Je dois être un peu masochiste, mais des fois, j’aime bien me rappeler de ce que je ressentais lorsque j’étais adolescente. Les complexes, les hormones qui ne savent plus trop où ils en sont, l’acné, les râteaux, l’excès de sébum… C’est pas que ça me manque, bien au contraire : c’est simplement que, justement, parfois, j’ai envie de me souvenir à quel point ma vie est mieux depuis que tout ceci est derrière moi.
Alors quand j’ai écouté toutes mes playlists de l’époque, je me tourne vers la littérature pour prendre ma dose de souvenirs. Voici une sélection de cinq livres plus ou moins réalistes, plus ou moins poignants mais tous aussi efficaces les uns que les autres sur l’adolescence.
La traversée de l’été, de Truman Capote
Summer Crossing (je me la raconte style t’as vu, tak, je l’ai lu en VO, alors qu’en vrai c’est pour éviter la redondance) est le premier roman de Truman Capote : il a commencé à écrire quand il n’avait que 19 ans. Il est resté inachevé pendant dix ans, après quoi il a été perdu et n’a été retrouvé qu’en 2005, lors d’une vente aux enchères.
Clairement, ce n’est pas le meilleur roman de Capote. Mais il m’a marquée par son histoire, son atmosphère et son New-York de l’après-seconde guerre mondiale.
La traversée de l’été suit le quotidien de Grady, une riche adolescente new-yorkaise de 17 ans qui décide de rester chez elle tandis que ses parents font leur séjour annuel en France. C’est l’été, il fait chaud à en mourir et elle profite de l’absence de surveillance pour se laisser aller à une histoire d’amour avec Clyde, un gardien de parking issu de la classe moyenne. Grady est lascive, nonchalante, s’ennuie facilement, un mélange de grâce, d’insouciance et de ronchonnerie.
L’ambiance est lourde, et c’est comme si la canicule de cet été-là nous pesait sur les épaules. Cette impression de chape de plomb est renforcée par l’attitude de Grady et son apparente incapacité à ressentir des émotions fortes.
Ce roman, que j’ai lu moi-même adolescente, me rappelait ma façon de voir les choses (la grâce et les retournements de situation en moins). À cette époque où j’avais le sentiment de traverser la vie en traînant des pieds, La traversée de l’été est tombée à point nommé.
Le livre sera d’ailleurs adapté au cinéma dans un film réalisé par Scarlett Johansson.
Thirteen Reasons Why, de Jay Asher
Alors attention, là on va directement tête baissée dans le pathos — mais c’est bien fait alors ça passe quand on a envie de retrouver un style fait pour les adolescents et donc, pas bien prise de tête.
L’intrigue de Thirteen Reasons Why commence lorsque Clay, un lycéen timide, reçoit un colis anonyme et découvre qu’il s’agit de cassettes enregistrées par Hannah Baker qui était dans la même classe que lui. Sur ces enregistrements, elle explique les raisons qui l’ont amenée à mettre fin à ses jours
.
Le roman parle d’agressions sexuelles, de jalousie, de coups bas, de rumeurs… Bref, une grosse compilation de ce qu’a probablement connu ton (ancien) lycée en une ou deux décennies.
Si c’est cliché ? Totalement. Mais qu’y a-t-il de plus cliché que l’adolescence ? Personnellement, à part quand je suis flapie et que je regarde la pluie tomber par mes carreaux sales en écoutant les chansons les plus déprimantes du monde, je vois pas.
Brûlant secret, de Stefan Zweig
Ça sonne comme un ouvrage érotico-chaud-du-conduit, mais rien à voir. Brûlant secret n’est pas un roman, mais une nouvelle. C’est l’histoire d’un enfant de douze ans qui aide naïvement un fonctionnaire à se rapprocher de sa mère et se sent tout fier d’être la cause d’une si jolie amitié naissante.
Oui mais voilà, la mère d’Edgar, elle ne fait pas que jouer à Puissance 4 avec son nouvel ami et l’adolescent réalise bien vite que quelque chose se trame. Quelque chose qu’il ne comprend pas. Il se sent alors délaissé par sa génitrice et celui qu’il pensait être son ami. Alors il s’incruste et devient jaloux, haineux, un peu fou. En fait, il découvre les sentiments forts, les hormones et la sexualité — par le biais de celle de sa mère, ce qui est, en soi, particulièrement malsain, certes.
C’est grand, c’est dérangeant, ça donne envie de frapper tout le monde avant de se manger le poing. C’est bien, quoi.
Outsiders, de Susan Eloise Hinton
En 1966, en Oklahoma, deux bandes rivales s’affrontent avec d’un côté, les Socs, des jeunes « de la Haute » et de l’autres les Greasers, habillés en cuir aux cheveux gominés (Dick Rivers jeune, quoi).
Ponyboy, qui a quatorze ans, fait partie des Greasers. Son quotidien est bien rodé, entre balades avec ses loustics* de potes et altercations avec le gang rival. Jusqu’au jour où un des Socs meurt, ce qui chamboule le quotidien de tout le monde, Ponyboy en tête. Un roman d’apprentissage sur fond de découverte de sentiments adultes et métamorphose.
Gage de qualité suprême : le film a été adapté par Francis Ford Coppola. Clairement, c’est pas du dégueulis, quoi.
*J’aime ce mot plus que ma vie.
Pas raccord (Le Monde de Charlie), de Stephen Chbosky
C’est vrai, je l’avoue : entre le film et le livre, on parle souvent du Monde de Charlie (The Perks of Being a Wallflower). Mais c’est tout de même pas notre faute si c’est si bien, tout de même. On n’y est pour rien.
Pour celles qui n’auraient jamais entendu parler de l’oeuvre de Stephen Chbosky : il s’agit de la première année au lycée de Charlie, un adolescent fragile, timide, sensible et marginal qui tente de se remettre doucement du suicide de son meilleur ami. Heureusement pour lui, très vite, il se lie d’amitié avec des terminales qui vont l’emmener dans un quotidien totalement différent du sien. Un roman (et un film) plein d’espoir sur l’apprentissage de la vie.
Et toi, quels sont les livres sur l’adolescence — qu’ils soient destinés à un public adolescent ou non — que tu préfères ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
http://www.youtube.com/watch?v=R66eQLLOins
et la 2è partie:
http://www.youtube.com/watch?v=LI1CusL7Ceo