. Un jour dans les vestiaires, j’ai ouvertement dit aux autres filles que je ne m’épilais pas. Le CHOC.

J’ai alors eu droit à des réflexions du genre « mais c’est pas hygiénique ! » ; « et pour les règles tu fais comment ?! » ; « bah, faut le faire quoi, c’est la féminité… » ; et une des filles a continué à en parler avec une amie à moi lorsque je n’étais pas là.

Comme si ça devait être une raison pour ne pas me parler.

Alors oui, ce n’était pas super agréable à entendre, mais qui étaient ces filles pour moi ? Personne. Alors j’ai ignoré, je n’ai pas réagi, et aucune de ces filles n’est revenue me chercher des poux (ou des poils, ha ha). »

Heureusement, parfois nos amies sont nos plus fidèles alliées, et grâce à elles on arrive à dépasser ses craintes et mieux s’accepter.

Manon a 21 ans, et c’est une touchante anecdote de solidarité féminine poilue qu’elle raconte :

« J’ai pas mal de poils, assez bruns, et assez drus. Généralement je ne m’en occupe pas trop, les aisselles je les rase de temps en temps pendant l’été pour ne pas trop sentir la transpi.

Mais mes jambes et mon petit buisson (attention ceci est un euphémisme) sont assez libres toute l’année.

L’été dernier, j’ai passé dix jours en woofing avec une très bonne amie, près de Rochefort. On était dans une caravane, à récolter des légumes, prendre des douches solaires et manger des fourmie toute la journée, c’était super sympa.

Bien sûr mes poils étaient de la partie, je n’allais certainement pas m’embêter à les enlever alors que j’allais encore passer 3 semaines dans la ferme, vraiment pas ma priorité (déjà que je me lavais à peine les cheveux…).

Avant que mon amie parte, on décide d’aller passer un aprem à la plage. Le matin, elle vient me voir et me demande si je compte m’épiler le maillot. Je lui réponds que non pas du tout, ça ne m’était même pas venu à l’esprit.

Rassurée, elle me dit qu’elle n’est jamais allée à la plage sans s’épiler le maillot mais qu’elle a envie de le faire, et que si on y va toutes les deux comme ça, elle se sentirait mieux.

On est donc parties toutes les deux à la plage, avec nos toisons luxuriantes dépassant de nos maillots de bain et personne n’en avait rien à faire.

J’étais même fière de pouvoir être « la pote qui a plein de poils avec laquelle tu peux mieux assumer les tiens à la plage » ! »

Arrêter de s’épiler : les anecdotes du quotidien

Il y a des évènements banals de la vie qui nous font douter de notre choix de garder nos poils… Aller à la salle de sport, à la piscine, chez le médecin, ou bien chez l’ostéopathe, pour Noémie, 18 ans.

Elle raconte :

« Cet été, j’ai décidé de garder mes poils, que ce soit aux jambes (ce que j’avais déjà fait) ou aux aisselles (petite nouveauté de l’année).

Je me disais que ça n’allait pas être un grand problème cet été car je partais pour un stage en Afrique du Sud, en hiver donc, leur visibilité ne serait pas quotidienne, tout irait pour le mieux.

Mais il s’avère que m’étant fait mal au dos avant le départ, je suis allée chez un ostéo, sans trop me soucier de leur présence.

Puis quand il m’a expliqué au bout d’un moment qu’il allait me masser un muscle profond qui se trouvait dans l’aisselle, j’ai été quelque peu troublée.

Heureusement cet ostéo massait beaucoup les yeux fermés, et puis finalement je me suis surtout dit que c’était un bon cap de passé pour accepter totalement de vivre ma vie et mon été avec mes poils ! »

L’été, c’est aussi la saison des festivals, et donc le moment de cramer sous le soleil devant nos artistes favoris, Héloïse raconte comment elle a vécu cet évènement avec des poils :

« J’ai 15 ans et il y a quelques semaines je suis partie à mon premier festival.

J’avais prévu ma tenue longtemps à l’avance et, comme haut, j’avais choisi une brassière (on voyait donc mes aisselles).

Et je dois dire que les moments où j’étais le plus à l’aise durant ce festival étaient lorsque qu’on levait tous et toutes les mains en l’air pour s’enjailler sur la musique.

C’est vrai qu’il y a eu des regards mais cela n’a fait que renforcer mon envie de continuer et je suis heureuse de ne pas m’être rasée au dernier moment avant de partir au festival, car j’y ai pensé c’est vrai ! »

Si toi qui lis ces lignes, tu tends petit à petit vers un quotidien sans aucune épilation, mais que tu as encore des doutes…

Je te laisse lire le témoignage d’Anna, à la fois drôle et horrible, qui pourrait te dissuader de te raser pour toujours pour ta survie !

« Généralement le reste de l’année je laisse mes poils faire leur vie en les raccourcissant de temps en temps.

J’allais partir pour trois semaines et j’ai donc eu l’envie de me raser les aisselles pour me sentir mieux face au regard des autres. J’étais donc sous ma douche et j’avais oublié d’ouvrir la fenêtre de la salle de bain.

Ma douche avait duré un peu plus longtemps que d’habitude et la salle de bain était complètement embuée. J’ai pris mon rasoir et j’ai commencé à me raser l’aisselle droite, mais sans doute à cause de la chaleur et de l’humidité, ma tête a commencé à tourner.

J’ai vite réalisé que je faisais un malaise vagal. J’ai appelé ma mère au secours qui se trouvait au rez-de-chaussée. Elle est arrivée et m’a mise les pattes en l’air à moitié nue pour rediriger mon sang vers ma tête.

Je me suis calmée et je suis repartie faire autre chose. Avez-vous noté ? Hé oui je n’ai toujours pas rasé mon autre aisselle, me laissant un style asymétrique assez particulier que j’ai fini par adopter. (Surtout parce que j’ai la flemme).

Morale de l’histoire, faites ce que vous voulez avec vos poils, mais n’oubliez pas d’ouvrir votre fenêtre lorsque vous prenez de longues douches pour ne pas mourir en chutant à cause d’un malaise ! »

Faites ce qu’il vous plait avec vos poils toute l’année !

Évidemment, comme à chaque fois, je n’ai pas pu partager la totalité des histoires que vous m’avez envoyé. Mais ce qui est sûr c’est que vous êtes toutes d’accord sur plusieurs points :

  • Avoir des poils, c’est naturel, sain, et non pas sale (au cas où c’était encore nécessaire de le dire)
  • S’épiler ou non doit être une question d’envie et de choix, et non pas de honte et de contrainte
  • Ne pas s’épiler n’empêche absolument pas d’avoir une vie sexuelle et/ou amoureuse épanouie !
  • Notre relation à notre corps et nos poils évolue en permanence, la clé est d’être bienveillante avec soi-même et avec les femmes qui nous entourent !

Merci encore à vous toutes pour votre participation, et pour celles qui auraient raté le coche, les commentaires sont ouverts !

À lire aussi : Comment j’ai arrêté d’angoisser sur mes poils et appris à aimer le cunni non-épilée

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