Parmi les activités de vacances quasi-obligatoires par contrat social, on trouve le bronzage interorteils, l’absorption de mauvais rosé, la visite chez Mamie, le régime pistaches-pastis, ou encore le mitraillage de photos qu’on ne regardera jamais. À quoi s’ajoute la lecture de magazines « légers » (comprendre : qu’on ne peut acheter qu’en vacances loin de tout témoin parce que si ça s’apprenait, vos amis vous abandonneraient et vos parents vous jetteraient des artichauts moisis au visage). Or les magazines légers ont deux obsessions : 1) nous faire perdre du poids, 2) le psychotest.
A priori, l’animal psychotest n’est pas méchant. Il cherche à réconcilier la lectrice avec son elle-profond. Il a pour vocation de Nous Faire Prendre Conscience Des Trucs Qu’on Ignorait Avant.
Le problème, c’est que cette définition exclut déjà 99% des psychotests. Exemple trouvé sur un gros quotidien : « Êtes-vous plutôt Saint-Barth ou Ibiza » ? Cet intitulé me plonge dans des abîmes de perplexité. Existe-t-il des femmes qui ignorent qu’elles ont trop d’argent ? Existerait-il une autre catégorie de femmes qui n’aurait aucune idée de leurs goûts pour les soirées techno sous extasy ? Quid du quizz « êtes-vous plutôt ville ou plutôt campagne » ? Ou « êtes-vous une pro de l’organisation » ? Pour peu qu’on ait un vague fond de lucidité sur soi-même, on connaît déjà la réponse à ces questions. Donc si on passe dix minutes à y répondre… c’est pour avoir confirmation. Je laisse aux expertes en (vraie) psychologie le soin d’expliquer pourquoi certaines femmes ont besoin d’être confirmées dans leurs convictions par des psychotests souvent écrits en trois secondes par une stagiaire bourrée. (Entendu en conférence de rédaction : « pfff, on a deux pages à remplir, y’a qu’à faire un psychotest, ça demande aucune recherche. »)
Une autre race de psychotests sert à comprendre quelle est la norme aujourd’hui. « Quelle mère êtes-vous ? » Ou encore : « Êtes-vous un bon coup ? » Ou encore : « Êtes-vous une salope ? » En lisant les réponses, on aura une idée de ce qui est acceptable pour une rédactrice de magazine en juillet 2011. Évidemment, jamais on ne trouvera le moindre jugement de valeur dans les résultats (« vous êtes une mère toute pourrie et une fieffée pétasse »), parce qu’il faut fédérer. Mais on en saura assez pour comprendre ce qui est in / out / inenvisageable. Et une fois encore, ça permet de confirmer ce qu’on subodore déjà (« ma fellation est de qualité AAAAA comme les andouillettes »).
Un autre type de psychotests raconte tout simplement n’importe quoi d’ésotérique : « Quel est votre animal-totem ? » Ou encore : « Quel est votre signe du zodiaque intérieur ? » En répondant que votre couleur préférée est le bleu, vous avez droit à cinquante lignes d’explications symboliques comme quoi vous êtes connectée au ciel donc votre personnalité est aérienne donc vous êtes fragile des reins donc on ne vous recommande pas le port du sarouel mauve à imprimé poutre.
Enfin, il existe de vrais psychotests, généralement super austères et avec plein de questions. Ces psychotests servent à définir si vous êtes alcoolique et trop souvent, la réponse est oui. Vous ne trouvez évidemment jamais ces informations utiles dans un magazine léger parce qu’il faudrait annihiler les pages mode et offrir une corde en cadeau-bonus.
Ce qui pose la question : mais bon sang, POURQUOI nous assommer avec des psychotests en vacances ? Pourquoi cette perte de temps ?
Ah oui.
Parce qu’on est en vacances. Et qu’on s’ennuie un tout petit peu – du bon ennui. Et qu’on a dix minutes à perdre.
Les Commentaires
Vous n'avez pas une stagiaire bourrée sous le coude pour pondre ça pendant les vacances ?