La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
Doit-on obligatoirement vivre sous le même toit que son homme pour faire sa vie avec ?
Je suis maman solo depuis la naissance de mon fils de 5 ans et suis avec mon chéri depuis 3 ans. Avant, nous avions l’habitude de nous voir que le week-end. Ce rythme me convenait très bien, mais, récemment, il m’a proposé de nous installer ensemble.
J’ai dit oui, je l’aime, je nous sentais prêts, mais je regrette mon choix : depuis que nous cohabitons chez moi, l’homme indépendant qui gérait parfaitement le quotidien s’est transformé en crapaud à l’hygiène douteuse, qui laisse traîner ses caleçons sales, se plaint sans arrêt et se repose systématiquement sur moi. J’ai l’impression d’avoir un deuxième gosse à gérer.
Clairement, la vie de couple tue ma libido et me fait déchanter. Mon indépendance, ma tranquillité et mon appartement rangé me manquent. Les retrouvailles et les émois aussi. Je ne sais pas comment lui dire que je préfère qu’on ne vive pas ensemble sans le blesser ou qu’il mette un terme à notre relation. En plus, on voudrait des enfants et je sais qu’on ne fait pas sa vie avec une personne en vivant dans deux maisons différentes. Mais actuellement, notre relation court à sa perte et je ne sais pas quoi faire.
Hâte de te lire, ma chère Daronne
La bisette !
La réponse de la Daronne
Mon petit gratin de gnocchi,
J’avoue ne pas te comprendre. N’est-ce pourtant pas merveilleux et parfaitement épanouissant que de ramasser, laver, étendre et enfin plier les slips maculés de traces de pneus de l’homme qu’on aime ? Tu sais, il n’y a pas plus grand plaisir que de prendre soin de son chéri au quotidien. Et tout faire à sa place. Et le regarder avec tendresse lorsqu’il se traîne du canapé à son lit tel un mignon mollusque sorti de l’eau depuis trop longtemps, rapport à l’odeur.
Mais, est-ce pour autant une fatalité, un destin féminin commun qui nous condamne à nous foutre en ménage et qui plus est avec des mecs qui nous prennent pour leur esclave ? Non !
Vivre séparément quand on est en couple ? Mais oui Madame !
Ce paragraphe sera très court et le suivant bien long. Aujourd’hui, pas de rigueur journalistique qui tienne pour bibi.
Donc, tu me dis dans ta lettre que tu n’es absolument pas faite pour la vie en couple, mais tu me dis que tu sais qu’une vie à deux s’envisage nécessairement sous le même toit.
Laisse-moi te contredire de ce pas : la seule chose qui soit nécessaire quand on est en couple, c’est d’être heureux. Et le bonheur, c’est comme la soupe au potiron, il en existe tellement de déclinaisons, qu’une existence entière ne suffirait pas à toutes les lister.
On peut cohabiter à deux sans enfants, on peut faire maison à part avec une progéniture et on peut même s’aimer toute une vie en se voyant seulement quand on en a envie. Alors, réinventons l’amour ! Osons sortir des sentiers battus de la convention sociale ! Dressons nos majeurs biens hauts à la face des carcans conjugaux ! Après tout, si les mecs hétéros aiment tant vivre en ménage, ils n’ont qu’à faire ça entre eux.
Le couple, c’est surtout bien pour les hommes cis
Quand je lis ta lettre et que tu me dis que tu ne penses pas être faite pour le quotidien en duo, tel que ton mec le conçoit, je m’interroge sincèrement : mais qui est fait pour cette vie-là ? Est-ce que ton sentiment serait le même si tu vivais avec un homme qui, euh… contribue à la tenue du foyer et se montre force de proposition ? Tu sembles porter la responsabilité de cet échec domestique. Mais, si ses slips et son inertie te gonflent, ce n’est pas parce que tes tares te rendent réfractaire au quotidien sous un toit commun. C’est juste que… les calbuts et l’inertie, c’est méga gonflant.
Attention ! Comme je l’ai expliqué dans mon paragraphe précédent, je ne pense pas que tout le monde soit fait pour vivre en ménage. En revanche, je pense qu’avant de décider si oui ou non, c’est notre cas, ce serait bien de pouvoir tester des conditions de cohabitation optimales. Par exemple en compagnie d’un adulte respectueux, et pas d’un phasme à la forme vaguement humanoïde.
Ma bicyclette, tu es loin d’être la seule à affronter cette déconvenue. Je ne suis absolument pas misandre, je ne théoriserai donc pas sur un potentiel piège que les cismecs tendent volontairement à leurs compagnes. Je me contenterai de supposer que le fait qu’ils n’en foutent plus une rame dès que leur petite femme est ferrée comme un rat est purement fortuit.
Comment dire à son mec qu’on ne veut plus vivre avec lui ?
À ce moment précis de ton histoire, deux choix s’offrent à toi, mon petit panda. Enfin, j’en ai trouvé deux, mais si quelqu’un à d’autres suggestions, je prends :
Mettre le holà sur le n’importe quoi (j’ai choisi ce titre, car il rime) : tu pourrais simplement dire à l’homme que votre existence actuelle ne te convient pas. Et alors, lui, il pourrait fournir un effort pour que le quotidien redevienne vivable. D’autant plus si vous avez un projet d’enfant dans le futur. Son attitude ne va pas changer comme par magie à la naissance du chérubin, hein. Alors, autant rectifier le tir dès maintenant ou savoir à quoi t’en tenir si tu te rends compte que ton compagnon cherche bel et bien une boniche plutôt qu’une partenaire épanouie.
Vivre d’amour et d’eau fraîche séparément : si tu ne veux plus vivre avec lui, dis-le-lui. Tu n’as rien à perdre, puisqu’en l’état actuel des choses, tu prédis aussi la fin de l’histoire. Son comportement actuel ne vous permet pas de concrétiser un projet bébé, ni même de vous investir ensemble, sans que tu te retrouves à devoir tout gérer seule. Cela dit, tu peux aussi savourer avec lui une existence légère et épanouissante, dénuée d’engagement ménager et (s’il est consentant, évidemment), loin des considérations triviales d’un quotidien passé en compagnie de mecs qui te prennent pour leur mère.
Allez, je te laisse, j’ai un ragoût sur le feu et je dois lancer une machine à laver le linge.
La bisette,
Ta daronne
Crédit photo image de une : Getty Images Signature
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Les Commentaires
Si en plus le mec se laisse vivre, je comprends carrément que le résultat soit invivable.
Je pense effectivement, comme disent la rédactrice et @Gabelote qu'on n'envisage pas assez les entre-deux, les alternatives, les troisièmes voies (par exemple avoir une relation stable de long terme mais pas sous le même toit). En fait, on a tendance (on = en tant que société, je ne jette la pierre à personne, et je sais que les considérations matérielles nous y obligent parfois) à manquer d'imagination dans les manières de fonctionner. Alors qu'en réalité, il n'y a pas de honte à faire différemment, ni même à essayer des trucs, quitte à se tromper. Ce serait teeellement sain de pouvoir se dire "on habite ensemble POUR L'INSTANT, et on voit ce que ça donne". Sauf qu'en l'état actuel des choses, autrement dit vu le régime des relations sentimentales sous lequel on vit, c'est sûr que dire à son partenaire "je ne veux plus habiter avec toi", ça peut sonner comme "je ne veux plus de cette relation".
Pour en revenir au couple de l'article, j'imagine qu'ils n'ont pas eu 150 possibilités, surtout quand il y a un enfant dans l'équation, mais il est dommage qu'ils n'aient pas pu bénéficier d'un temps d'adaptation progressive qui aurait peut-être permis à l'autrice du témoignage de poser ses limites et de ne pas se sentir débordée.
En tout cas elle a toute mon empathie. Et effectivement je ne serais pas chaude pour faire un enfant avec quelqu'un que je dois déjà gérer comme un gosse, j'aurais besoin de me sentir sûre de pouvoir avoir un allié, pas un problème de plus en la personne du père de ma progéniture.