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Culture

Girls, une série attachante au coeur d’une polémique

Girls, la série de Lena Dunham, vient de faire son entrée dans l’arène des séries « de meufs ». Après la diffusion du deuxième épisode, faisons un premier bilan.

— Initialement publié le 23 avril 2012

Le pilote de la série Girls, la série de Lena Dunham produite par Judd Apatow, a été diffusé sur la chaîne HBO le 15 avril 2012. Dès le lendemain, de nombreux articles ont déferlé sur Internet, soulevant tous les mêmes questions : Girls est-elle une série vraiment réaliste ? Et doit-on s’indigner du fait que la série ne mette en scène que des personnages blancs ?

Girls, la série avec des morceaux de la vraie vie dedans

Tout d’abord, révisons un peu nos bases.

De quoi parle la série Girls ? Du quotidien de quatre jeunes femmes New-Yorkaises : Hannah (Lena Dunham), Marnie (Allison Williams), Jessa (Jemima Kirke) et Soshanna (Zosia Mamet), dont on suit chaque semaine les galères sentimentales, sexuelles, professionnelles et familiales.

Ça vous rappelle peut-être quelque chose ? Il semble impossible de parler de la série Girls, et plus généralement de séries « de meufs », sans évoquer Sex & The City. Le pilote de Girls y fait même directement référence, c’est dire ! Autre phénomène : la même question revient toujours à savoir « Est-ce que c’est réaliste ?« . C’est-à-dire : « Est-ce que moi, jeune femme occidentale, je vais pouvoir m’identifier à ces personnages et à leurs histoires ?« 

Dans le cas de Sex & The City, j’ai fait partie de ces (très nombreuses adolescentes) qui ont grandi en espérant se rapprocher, dans leur vie d’adulte, des personnages de la série. Je voulais le quotidien de Carrie, avec la vie sexuelle de Samantha, la thune et l’exigence de Charlotte et surtout, le plus important, l’humour et le caractère de Miranda.

Sauf que bon, une bonne décennie me tient encore éloignée de l’âge de ces héroïnes – alors que dans la série Girls, on tape en plein dans le mille. Hannah, le personnage principal, a 24 ans, comme moi. Du coup, ça aide un peu à l’identification.

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La série Girls dans le collimateur du réalisme & de l’identification

Est-ce que ça marche ? Ben oui, plutôt. En deux épisodes, la série Girls a déjà couvert quelques thèmes familiers : le plan-cul-pas-tout-à-fait-plan-cul qui te traite comme un sex-toy un peu chiant, les problèmes de compatibilité sexuelle, les choix de vie contestés par les proches, les parents qui te lâchent financièrement, la recherche de boulot, l’avortement, ou encore la virginité « tardive ».

Et pourtant, Girls est loin d’être la première série à aborder ces thèmes – alors qu’est-ce qui la différencie des autres ?

Girls a un côté cru, tant dans le ton que dans l’esthétisme. Oubliez les scènes de cul qui vous donnent l’impression que les acteurs ont la peau lisse comme du latex : ici les corps humains sont traités à leur juste valeur. Les bourrelets ne sont pas gommés, les dialogues semblent sortir tout droit de vos souvenirs les plus gênants, l’ambiance sonore est respectée ; bref, de ce côté-là, on est plutôt dans le réalisme que dans le glamour.

Les thèmes traités par la série et les réactions des personnages sont tous plus ou moins réalistes, dans la mesure du possible, sans devenir chiants (on ne regarde généralement pas une série pour se retrouver face à une copie conforme de notre quotidien).

Alors qu’une série comme Sex & The City a plutôt tendance à créer une frustration (le mode de vie des héroïnes n’étant pas le plus accessible, soyons réalistes), la série Girls nous permet de nous pencher sur d’autres vies que les nôtres sans trop nous éloigner de notre zone de confort. On prend alors plaisir à hocher vivement la tête et à souligner que « Putain, mais grave, c’est trop ça hahaha« .

L’absence de diversité est-elle un véritable handicap à la série Girls ?

Sauf que s’identifier aux personnages de la série 

Girls peut s’avérer un peu compliqué pour certaines femmes. En effet, la grosse critique faite à la série depuis la diffusion du premier épisode, c’est l’absence de personnages d’origines étrangères.

Les quatre héroïnes sont des blanches, qui couchent avec des blancs, et travaillent avec et pour des blancs. Dans le pilote, on a vu un clochard noir et un asiatique balèze en Photoshop. Dans le deuxième épisode, une gynécologue qui semble être d’origine indienne.

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Les femmes noires qui sont tombées amoureuses du concept de la série se sont retrouvées bien frustrées de ne voir aucun personnage de couleur se mêler au groupe d’Hannah.

Et beaucoup de New-Yorkais se sont demandé comment on pouvait bien représenter un groupe de femmes évoluant à New York en 2012 et ne pas inclure un seul personnage « non blanc ». Dodai Stewart, elle-même noire et New-Yorkaise, s’est exprimée à ce sujet dans un article de Jezebel :

Moi aussi, je suis une femme noire ayant grandi à New York. Moi aussi, j’ai frequenté des écoles publiques et privées. Moi aussi j’ai été une vingtenaire qui essayait de percer dans l’écriture. Et pourtant. Le monde dans lequel Hannah et ses amies cohabitent me semble familier, excepté pour son manque total de diversité.

Rebecca Carroll, du Daily Beast, a également fait part de sa déception à ce sujet. Jenna Wortham s’est elle aussi exprimée sur The Hairpin. Et ce ne sont que trois petits exemples de tout ce qu’on peut lire depuis le 16 avril.

Julie Gerstein de The Frisky a choisi de se pencher sur notre propension à sur-analyser tout ce qu’on nous sert – et à la pression qu’on balance sur Lena Dunham avec ces histoires. Selon elle, Lena n’est pas la voix de notre génération, et c’est très bien comme ça. Et sur xoJane, Julieanne Smolinski aborde toutes les polémiques qui tournent autour de la série et liste toutes ses particularités – comme ça, au moins, on est à peu près sûr d’avoir fait le tour.

Du coup, Judd Apatow s’est exprimé au sujet de la diversité dans Girls :

La série est partie pour durer, donc on a tout le temps d’y inclure tous les types de personnes possibles. On veut qu’elle reflète un quotidien new-yorkais honnête, et on compte faire tout un tas de trucs avant que la série se termine – du coup, on espère être là pour un petit moment.

Lena Dunham, quant à elle, a assuré qu’en cas de renouvellement de la série, elle aimerait beaucoup pouvoir se pencher sur ce problème dans une deuxième saison.

Mais celles qui s’indignent de cette absence de diversité sont aussi celles qui soulèvent une autre question : les personnages des séries que je regarde doivent-ils absolument me ressembler pour que je puisse m’identifier à eux ? Pour la plupart d’entre elles, la réponse est évidemment non.

Pour conclure, et pour donner un peu mon avis gratos : je pense effectivement que c’est bien dommage qu’on ne voie pas plus de diversité dans les séries « de meufs » – Sex & The City n’était déjà pas terrible à ce niveau là, mais si on fouille dans les séries comme Gossip Girl par exemple, on touche clairement le fond, là où Desperate Housewives se démerde vachement mieux par exemple (après on pourrait débattre du niveau intellectuel de ces séries mais on est pas là pour ça). À côté de ça, je trouve les deux premiers épisodes très prometteurs, rafraîchissants, drôles – et oui, j’ai réussi à m’identifier à plusieurs situations, ce qui m’a fait bien plaisir.

Du coup, je me tourne vers vous. Que pensez-vous de la série ? Qu’est-ce qui vous plaît, et qu’avez-vous à lui reprocher ? Que vous inspirent ces questions de diversité ? Vous sentez-vous frustrée devant une série qui ne montre que des femmes blanches (soit parce que vous ne l’êtes pas, soit parce que votre groupe d’amis est toujours très coloré) ?


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

45
Avatar de miss-ter
22 mai 2012 à 12h05
miss-ter
La polémique ne m'intéresse pas mais franchement, le dernier épisode était très bien!! Jusqu'ici les épisodes me semblaient assez plan plan mais là, c'est peut-être parce que cet épisode était en partie écrit par Judd Apatow (sans parler du sublime clin d'oeil qui consiste à reprendre l'actrice qui jouait la mère dans Freaks & Geeks pour le même rôle), mais il se passe enfin quelque chose. A tel point que je me suis presque crue dans Freaks & Geeks dix ans plus tard (scène avec la mère dans le couloir et scène finale). Continuez comme aç
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