Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Lumen. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
« Et si vous pouviez prendre l’apparence de n’importe qui… »
Je viens de lire une cinquantaine de pages d’Izana la voleuse de visages. Le livre est toujours scotché à ma main, au point de m’avoir fait louper mon arrêt de métro en allant à la rédac ce matin.
Quand j’ai lu Izana la voleuse de visage sur la couverture, j’ai immédiatement pensé aux démons qui changent d’apparence pour troller les sœurs Halliwell dans Charmed et à Arya de Game of Thrones chez les Sans-Visage.
Mais le vol de visage apparaît différemment dans le roman de Daruma Matsuura.
Que raconte Izana la voleuse de visage ?
Dans un village japonais, on tue sur le champ les petites filles laides qui sont nées une certaine année, à cause d’une légende. Autrefois, une sorcière affreuse a volé l’apparence d’une sublime prêtresse.
C’est pour cette raison que les villageois veulent liquider toutes les petites filles qui sont nées sous le signe du cheval de feu, car, à l’image de la sorcière hideuse, elles causeraient le trouble dans le village.
Izana aurait dû être une victime collatérale de la légende. Elle a grandi recluse, loin des yeux de tous en raison de sa laideur. Elle était censée être assassinée à sa naissance à cause de son physique mais nope, elle a échappé à ce destin funeste. En même temps qu’elle, sa curiosité pour le dehors va grandir.
En sortant dans le monde extérieur pour la première fois, Izana surprend une pièce de théâtre dans le village sur le thème de cette légende justement.
Et la beauté fatale qui joue la prêtresse n’est autre que sa cousine qui, elle, a été sauvée grâce son extraordinaire beauté l’année de leurs naissances, et qui a pu vivre sa vie pleinement auprès des autres. #Injustice #Jalousie
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Une histoire de légende bien sombre et cruelle : je dis oui
L’histoire se déroule au Japon, un pays qui me fascine depuis longtemps. Le livre retranscrit très bien cette idée mystérieuse et parfois sombre que je me fais des légendes, des anciennes traditions et des superstitions du folklore japonais.
La tyrannie de la beauté et de la laideur
Ma curiosité de lectrice est toujours happée par cette association méchanceté/laideur ancrée dans l’imaginaire collectif depuis qu’on est enfant, avec les contes de fées qu’on nous lisait.
Je reste toujours dérangée par cette idée de voir le physique comme le reflet de l’âme dans ces contes : ce qui est beau est forcément bon, ce qui est laid est obligatoirement mauvais.
Si on prend l’exemple de la Belle et la Bête, perso, je suis encore scandalisée que la bête redevienne un prince charmant lorsqu’il redevient « bon » alors que Belle s’en bat les boobs qu’il soit beau ou pas.
Elle est tombée amoureuse de lui avec son physique de bête, pourquoi doit-il forcément s’embellir alors ?
Bref, l’histoire d’Izana me fait penser à ce diktat de l’apparence dicté par pas mal de contes populaires.
J’espère vraiment (beaucoup) qu’Izana ne va pas devenir belle juste parce qu’elle a une « belle âme » et inversement, qu’elle ne se transformera pas en une sorcière exécrable juste parce qu’elle a un physique affreux. De la surprise, please.
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Le refus de la pression sociale
Les traditions et les superstitions absurdes du village d’Izana sont respectées en dépit du bon sens… ILS TUENT DES BÉBÉS, certes ils sont moches, mais quand même.
Pourquoi Izana n’a pas été tuée ? Qui a couru le risque de ne pas respecter la volonté populaire et la tradition pour sauver l’affreux nourrisson qu’elle était ?
Drames familiaux + légende : plutôt appétissant comme combinaison
L’autre thématique intéressante du livre pour moi, c’est qu’il s’agit d’une histoire de cousines. Cette filiation présente une forme de rivalité pas si répandue que ça dans les fictions.
Enfin, pas dans les histoires qui sont tombées entre mes mains en tout cas, qui tournent très souvent autour de rivalités fraternelles.
En ce qui concerne les cousines Namino et Izana, la belle et la laide, sont-elles des descendantes de la légende ?
Voir le monde pour la toute première fois, un attrait irrésistible de l’inconnu et de l’interdit
Le côté ingénu d’une personne qui découvre le monde pour la première fois me touche. Après avoir vécu recluse, Izana pointe les choses les plus banales à notre œil en les rendant incroyables.
C’est difficile d’imaginer tous les espoirs et les fantasmes qu’on peut projeter sur le monde en ayant vécu dans une bulle, préservée de toutes les bonnes et les mauvaises choses que la vie apporte.
J’appréhende la suite des événements pour Izana qui risque d’être déçue par ce monde extérieur si violent pour elle par rapport au cocon de sécurité et d’ignorance dans lequel elle a grandi.
Les interrogations qui ne me feront pas lâcher le livre ce week-end
Comme je suis une personne relou, du genre qui levait toujours la main à l’école primaire pour poser des questions, j’ai beaucoup d’interrogations sur Izana la voleuse de visage et je commence même à m’imaginer des théories farfelues.
La légende dit que la sorcière a pris l’apparence de la prêtresse, alors pourquoi ce n’est pas au plus beau bébé d’être sacrifié, ce qui semble plus logique ?
Va-t’on suivre la vie d’une vraie méchante pour une fois et pas celle d’une brave héroïne au grand cœur ? Ou allons-nous suivre l’évolution d’une vilaine ?
Et si c’est la société qui avait fait de la sorcière légendaire quelqu’un d’affreux à cause du jugement d’apparence ? En sera-t-il de même pour Izana ?
Est-ce que la sorcière et la prêtresse étaient cousines aussi ? Et surtout, qui est vraiment la voleuse de visage dans ce récit ?
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Les Commentaires
Je viens de lire le tome 9 de Kasane et nous avons la suite de l'histoire d'Izana donc certainement pas de second roman.