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« Minari » est la relecture du rêve américain qu’on a toujours voulu voir

Arkansas, années 80. La famille Yi déménage dans l’Arksansas afin de faire fortune dans une ferme. Arrive alors de Corée du Sud Soon-ja, une grand-mère atypique qui souhaite aider ce petit monde du mieux qu’elle peut. Une fabuleuse relecture de l’American dream.

Cet article révèle le pitch de Minari, sans en gâcher le dénouement.

« La vie, la liberté et la poursuite du bonheur. »

Inscrite dans la Déclaration d’Indépendance du pays, cette expression symbolise la mentalité américaine. Depuis les premiers films, cet idéal a été maintes fois montré, glamourisé ou dénoncé sur nos écrans. Aujourd’hui, Minari continue la tradition, mais à sa façon. Une façon magnifique.

Lauréat du prix du jury et prix du public au festival de Sundance, le film de Lee Isaac Chung n’a pas laissé grand monde indifférent. Et je le comprends, car j’ai pleuré trois fois durant la séance ! Entre rêve américain inaccessible, couple qui se déchire, gamin turbulent et grand-mère excentrique, Minari est un bijou qu’il faut absolument voir en salle dès sa sortie ce 23 juin.

Des personnages hauts en couleur dans Minari

Minari, c’est l’histoire d’une famille américano-coréenne qui déménage dans un coin paumé de l’Arkansas. Le père, Jacob (Steven Yeun), souhaite s’y établir en tant que fermier. Son objectif ? Faire pousser sur ses terres des légumes originaires de son pays.

Seulement, sa femme Monica (Han Ye-ri) ne partage pas cette ambition. Du tout.

La caravane qu’ils ont achetée n’est pas à son goût, l’hôpital le plus proche est en fait très loin (alors que David, leur fils, a un souffle au cœur), il n’y a aucune communauté coréenne en vue, et puis, pour être honnête, elle ne fait pas confiance aux plans de son époux. Moins pressée, peut-être plus réaliste, que Jacob, elle privilégie la parcimonie et la prudence. D’où les nombreuses disputes qui déchirent les deux parents.

Souffrant tous deux de ces conflits, on trouve les deux enfants : David (Alan Kim), petit garçon malin, sournois et téméraire que le souffle au cœur empêche de vivre comme il le voudrait. Plus tempérée et très attentionnée, sa grande sœur Anne (Noel Kate Cho) est parfois gavée par son attitude, sans jamais tomber dans la méchanceté.

Et enfin, il nous reste la grand-mère que nous rêvons toutes d’avoir : la mère de Monica, Soon-ja (Youn Yuh-jung). Avec un cœur gros comme ça et la langue bien pendue, elle est aussi taquine que son petit-fils. Celui-ci a pourtant du mal à l’apprécier au début…

Ces cinq personnages vont alors essayer tant bien que mal de coexister et de s’en sortir dans cet Arkansas rural qui peine à tenir toutes ses promesses.

Minari, un film cohérent et d’une grande justesse

Dans Minari, chaque personnage a une place de choix. Bien sûr, tout commence à cause de Jacob, mais il n’est pas le personnage principal du film : toute la famille l’est. Ainsi que leurs histoires, leurs aspirations, leurs goûts et leurs dégoûts. Tout et tout le monde sont sur le même plan.

Et c’est tout à l’honneur du réalisateur, car cette harmonie rend le film humble et honnête : il n’y a pas un point de vue qui pèse plus que les autres. Oui, on comprend que David souhaite offrir une vie meilleure à sa famille : « il faut qu’ils [ses enfants, ndlr] me voient réussir quelque part » dit-il à sa femme lors d’une énième dispute. OK, il risque de tout faire foirer par précipitation, mais peut-on en vouloir à un père de famille qui souhaite servir de modèle à ses enfants ?

De l’autre côté, on comprend aussi Monica qui veut troquer les rêves de grandeur pour la stabilité. Après un premier échec en Californie, risquer de perdre tout son argent ne lui semble pas être la meilleure option : elle a deux enfants à nourrir…

David, quant à lui, est forcé de s’habituer à la présence d’une grand-mère venue tout droit de Corée du Sud pour aider la famille en ces temps compliqués. Et il ne supporte pas ça. Même si elle lui ressemble beaucoup, le choc culturel est trop grand : David a beau être d’origine coréenne, il n’est pas familier de sa culture d’origine. Et il n’a pas l’intention de faire d’efforts.

Peut-être cette attitude résonnera chez beaucoup d’enfants d’immigrés : vivre en Occident, c’est s’habituer à une culture en particulier, qu’on soit originaire d’une autre ou non. Et puis, quand on subit le racisme et la xénophobie, le premier réflexe est bien souvent de vouloir s’assimiler à la population qui pourtant nous rejette.

Enfin, on a Anne, qui essaie tant bien que calme de naviguer entre tout ça, d’être une grande sœur aimante et sérieuse, sans pour autant s’effacer.

Vous voyez un peu où je veux en venir ? Il y a une grande justesse dans ce film qui parvient à relater toutes les histoires sans qu’on tombe dans la cacophonie. Tout est clair, limpide et pertinent. We stan.

Une histoire d’intégration

Au final, la question posée par tous ces personnages est : comment est-ce qu’on s’intègre ? En tant qu’immigrés aux États-Unis, d’abord. Puis au sein de sa famille, ensuite, les deux étant liés.

En tant qu’immigrés aux États-Unis, car c’est là tout l’enjeu explicite du film. Quelle que soit la manière dont il l’envisage, chaque personnage de Minari veut vivre sa meilleure vie sous la bannière étoilée.

Pour Jacob, c’est de la façon la plus commune qui soit : faire fortune dans un domaine peu exploité en travaillant d’arrache-pied. Pour Monica, c’est ne pas voir trop haut pour ne pas tomber trop bas et, de ce fait, subvenir aux besoins de sa famille sans la mettre en danger. C’est aussi chercher à rejoindre une communauté, qu’elle lui ressemble par l’origine ou par la foi. Pour les enfants, c’est s’intégrer en tant que personnes asiatiques dans un lieu où la blanchité règne en maître. Pour Soon-ja, c’est tout simplement aider ce petit monde.

Puis au sein de sa famille, car c’est là aussi toute la problématique du film : les Yi ne s’entendent pas toujours, alors qu’ils le souhaiteraient. Monica et Jacob se disputent fréquemment, mais entre deux engueulades, ils essaient de faire des compromis.

Soon-ja tente quant à elle de plaire à ses petits-enfants. Enfin, surtout à David, Anne étant beaucoup plus accueillante ! Je ne vous spoile pas, mais disons qu’elle apporte quand même pas mal de peps à ce petit ménage — et donc à ce film… ce qui n’était pas pour me déplaire.

Au final, la question ici est : quelle dynamique adopter pour sa famille lorsqu’on veut trouver sa place aux États-Unis ?

Et il n’y a pas de réponse. Ce qui rend ce film encore plus agréable à regarder, et ses personnages encore plus attachants.

Je note aussi que le réalisateur évite soigneusement l’écueil misérabiliste. Oui, la famille Yi a des soucis, et peut-être qu’elle est en effet victime de la propagande américaine qui promet la vie de rêve à quiconque travaille dur… Mais on ne sombre pas dans du trauma porn non plus, on ne nous tire pas la larme de force. Et ça fait du bien.

Il ne me reste plus qu’à dire que Lee Isaac Chung a réussi son pari haut la main. Peut-être est-ce parce qu’il est lui-même fils d’immigrés sud-coréens et que ce film est semi-autobiographique ? Parler quand on est concerné permet bien souvent d’éviter la caricature, rappelons-le. En tout cas, Minari est magnifique, n’hésitez pas à réserver votre billet dès le 23 juin.

À lire aussi : Le slam puissant d’un fils d’immigrés japonais aux États-Unis


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

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