Pour mieux cerner Bienvenue au Club, voici un résumé de l’éditeur :
Une cupidon ratée qui ne rêve que d’amour, une binoclarde trop studieuse, un beau gosse travesti mais hétéro, et un otaku d’anime… Voilà les drôles de membres atypiques et inadaptés sociaux qui forment le club des désabusés, dont l’objectif est d’étudier de (très) loin les relations amoureuses de leurs camarades de classe… sans se mêler à eux, bien évidemment ! Un shôjo manga qui, à l’instar de Glee, met en scène avec humour, nostalgie et tendresse, des véritables freaks des temps modernes, dans lesquels chacun de nous pourra se reconnaître.
À l’heure actuelle, seuls deux volumes ont été traduits mais ce début me semble très prometteur et j’avais eu un vrai coup de cœur pour le premier tome il y a quelques mois. En effet, si Bienvenue au Club peut sembler à première vue n’être qu’une comédie romantique de lycée parmi d’autres, elle aborde certaines questions d’une façon originale, intelligente et bien sentie, le tout saupoudré d’un comique de situation absurde très efficace.
À noter que les éditions Akata ont décidé de bousculer un peu les codes dépassés des Shojo/Shonen et compagnie qui ne sont pas des « genres » à proprement parler, en proposant un autre système de classification des titres et ça, ça fait plaisir. En tous cas, merci à l’équipe sur place pour cette interview avec Nikki Asada.
Tout d’abord, pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
J’ai commencé dans le Doujinshi (sorte de fanzinat japonais) puis j’ai été abordée par mon éditeur qui m’a proposé d’écrire un one-shot, une comédie romantique. Après cela, j’ai commencé Bienvenue au Club
qui est devenu une série. Huit tomes sont sortis au Japon et j’ai carte blanche pour le nombre de volumes. Je travaille également sur d’autres séries en parallèle.
Même si de nombreux mangaka sont passés par le Doujinshi comme Clamp ou Yoshitoshi Abe, il s’agit avant tout d’un univers de fans, d’otakus. Vous vous considérez comme telle ?
Je suis une grande fan de manga depuis que je suis toute petite. J’ai grandi avec et j’écris mes mangas avant tout comme une otaku et non comme une mangaka.
Dans Bienvenue au Club, vous mettez donc en scène un groupe de fans : le Club d’Anime, qui sont des otakus mais sans pousser trop le trait, vous les représentez avec une certaine tendresse.
Etant une Otaku moi même, je pouvais difficilement être méchante avec eux. (rire) Ce sont des personnes différentes des autres, c’est vrai, mais leurs différences sont une force et je trouve important de les comprendre et de les accepter. C’est aussi pour ça que j’ai simplifié le trait, pour les rendre plus accessibles et permettre de mieux les comprendre.
Ce message d’assumer sa différence comme une force est porté par de nombreux personnages de Bienvenue au Club, c’est un thème que vous traitiez déjà dans les Doujinshi ?
Non, quand je dessinais des Doujinshi, je ne pensais qu’à retranscrire mon amour pour le médium du manga, absolument pas à délivrer un message, juste à m’éclater. Mais avec Bienvenue au Club, j’ai commencé à plus y réfléchir et j’ai pensé qu’il était important de porter ce message.
Parmi les activités de fans, dans le second tome on assiste à un concours de Cosplay, vous en avez pratiqué vous-même ?
Non, mais j’aimais beaucoup regarder le cosplay au Comiket (Comic Market, grande convention Japonaise dédiée au manga). Les cosplayeurs essaient de s’approcher le plus possible de leur personnage physiquement, ils y mettent tout leur cœur et je me dis souvent : « cette partie là du costume devait vraiment être compliquée pour eux. »
Les Bishi (idéal de beauté masculin Japonais d’apparence androgyne) et le travestissement se retrouvent dans de nombreux mangas. C’est une thématique largement répandue et vous la traitez avec le premier rôle masculin, Okinoshima. Que signifie-t-elle pour vous ?
Le personnage d’Okinoshima est avant tout très peu sûr de lui, il essaie plein de choses dont le travestissement qui est un moyen de se cacher. S’il était plus sûr de lui, il se promènerait simplement en homme viril et ferait tomber toutes les filles mais ce n’est pas le cas.
Sinon, je me suis dit que quitte à travestir un garçon, autant en faire un beau gosse. (rire)
Dans la plupart des shôjo, les filles laissent parler leurs émotions avant tout et si Momosato est une héroïne typiques, les personnages de Kana et Yuriko sont très différentes et étudient l’amour au lieu de le vivre. Pourquoi avoir choisi ces profils atypiques ?
C’est très simple, mes personnages s’équilibrent entre eux et grandissent au contact les uns des autres. Ils se font grandir avec leurs différences et c’était justement pour contrebalancer, pour créer un pendant à Momosato qui agit avant de réfléchir que j’ai introduit des personnages plus portés sur l’analyse comme Kana et Yuriko.
Merci à vous et bonne continuation !
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