— Publié le 13 juillet 2011
Depuis la maternelle, je traîne avec moi ce qui fut au départ une sorte de malédiction : ma grande taille.
Mesurer 1m80 : des débuts difficiles
Maman mesure 1m63, papa atteint les 1m75 environ. Alors pourquoi diable fallait-il que je pousse jusqu’à 1m80 ?
Les mystères de la nature sont insondables, et celui-ci en est décidément un.
C’est bien connu, l’école n’a jamais joué un grand rôle dans l’acceptation de soi, bien au contraire. Dans le désordre, les surnoms qui m’étaient attribués furent « asperge », « girafe », « fil de fer » et j’en passe.
Non, ma taille n’était pas mon seul souci, parce qu’en plus de cela j’étais filiforme. Je dépassais également tous les garçons d’une tête environ, ce qui remettait profondément en cause leur virilité (oui, à dix ans, on peut avoir des soucis de virilité).
Mesurer 1m80 : quelques avantages
Je ne peux pas affirmer que mon entourage m’aidait. Moi qui ne faisais pas d’étendard de ce complexe, chaque jour, une personne de ma famille était là pour me rappeler que non, il ne me servait à rien de me cacher, j’étais géante et je le resterai.
Un récipient placé en hauteur sur une étagère ? À moi de l’attraper, c’était le plus simple.
Un entraîneur qui manquait de filles pour son équipe de basket ? Il suffisait de me proposer sans me demander mon avis. Vu ma taille, mettre un ballon dans un panier ne me poserait aucun problème.
Un défilé régional du type « le bal des œillets » s’organisait ? On me poussait à m’y inscrire : avec ma hauteur de « mannequin », je ne passerai pas inaperçu.
Oui, je suis dure. Mais je dois concéder que j’ai également pu bénéficier d’avantages non négligeables : sans mes grandes jambes, je n’aurais pu parvenir à attraper des bonbons cachés et me goinfrer en cachette.
Pour les attractions aussi c’était le pied, aucun problème pour faire tous ces loopings à l’envers pour lesquels il fallait faire une certaine taille.
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Mesurer 1m80 et ne pas s’en soucier
Aujourd’hui encore, les personnes qui m’entourent ne comprennent pas que j’aimerais oublier mon mètre quatre-vingt.
Chaque jour, je perçois un regard m’indiquant que je suis différente et que je le resterai à vie. Est-ce que je me suis apitoyée sur moi-même ? Non, j’ai résisté.
Et j’ai fini par en faire un atout : robes et jupes apparaissent plus courtes sur moi, ce qui dévoile mes jambes interminables.
J’ose porter des talons de dix centimètres, et le complexe se retourne sur le mâle dégouté de se faire dépasser ainsi. Certes, on me regarde toujours aussi bizarrement, mais j’ai appris à répondre par un sourire complice plutôt qu’un regard effrayé.
J’ai fini par accepter définitivement ma taille, je ne me conçois pas plus petite de toute façon.
Le seul bémol restera que pour épiler quatre-vingt dix centimètres de jambes poilues, il me faudra plus de bandes de cire que la moyenne, ce qui revient cher à force !
Et toi, comment tu vis ta taille ?