Live now
Live now
Masquer
Image by Drazen Zigic on Freepik
Daronne

« Ce n’est pas grave » : quand banaliser les émotions d’un enfant devient toxique

« Allez, ce n’est rien », « ne pleure pas pour ça », « tu n’as pas mal »… Ces phrases, qu’on dit souvent sans y penser, peuvent sembler anodines. Pourtant, à force de vouloir rassurer trop vite, on finit parfois par étouffer les émotions de nos enfants. Et c’est là que le problème commence.

Nommer les émotions, c’est déjà les apaiser

Un enfant tombe, se met à pleurer. Le réflexe du parent ? Dire « ce n’est pas grave ». Ce petit mot, censé calmer, vient en réalité nier la peur, la douleur ou la déception qu’il ressent.

Quand on invalide une émotion, on empêche l’enfant d’apprendre à la gérer.

Autrement dit : à force d’entendre que ce qu’il ressent n’est « pas grave », l’enfant finit par ne plus écouter ses propres signaux internes. Il se coupe de ce qu’il éprouve.

Valider une émotion ne veut pas dire « dramatiser ». C’est simplement reconnaître : « Oui, tu es triste », « oui, ça t’a fait peur ». Les neurosciences l’ont montré : le simple fait de nommer une émotion active dans le cerveau les zones qui permettent de la réguler. Une phrase comme « je vois que tu es fâché » apaise souvent bien plus qu’un « calme-toi ».

Ces petites phrases qui blessent sans qu’on s’en rende compte

Les psychologues le répètent : certaines phrases du quotidien, même dites avec bienveillance, peuvent saper la confiance de l’enfant.

Parmi les plus fréquentes :

  • « Tu exagères » : elle envoie le message que ses ressentis sont disproportionnés, donc « mauvais ».
  • « Arrête de faire ton bébé » : au-delà du jugement, cette phrase nie le besoin de réconfort qui s’exprime.
  • « Il y a pire dans la vie » : certes vrai, mais totalement inutile à un enfant de cinq ans qui pleure son doudou perdu.

Le problème, c’est la répétition. Entendre régulièrement qu’il « dramatise » ou qu’il devrait « se ressaisir » peut amener l’enfant à refouler ses émotions, ou à les exprimer par la colère, parce que c’est la seule émotion « autorisée ».

Derrière la banalisation, une peur parentale de « mal faire »

Si ces phrases sont si répandues, c’est aussi parce qu’elles nous rassurent, nous, adultes. Face à un enfant qui pleure, on se sent impuissant, parfois coupable. Dire « ce n’est pas grave » est une façon de vouloir réparer vite.

« C’est une tentative de contrôle, explique la psychologue Nathalie Clément, dans un article. Les parents n’aiment pas voir leurs enfants souffrir, alors ils minimisent pour se rassurer eux-mêmes. »

Mais reconnaître la peine d’un enfant ne veut pas dire qu’on valide tout. C’est lui dire : « Je t’entends. » Et seulement après, quand l’émotion s’est calmée, on peut l’aider à comprendre ou à agir différemment.

C’est un apprentissage : on n’empêche pas une émotion, on apprend à la traverser.

Accueillir sans surdramatiser : un équilibre à trouver

Valider une émotion ne veut pas dire tout excuser. On peut très bien dire : « Je comprends que tu sois en colère, mais tu ne peux pas taper. »

Le rôle du parent, c’est d’être le cadre dans lequel les émotions peuvent exister sans débordement.

Et la bonne nouvelle, c’est que ce cadre s’apprend aussi chez nous. En observant un adulte capable de dire : « Je suis fatigué », « je suis frustré », l’enfant comprend que ressentir n’est pas une faute. C’est même une compétence émotionnelle essentielle pour plus tard.

Grandir, c’est aussi apprendre à ressentir

Alors oui, parfois, c’est vraiment « pas grave ». Mais avant de le dire, prenons le temps de voir ce qui se joue. Parce qu’entre une égratignure et un chagrin d’amour de récré, il y a tout un monde d’émotions à accompagner.

Accueillir la tristesse, la peur ou la colère d’un enfant, c’est lui apprendre à se connaître. Et c’est aussi, quelque part, lui dire qu’il a le droit d’exister tout entier, émotions comprises.


Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.

Les Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.

Réagir sur le forum

Plus de contenus Daronne

Image by rawpixel.com on Freepik
Société

Jours fériés 2026 : le calendrier ultime pour enchaîner les week‑ends prolongés en famille

Image by gpointstudio on Freepik
Daronne

“Sephora Kids”: TikTok pousse-t-il les enfants à s’abîmer la peau ? Les dermatologues alertent

Image by user18526052 on Freepik
Daronne

Peur des monstres sous le lit : pourquoi dire “je vais vérifier” est une très mauvaise idée

Image by freepik
Daronne

Arrêtons de compter les minutes d’écran : aidons nos enfants à vivre (vraiment) dans l’ère numérique

1
Image by stockking on Freepik
Daronne

Fatigue, surexcitation… Les secrets des parents zen pour survivre à Noël avec des enfants

Image by freepik
Daronne

Protection de l’enfance : ce que le futur projet de loi va changer pour les parents

Image by freepik
Parentalité

Enfants trop sédentaires : pourquoi la HAS veut vraiment les remettre en mouvement

Source : Freepik
Parentalité

Avoir des fils ferait-il décliner plus vite la mémoire des parents ? Ce que montre vraiment une étude

Source : Freepik
Parentalité

La vérité scientifique sur le Père Noël : rend‑il vraiment les enfants plus sages ?

Image by freepik
Daronne

Reprendre le travail après bébé : les petites habitudes qui font gagner du temps et du bien-être

Pour les meufs qui gèrent