Il y a quelques mois, j’ai rencontré Marylin lors d’une Grosse Teuf, ou plus exactement lors du before qui avait lieu dans les locaux de madmoiZelle.
Elle portait une robe de sorcière digne de Poudlard, mais très vite dans la conversation ce n’est pas sa tenue magi-compatible qui fut au centre de l’attention, mais l’une des activités qu’elle pratique en parallèle de son métier de publicitaire : modèle pin-up.
Elle pose donc pour des photographes généralement dans un univers rétro. J’étais hyper-intriguée, donc je lui ai proposé de m’écrire, et après quelques péripéties elle m’a donné rendez-vous dans les locaux de Commune Image, pour que j’assiste à un shooting.
En arrivant, j’imaginais qu’on allait m’indiquer une salle dédiée, un studio. Mais en réalité, c’est l’intégralité des locaux qui ont été le théâtre des prises de vues, et pour cause : l’univers y est très rétro.
Ses débuts de modèle photo
Marylin m’explique qu’elle a commencé à poser ponctuellement pour des photos il y a sept ans, avec un ami photographe, sans référence à un quelconque univers pin-up. Son premier shooting, elle s’en souvient très bien.
« C’était un shooting en lingerie rouge, avec beaucoup de bougies rouges aussi, allumées dans le décor. J’ai toujours été à l’aise avec mon corps alors ça ne m’avait pas posé de problème. »
Elle avait 19 ans, et à l’époque, la quantité de maquillage qu’on lui avait appliqué l’avait presque choquée.
« Mais aujourd’hui, je sais qu’en photo, c’est normal, ça ne se voit pas tant que ça. »
À ce moment-là, elle avait un book en ligne, même si aujourd’hui elle passe principalement par des groupes Facebook pour trouver des photographes avec qui collaborer.
Comment devient-ton modèle pin-up ?
Un jour, on lui a proposé un shooting façon univers pin-up. Elle n’avait jamais testé, et ne connaissait l’univers que de loin – notamment de par son prénom, qu’elle partage avec… Marylin Monroe.
« J’en ai fait un, et j’ai vraiment aimé ! »
Très vite, elle a inventé son propre style en mêlant des univers.
« J’ai grandi avec trois grands frères, baignée dans une culture geek.
Quand j’étais jeune, je jouais à un tas de jeux vidéo, j’avais plein de posters dans ma chambre et je dessinais beaucoup dans l’univers de fantasy et de science-fiction.
Lorsque l’univers pin-up a débarqué dans ma vie, avec son esthétique coloré, je me suis dit « tiens, ce serait marrant de marier les deux, par exemple de mettre un jean taille haute avec ce tee-shirt Star-Wars – des tee-shirts que j’ai commencé à collectionner vers mes 20 ans ».
Je crois qu’en mixant les deux, j’obtiens vraiment un style qui me ressemble. »
Le jour où je l’ai rencontrée, par exemple, elle a débarqué en robe Pac-Man, avec un maquillage oeil-de-biche-x-rouge-à-lèvre dont elle a fait sa marque de fabrique, avec de quoi accessoiriser le tout.
« J’ai constitué ma garde robe au fur et à mesure, il y a des choses comme les tee-shirts dont je parlais ou les bandanas que j’ai toujours eues, mais je l’ai agrémenté en passant surtout par Etsy, même s’il y a aussi belldandy.fr ou encore lageekerie.com.
En fait, j’ai très peu de tenues « vintage » à proprement parler, elles ne sont pas d’époque alors que beaucoup de personnes qui affectionnent cet univers utilisent des tenues déjà portées, qui datent vraiment. »
En même temps, je doute qu’on portait des soutien-gorge Zelda, à l’époque !
Comment se déroule un shooting ?
Sur ce shooting, Marylin avait emmené sept tenues, pour autant de séances de prises de vues.
« En général, j’en emmène trois mais aujourd’hui le décor est grand, il y a des possibilités, et on a du temps. »
Si cette fois-ci le thème était très vaste, il y a parfois des demandes spécifiques, comme ce shooting Cruella réalisé il y a quelques semaines !
Pour elle, un shooting dure entre deux et quatre heures. Aenia Smith, la photographe qui l’accompagne pour celui-ci et avec qui elle travaille régulièrement me précise qu’elle fait partie de ces modèles super-efficaces, qui se changent en un temps éclair.
Et à chaque changement, c’est un nouveau personnage qui émerge :
« Je faisais du théâtre, et j’ai commencé la photo car j’aimais créer un univers.
C’est aussi ça qui me plaît dans le fait de poser comme une pin-up : l’univers dans lequel j’exagère les moues, les expressions, les poses… »
Et elle fait ça avec une facilité déconcertante, parfois c’est elle qui décide de sa pose, du décor, parfois elle suit les indications d’Aenia…
Et l’univers pin-up, à quoi est-ce que ça ressemble ?
En parlant des poses, on en vient à aborder ce qui l’attire exactement dans l’univers pin-up :
« C’est vraiment l’esthétique que j’aime, ces couleurs.
Même si j’aime bien l’histoire de cette période, je ne suis pas du tout empreinte d’une quelconque nostalgie : à l’époque, c’était pas évident d’être une femme en général, alors que j’accorde énormément d’importance à mon autonomie et à ma liberté. »
Ce qui plaît à Marylin et qui peut sembler paradoxal au premier abord, c’est aussi le côté ingénue.
« J’adore cet aspect innocent-mais-sexy, le fait d’être sensuelle, malicieuse, sans en montrer énormément, c’est quelque chose qui me plaît.
L’important c’est de s’assumer, à l’époque ça faisait très femme-objet mais aujourd’hui, décider de poser en pin-up c’est aussi prendre possession de son corps.
Quel est le problème si c’est le modèle qui le décide, puisque de toute façon, on montre notre corps uniquement si on le souhaite ? »
Le milieu pin-up, un milieu body-positive ?
Pour elle, c’est un milieu où il y a une forte solidarité féminine. Elle apparaît souvent dans des magazines comme Pure Vintage ou Pure Pin-Up, mais n’a jamais réellement été confrontée au sexisme – ou même à des remarques vraiment négatives en général.
« En fait, lorsque les gens voient une pin-up, ils sont toujours contents.
On ne passe pas inaperçu, on suscite une curiosité, mais c’est toujours bienveillant ! »
Dans sa vie quotidienne, Marylin n’est pas toujours en total-look pin-up, mais elle essaie souvent d’avoir un rappel : elle porte toujours au moins un bandana, qu’en général elle accorde avec une robe swing ou un jean taille-haute, et éventuellement sa coiffure avec un petit Victory Roll.
Il lui arrive même qu’on l’arrête pour… prendre une photo avec elle.
« De manière général, le corps des pin-up n’est pas vraiment jugé, c’est l’un des milieux, où par exemple les formes sont largement acceptées ! Pas besoin de faire un 36 ! »
Et d’ailleurs, les corps et silhouettes ne sont que très rarement retouchées.
Aenia Smith m’explique que si elle travaille la lumière, elle ne retouche pas un corps à moins que ce ne soit à la demande expresse du modèle.
Si l’univers t’intéresse, tu peux donc suivre Marylin sur son Facebook, ou son Instagram, ou bien encore jeter un œil à la revue Pure Vintage Magazine dont elle est l’une des ambassadrices pin-up !
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