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Minceur : sommes-nous devenues complètement folles ?

Les journaux prétendent que la préoccupation principale des Français reste le chômage, mais les réponses suggérées oublient certainement de mentionner les fameux trois/douze/soixante kilos de trop. L’environnement ? Bof, on verra bien. La qualité de l’enseignement ? S’en fout. Fukushima, Haïti, Oslo ? Rien de tout ça n’égale l’obsession qu’on a pour notre nombril. Surtout s’il est proéminent.

Aux Etats-Unis, une série d’études ont montré ces dernières années qu’en gros, on serait prêtes à prostituer des enfants et égorger des mamies pour coller à la norme (et je ne pense pas qu’on soit en Europe épargnées par cette idée monomaniaque, si j’en juge les titres féminins de cet été).

Voici quelques chiffres flippants tirés de cette page (attention, ça mélange plusieurs études) :

  • 92% des teenageuses voudraient changer quelque chose à leur apparence, au premier rang de quoi : leur poids. 75% d’entre elles se sentent déprimées, coupables et honteuses après trois minutes de lecture d’un magazine de mode.
  • Même si seulement 19% de ces jeunes filles étaient en surpoids, 67% affirmaient avoir besoin de maigrir.
  • 90% des désordres alimentaires sont subis par les femmes. Récemment, des cas ont commencé à apparaître d’anorexie sur des enfants de cinq ans.
  • Entre 15 et 30% des femmes préféreraient détruire leur mariage, renoncer à avoir des enfants, subir une dépression nerveuse ou devenir alcooliques, plutôt que d’être obèse.
  • 18% préféreraient donner 10 ans de leur vie plutôt qu’être obèse. 5% préféreraient perdre un membre. 4% préféreraient être aveugles.
  • Une majorité d’enfants de cinq ans préféreraient perdre un bras plutôt que d’être gros.

Oui, ça fait mal. Et encore plus quand on sait que même un entourage sympa et compréhensif ne change pas la mauvaise image que les grosses ont d’elles-mêmes. Même si leur mari et leurs amis les aiment sans rien vouloir changer. La popculture et les médias sont tout simplement trop forts et le message reste inchangé : le surpoids est associé à un échec personnel profond, à de la paresse, à un manque de contrôle de soi, à du manque d’attractivité voire à de la répulsion. Quand les gros ne sont pas juste considérés comme des bouffons (un gros, c’est TELLEMENT drôle). Et tant pis si certains se battent pour faire reconnaître que quelques kilos de trop n’équivalent pas à une mauvaise santé – surtout si on fume pour rester mince, par exemple.

Le plus amusant dans cette histoire, c’est de constater que la pression sociale et médiatique était inversée il y a à peine cinquante ans. Les arguments sont les mêmes (“si tu ne ressembles pas à ça, tu ne trouveras jamais de mec, de boulot, et même les chiens te fuiront”). Sauf qu’il faut absolument grossir parce que “pour être populaire, on ne peut pas se permettre d’être maigre”. Autre slogan : “Les maigres ne sont PAS glamour !” A l’époque (années 40, 50 et 60), il s’agissait de vendre des produits pour prendre du poids. Evidemment, ils n’avaient pas inventé le MacGras ou le smoothie au caramel au beurre salé.

Alors je ne sais pas jusqu’où on va aller dans cette direction. Des mannequins qui meurent : déjà fait. Des gamines qui refusent de se nourrir à un âge où elles devraient rêver de bonbons : parfait, on vient de passer le cap. Des mags qui font leur mea-culpa tous les ans en balançant une fille “pulpeuse” en couverture, pour mieux promouvoir la maigreur le reste de l’année : ok. Une hypocrisie générale dans le milieu de la mode genre “on n’influence personne” : check.

La situation est absolument fascinante à contempler, chacun rejetant la faute sur les autres (magazines féminins -> mode -> parents -> hop faites une boucle). A ce niveau, on ne peut qu’attendre le crash. Avec un gros tas de pop-corn sur les genoux : 400 calories aux 100 grammes.

Les Commentaires
63

Avatar de Dreambreaker
16 septembre 2012 à 16h28
Dreambreaker
Je ne suis pas certaine que ça soit complètement une question de "poids". Je crois que c'est surtout très subjectif tout ça. Je m'explique : certaines filles (ma meilleure amie en tête) sont hyper minces, et ne se sentent absolument pas bien dans leur peau. D'autres, comme moi, ne sont que très peu en sur-poids (selon mon IMC), et ne se sentent pas bien dans leur peau. Certaines sont obèses aux yeux de la médecine, des gens dans la rue, et sont très bien dans leur peau. Et ce sont trois exemples, mais j'aurais pu en trouver encore 5 facile, hein, c'est juste pour dire que c'est une question de ressenti.

C'est vachement facile de dire "c'est une question de volonté, on peut perdre du poids facilement, faut juste se sortir les doigts du cul". Euh. Non. Bah non, désolée. Ca ne marche pas comme ça, sinon, toutes les femmes de France et de Navarre seraient parfaitement bien foutues, ou du moins, on aurait toutes le physique dont on rêve. Et c'est pas le cas, il me semble.

Moi j'apprends peu à peu à accepter mon corps. Mes cuisses trop épaisses, mon ventre trop gras, ma poitrine trop généreuse, etc. Je me dis que j'ai de la chance, parce que même si je suis trop lourde - sachant que j'ai aussi une ossature assez épaisse, on est comme ça, chez moi, petits et un peu trapus (dis comme ça, on pourrait croire que je ressemble à un nain dans le seigneur des anneaux, wesh) - ma silhouette est assez équilibrée, et c'est ce que je me dis quand j'ai un coup de mou, que j'en ai marre, que je veux faire du 36, me mettre en maillot de bain sans avoir peur des regards, avoir des chances de plaire au mec remarqué dans le bus, blablabla.

C'est un travail que je fais sur moi, que d'autres ont fait sur elles, et franchement, en parler tout le temps, partout, et lire que c'est de notre faute, qu'on a qu'à manger 5 fruits et légumes par jour, faire du sport et rationner le coca et le nutella, bah ça aide pas. Je ne bois pas de coca, je ne mange pas de nutella, je suis juste comme ça.

Pour moi le vrai problème, c'est dans le regard que pose la société sur les gens en surpoids, comme si on allait mourir demain d'un infarctus, qu'on allait se réveiller avec les artères bouchées par la graisse. Je me rappelle de mon grand père à qui on avait refusé un emprunt parce qu'il était en surpoids. Est-ce qu'on refuse un emprunt à une nana anorexique ? Et à la limite, ça n'est même pas la question. Est-ce qu'il est normal de simplement considérer différemment des personnes selon leur poids ?

Ensuite, qu'on ne me dise pas que la mode n'est pas faite pour des filles sans ventre, sans hanches, sans cuisses, sans seins. Parce que sauf de rares exceptions, dès que t'as des formes c'est pas évident de s'habiller. Je passe les marques pour qui un L est hyper rare et correspond à un (très petit) M de d'autres marques, hein, parce que ça ne vaut pas la peine d'y revenir, mais c'est loin d'être aussi facile de s'habiller bien et d'avoir des kilos en trop. T'es grosse ? T'es moche. T'es moche ? T'as pas le droit de t'habiller bien. CQFD. Et je ne parle même pas de la lingerie, hein, parce que ça va être méchant.

C'est un débat qui lasse, à force. Comment perdre des kilos pour l'été ? Quel est le meilleur régime ? Blablabla. Un régime n'est pas bon. Jamais. Se priver, pendant un certain temps, c'est la porte ouverte au gros craquage, et aux kilos qui reviennent au galop. S'il y'a une seule personne ici capable de me dire qu'elle a fait un régime miracle, a perdu du poids et a trouvé un poids idéal, puis l'a stoppé et n'a rien repris, alors qu'elle se manifeste, parce que je m'agenouille, hein. Vraiment.
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