Le samedi 21 décembre, journée de l’orgasme. Ok, soit. J’ai longuement réfléchi à tout ce que je pourrais bien vous dire, puis j’ai eu plein d’idées sur l’étude des mœurs de la population au XIXème siècle, mais j’en ai déjà beaucoup parlé sur le blog. J’ai finalement décidé de consacrer cet article à ceux qui n’y parviennent pas, ou difficilement, moyennant pas mal d’efforts. Mais ne vous emballez pas, on va quand même causer Histoire, et ce que je vais vous raconter n’est pas une histoire drôle (enfin, si, mais, seulement si tu ris du malheur des autres).
Louis VI Henri de Bourbon est un prince de sang royal, c’est-à-dire qu’il est membre de la famille du roi. Il est né en 1756, et s’est retrouvé marié à l’âge de 15 ans. C’est jeune, oui. Aussi, à peine la cérémonie fut-elle terminée que les époux furent séparés.
La jeune fille, Bathilde d’Orléans, est envoyée au couvent. Le jeune époux, lui continue son adolescence. Jusqu’au jour où, voulant consommer le mariage, le prince de Condé vole au secours de sa belle et la libère de la soutane. Finalement il la laissera tomber parce que bon, en fait, une femme c’est un peu relou. De plus, la mignonne, elle n’est pas contente de sa situation et le fait bien comprendre…
En effet Bathilde a un peu fait scandale à la cour en créant une pièce de théâtre ou elle dénonce l’adultère de son époux. Sans-gêne la meuf. Cloisonnée depuis le scandale au château de Chantilly, la princesse ne sera jamais reçue à la cour et malgré son mariage, elle entretiendra des relations avec des hommes et aura d’autres enfants. Elle n’allait quand même pas se laisser abattre (à un moment elle va acheter l’Elysée et y vivre, tranquille).
Louis VI Henri de Condé, lui, va avoir pour maîtresse une chanteuse à qui il fera deux filles illégitimes. Ensuite c’est la Révolution et entre 1789 et 1829, le prince de Condé se fait discret, il n’est pas souvent sur le territoire français. Faut dire qu’avec du sang royal, t’as vite fait de passer sur l’échafaud.
Lors d’un séjour à Londres, il tombe amoureux d’une domestique qui travaille dans un bordel ; il va lui apprendre les bonnes manières et le french kiss. De retour en France, le prince fait de Sophie Dawes la baronne de Feuchères, et sa maîtresse officielle. Ils vivent de jours heureux entre ripailles et parties endiablées de jambes en l’air.
Le 27 août 1830, au château de Saint Leu, le prince est retrouvé pendu à sa fenêtre. STUPÉFACTION. Tout le monde va accuser tout le monde. Il existe des querelles entre les légitimistes et les orléanistes. C’est un peu comme une guerre des gangs : ils s’affrontent tous pour récupérer l’héritage.
Les légitimistes veulent s’assurer que le testament est toujours en faveur du duc d’Aumale et pensent que Louis-Philippe et la reine Amélie sont les commanditaires de l’assassinat. En revanche, les orléanistes veulent prouver par tous les moyens que le prince de Condé a pris la cocarde tricolore, et se serait finalement rallié au roi Louis Philippe. Ces faits auraient bien vénère les légitimistes qui auraient alors pris la décision de l’éliminer. Bref, des histoires de pouvoir et de gros sous, rien concernant l’orgasme, donc.
Cependant, une hypothèse quant à la mort du prince attire mon attention. Il semblerait que le prince de Condé, 74 ans, ait eu des pratiques sexuelles relativement libres et débridées. En fait, ce qui le faisait véritablement bander, c’était la strangulation. Du coup, la petite baronne de Feuchères étranglait à souhait le Prince pour le stimuler, jusqu’au jour où la partie a un peu dérapé, menant au décès de Louis VI.
Accident ou assassinat ? Nous n’en savons rien. Ce que l’on peut dire, c’est que selon le testament du Prince, une très grosse somme d’argent, soit 2 millions de francs, ainsi que des biens mobiliers étaient réservés à la baronne de Feuchères :les châteaux et propriétés de Saint-Leu, Taverny, Enghien, Montmorency, et Mortefontaine, ainsi qu’un pavillon au Palais Bourbon, et le château d’Écouen. Rien que ça.
Dans tous les cas, l’ancienne servante, pour ne pas être accusée à tort (ou à raison) d’homicide, a alors mis en place un scénario tout à fait particulier. À l’aide d’un complice, elle a accroché le corps de son défunt amant à l’espagnolette de la fenêtre avec des mouchoirs noués qui n’étaient jusque là que des objets au service du plaisir. Sauf que les pieds du prince touchant le sol, et connaissant son handicap (il a la main paralysée depuis un malencontreux accident de chasse, du coup, pour nouer des mouchoirs, c’est pas simple) l’idée du suicide aurait dû être écartée !
Or, le 21 juin, la Cour royale de Paris a dessaisi le tribunal de Pontoise et a conclu à un suicide : il n’y avait donc plus lieu de chercher un coupable. Toi aussi tu trouves ça louche ?
Alors que le mystère reste entier quant à la mort du dernier Prince de Condé, il ne nous reste plus qu’à espérer que son dernier souffle fut aussi celui de son ultime orgasme. Je souhaite que les vôtres ne soient pas mortels en cette belle journée !
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