Je me souviens d’une époque où j’adorais être malade. Sauf que je l’étais tellement rarement, que j’étais obligée de faire semblant – il suffit de lister quatre symptômes au hasard à n’importe quel médecin généraliste pour se faire arrêter trois jours.
Du coup, quand j’étais petite, j’étais une “migraineuse”, j’ai eu des problèmes de “tétanie”, j’ai fait de l’”anémie”, j’ai “vomi” quelques fois dans les toilettes de l’école (j’utilisais cette carte pour m’attirer pitié et sympathie, rapport à ça).
Mais maintenant, c’est différent. Maintenant, je ne peux plus me permettre d’être malade comme je veux, et de toute façon, je déteste ça. J’ai un système immunitaire en béton armé, donc quand je suis malade en général c’est au changement de climat automne/hiver puis hiver/printemps : un petit coup de froid qui me met KO trois jours et ça repart. Mais quand je suis vraiment malade, quand mon corps chope un truc et fait tout ce qu’il peut pour combattre les vilains virus, là, c’est plus drôle du tout.
BOULOT
J’ai une chance inouïe concernant mon boulot : 1) j’adore ce que je fais (et je ne dis pas ça parce que mon boss va lire cet article – NDFab : mais un peu quand même, hein ? :)) et 2) je bosse de chez moi. Je suis actuellement en débardeur-culotte sur ma couette Pocahontas et mon ordi sur les genoux, on a connu pire comme environnement de travail.
Mais malheureusement, cet avantage se retourne contre moi lorsque je tombe malade : je ne peux pas demander à rester chez moi. Je peux rester au lit avec une infusion et un bouillon tout en tapotant gaiement (quoiqu’un peu mollement) sur mon clavier. Ce n’est pas dans ces conditions que je vais pondre le plus grand article de ma carrière, mais ça ne m’empêchera pas de vous annoncer la sortie d’un nouveau clip de Rihanna ou d’un nouveau produit absurde qui me fait ricaner dans mes mouchoirs.
Du coup, difficile de tenter le “désolée patron, j’peux pas venir travailler aujourd’hui, je tiens pas debout”, puisque rien ne stipule que je doive être debout et/ou en totale forme physique pour faire mon boulot (NDFab : et si elle ne fait pas bien son boulot, Jack recevra des coups de fouet mais ça, je l’ai censuré hahaha *rire de maître du monde*)
ALLÔ MAMAN BOBO
Autre problème : QUI vient s’apitoyer sur notre sort quand on est malade passés 20 ans, hein ? Ma mère, qui n’a jamais été partisane de l’approche « mon pauvre petit chaton malade, reste donc sous ta couette pendant que je m’occupe de toi, à grands renforts de petits plats et de mots doux », m’a rendu le traumatisme moins violent.
Non, quand j’étais malade, ma mère me disait simplement « ça va, t’es pas non plus mourante, ça arrive à tout le monde, et hop ! ».
Non elle n’est pas un tyran sans coeur, c’est tout simplement une technique de base de parent : tout faire pour ne surtout pas conforter son môme dans son rôle de martyr-malade-au-secours-je-me-meurs-vite-un-câlin-et-un-dessin-animé.
Maintenant que je vis seule, c’est pire : j’ai beau tenter la méthode allô maman bobo, pour voir, c’est bouclé en 5 minutes : « prends une tisane, mets-toi sous ta couette avec un bon film et si demain ça va pas mieux, va chez le médecin, bisou. » N’empêche qu’avoir l’autorisation de sa mère pour glander sous sa couette, ça vaut tous les câlins du monde.
SOS MÉDECIN
Quand ça ne va pas mieux, faut aller chez le médecin. Et quand on est une grande personne responsable, il faut y aller seule, payer la consultation, puis les médocs, envoyer ses feuilles de soin, et on classe le tout dans sa grosse pile de paperasse.
Avant, on y allait avec maman, qui devait appeler son boulot pour dire “désolée, la réunion super importante se fera sans moi, ma fille a une toux grasse” (nous donnant ainsi la sensation d’être le maître du monde, ainsi que du destin professionnel de sa maman, “y en a que pour ma gueule, j’en fais ce que je veux de ma mère”) et le médecin était un pédiatre gentil et compréhensif qui riait à nos blagues débiles.
Après chaque consultation, on avait droit à un bonbon ou une sucette, et des compliments sur notre poussée de croissance ou notre poids, et ça, ça arrive rarement quand on est adulte. J’ai pris deux centimètres l’année de mes 21 ans, et PERSONNE ne m’a félicitée, personne n’a fait semblant de s’y intéresser, que dalle, nada, et pareil pour mes poussées de fièvre. C’est tout bonnement dégueulasse.
Les joies de devenir adulte
Tout ça pour dire qu’une fois passée dans la catégorie adulte responsable, plus personne n’a de considération pour les batailles que mène mon petit corps contre les méchants virus.
J’aimerais que ma mère lâche tout pour venir me border en m’apportant du bouillon (pourquoi on m’a jamais dit que c’était bon le bouillon ? pourquoi je faisais la gueule à huit ans devant mon bol ? SALE GOSSE), que mon mec se précipite chez moi pour venir me masser les pieds et ramasser mes mouchoirs sales pour débarrasser mon lit, que mes potes aillent manifester dans la rue pour récolter des fonds pour payer mes frais médicaux.
Mais au lieu de ça, je me plains sur Twitter et on me dit “bon courage <3”, et mon patron me demande où j’en suis dans mes papiers (NDFab : SINON LE FOUEEET !), et je reste seule sous ma couette, à dialoguer avec mon estomac pour lui faire comprendre à quel point c’est important pour moi qu’il respecte le processus normal de digestion.
Grandir, c’est d’la merde.
Les Commentaires
J'ai jamais été malade quand j'étais petite (genre...encore plus que maintenant), et là, pour la première fois de ma vie, j'ai la crève et je suis mineure et POURTANT je suis ignorééééééée.
Non, allez, j'ai le droit de pas aller au bahut.
Quelle joie!