On le sait, les garçons peuvent être extrêmement créatifs en matière de drague. Quand ils ne sont pas en train de s’entraider sur des forums spécialisés (« 190 astuces pour pécho une yogi ») ou de commettre des traités de deux mille pages sur la question (découvrez en exclu mondiale le best-seller de Jean-Philippe Conquistador : « Comment draguer une blonde cendrée en septembre dans un parking de supermarché », éditions Perso, 89 euros), quand ils ne sont pas occupés à trouver la phrase d’accroche parfaite (« Sympa tes jambes, elles ouvrent à quelle heure ») ou le cocktail irrésistible (de préférence rose et très très très alcoolisé), les garçons peuvent aussi être extrêmement basiques. Notamment dans le cas de notre grande ennemie. La drague millimétrique.
Par drague millimétrique, il faut comprendre : stratégie inspirée des serpents qui consiste à s’approcher incroyablement lentement de sa cible et à progresser quasi-uniformément jusque dans sa culotte. La drague habituelle est, au contraire, une drague à étapes : on saute du sourire au bisou, du bras sur l’épaule à des choses que la morale réprouve.
Exemple de drague millimétrique : un type vous invite au cinéma et fait ramper sa main dans votre direction, de telle sorte qu’à la moitié du film il vous effleure à peine (ça pourrait être un malentendu). Il va ensuite remonter le long de votre bras tout en inclinant mollement la tête vers vous, et pour ne pas se prendre un râteau, il va micron par micron rapprocher ses lèvres des vôtres. Normalement, il aura presque terminé pour le générique. Astuce intéressante : si vous retirez votre bras, l’adepte de la drague millimétrique ne va pas lâcher l’affaire, mais va recommencer tout simplement sa progression au début.
L’idée derrière la drague millimétrique, c’est que si vous avez accepté qu’un type vous effleure le bras, alors quelle différence s’il pose sa main sur la vôtre ? Puis s’il vous tient carrément la main ? Si vous avez accepté qu’on vous embrasse sur la joue, pourquoi refuser qu’on vous embrasse à la commissure des lèvres ? Puis sur les lèvres ? Puis qu’on vous roule une pelle ? Pour les adeptes de la drague millimétrique, il s’agit de mettre les filles en face de leurs limites, et éventuellement de leurs contradictions – parce que quand on part à un rendez-vous ou qu’on sort en soirée, on n’a pas forcément en tête une liste précise de choses acceptables ou rédhibitoires. Surtout quand il faut gérer cette liste au millimètre. Et surtout quand la liste diffère selon les personnes rencontrées : tel garçon sera autorisé à nous mettre une main aux fesses, alors qu’on sauterait au plafond si tel autre essayait.
Nos limites sont floues et le monde est plein de gens qui comptent en profiter. Prendre un dessert alors qu’on n’en voulait pas, craquer pour l’offre spéciale parfaitement inutile, céder à la vendeuse parce qu’elle insiste : que celle qui n’a jamais été poussée plus loin que prévu, voire carrément dans une direction malvenue, me jette la première carte bleue. Ce n’est pas franchement honnête de faire du forcing mais puisque ça marche (souvent) en vente, il ne faut pas s’étonner de voir des mecs tenter le coup en drague.
La seule protection contre les dragueurs millimétriques, puisqu’on est d’accord que nos limites changent selon les situations et que dans la vie on ne sait pas toujours exactement ce qu’on veut (et c’est ok de ne pas être des machines), c’est de rester ultra-lucide et de ne pas se laisser culpabiliser. Un dragueur millimétrique est très facile à repérer. Ensuite, il suffit de ne pas se laisser sucer le cerveau : on a le droit de vouloir embrasser et pas coucher, de vouloir danser mais pas avec une main autour de la taille, de vouloir parler mais sans tout raconter sur sa vie. Peut-être que parfois ça peut sembler un peu chelou, d’accord. Mais ça vaut mieux que de se réveiller le lendemain avec des gros remords.
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