Mon père, cet extra-terrestre
Durant mon enfance, c’était plutôt marrant d’avoir comme modèle paternel une sorte d’ami qui avait toujours des mots bizarres dans la bouche, comme « alakamapitigrufundut », « superkagilistikespialidocious » et autres onomatopées contractées et imprononçables.
Il nous faisait toujours attendre des heures au fast food pour avoir son hamburger sans fromage et des frites accompagnées de caramel pour les tremper dedans, et il nous déposait, mes amis et moi, devant le collège en klaxonnant à bord d’un vieux 4×4 décapotable… Impossible de passer incognito !
Sa devise était plutôt parlante :
« Grandir ? Pourquoi faire ? »
Cette façon d’être me faisait bien marrer, jusqu’à ce que l’adolescence vienne me dire que j’étais censée me fondre dans la masse pour être « normale ». Combien de fois je l’ai rejeté et je me suis énervée contre lui, qui m’empêchait d’être comme les autres avec ses pitreries constantes…
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La distance s’est fait de plus en plus ressentir entre nous, jusqu’à ce que ma mère tombe malade. Mon frère ayant déjà quitté la maison, nous nous sommes retrouvés seuls tous les deux face à la détresse du cancer. C’est durant cette période que j’ai réalisé qu’en-dessous de son masque de clown se cachait un homme sensible et aimant.
J’ai alors fait la connaissance de mon papa, à 17 ans.
Depuis, une belle complicité s’est installée. La difficulté de l’épreuve que nous avons surmontée est notre réussite, et nous partageons d’autant plus de fous rires. Et vous savez quoi ? Maintenant il m’arrive de recréer ses extravagances, et je me fiche du regard des gens.
Il est fort mon papa.
Un dimanche après-midi comme les autres.
Mon père, de la distance au soutien
Mes parents ont divorcé quand j’avais 9 ans. À l’époque j’étais relativement proche de mes deux parents ; chacun avait son rôle bien défini dans la famille et je ne me posais pas de questions. Mais quand ils ont divorcés, c’est devenu un peu plus flou. Je ne comprenais pas trop, parce que j’étais petite, et que je n’avais pas entendu parler de divorces avant.
Au fil du temps c’est devenu compliqué avec mon père : je ne le voyais que quatre jours par mois, et notre relation était assez maladroite. Il ne savait probablement pas comment s’y prendre avec les ados que mes soeurs, mon frère et moi devenions. Je me suis éloignée de lui, ne communiquant plus beaucoup. Du coup je ne le connaissais plus très bien.
De plus, de nous quatre, c’était moi qui ressemblait le plus à notre mère, et mon père a toujours eu plus de mal avec moi. Je n’étais par exemple pas une grande scientifique alors que lui, si.
Plus les années ont passé, et plus mon père est devenu une personne quelconque. J’aurais voulu avoir une relation comme les autres, mes amis, en avaient avec leurs pères. Mais il y avait toujours de la gêne, des conflits, de la maladresse… parfois j’étais presque timide face à lui. Étant de nature très sensible, c’était quelque chose qui m’affectait beaucoup. Surtout que j’étais proche de ma mère, et je trouvais ça étonnant de l’être aussi peu de mon père.
Puis j’ai grandi, et mon père aussi apparemment. J’ai fait le choix de la terminale scientifique puis des études de médecine malgré mon côté plutôt littéraire. Mon père a été fier de moi, il m’a soutenue dans mes projets. Il s’est plus reconnu en moi à partir de ce moment.
Je me suis alors vraiment rapprochée de lui, et depuis il a été très présent. Je me suis aussi mise à la course à pied il y a un an pour réaliser mon premier semi-marathon le mois dernier. Pour lui qui a toujours couru, c’était quelque chose d’important. Il m’a coachée en me conseillant sur tout, le régime alimentaire, la tenue, le stress… Surtout, il m’a beaucoup encouragée, jusqu’au jour J où malgré un temps affreux il a fait une bonne partie du parcours avec moi à vélo.
Maintenant on parle sciences, course à pieds, mais aussi cuisine : je suis celle qui cuisine le plus de mes soeurs et mon frère, et il adore ça. Aujourd’hui je ne pourrais plus me passer de mon papa, il est une des personnes que j’admire le plus dans ce monde ! Même si je ne le vois que quelques jours par mois, on s’écrit plusieurs fois dans la semaine. Il y a peu il m’a même envoyé des coeurs par texto ! C’est peut-être bête, mais depuis on s’envoie des petits coeurs et autres emojis dans chaque message.
Je suis aussi maintenant très proche de mes grands-parents paternels, qui sont vraiment importants à mes yeux. De la même façon, le rapport avec mes parents s’est équilibré. Je suis proche de ma maman, je vis chez elle et on se ressemble beaucoup (physiquement comme moralement). Mais ce n’est pas toujours facile non plus : elle ne comprend pas ce que je fais (elle a fait un bac L) et a donc du mal à m’aider ou suivre mon évolution. Mon papa quant à lui suit vraiment mon parcours, et me soutient plus que ma maman, même en dehors des études.
Il est là quand je me fais voler mon téléphone, il est là pour chaque petit examen de ma vie, même les moins importants, il est là à chaque blessure et visite à l’hôpital (c’est un truc fréquent chez moi). Même si je suis officiellement chez ma maman, il n’hésitera pas à venir et la remplacer pour ces longues heures d’attente. Il est aussi là pour faire un dîner-sushis tous les deux quand ça ne va pas.
Notre relation a complètement changé ces derniers temps, et ça me rend bien trop heureuse. Alors mon papa, merci pour ce que tu es devenu, je t’aime à la folie !
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