Je me souviens qu’en CP, le grand jeu de mes camarades de classe était de faire semblant de faire « han-han ».
L’idée, c’est que deux gamins se mettaient face à face et criaient conjointement « HAN ! HAN ! » avant de pouffer de rire, sachant bien qu’ils faisaient un truc interdit.
À vrai dire, je ne comprenais pas vraiment ce dont il s’agissait. Des copines m’avaient vaguement expliqué que c’était « ce que font les parents le soir » et j’avoue ne pas m’être posé plus de questions.
À l’époque, l’idée de désir sexuel était bien loin pour moi. Mais en repensant à cette anecdote, je me suis demandé quand ces blagues étaient devenues, quelques part, un peu plus réelles.
Quand est-ce que le sexe avait commencé à m’intéresser, à prendre un intérêt dans ma culotte et dans celle de mon entourage ? Pour en savoir plus, j’ai questionné des collègues et amies.
J’ai découvert que pour certaines, tout cela est arrivé bien plus tôt, ou de manière plus surprenante que ce que j’avais pu imaginer.
— Certains prénoms ont été modifiés.
Quand Disney éveille à la sexualité
Je me suis tout d’abord tournée vers ma collègue Mymy… Elle m’a raconté que pour elle, tout a commencé quand elle avait 7 ans.
« C’était devant Aladdin !
J’étais déjà amoureuse de lui (parce qu’il est beau gosse) (et débrouillard) mais ce qui m’a « chauffée » (bon j’avais 7 ans hein) c’est la scène où il est ligoté, bâillonné par les gardes de Jafar et jeté au fond de l’eau. »
« Je ne sais pas pourquoi, je trouvais cette perte de contrôle fascinante. Et 12 ans plus tard je me suis rendue compte que j’aime bien le BDSM donc : ¯\_(ツ)_/¯ personne n’est surpris »
Mymy a d’ailleurs écrit plusieurs articles à ce sujet depuis !
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Et en lisant les commentaires de cet extrait sur YouTube, on se rend compte qu’elle n’est pas seule à avoir découvert certaines pratiques devant Aladdin…
Les fantasmes d’enfance avec les amis de mon frère
Comme Mymy, Cunégonde m’a dit avoir pour la première fois été émoustillée quand elle avait 7 ou 8 ans.
« J’étais attirée par les potes de mon frère… J’imaginais des scénarios où j’étais avec l’un d’entre eux et qu’il m’avouait être attiré par moi pour m’embrasser ensuite.
C’était clairement de l’ordre du fantasme. Je voulais passer un maximum de temps avec ces gars parce que ça me faisait sentir toute chose. Je m’imaginais plein de choses, même si ça restait très gentillet.
Bon, au fil des années, mon fantasme s’est confirmé et je me suis mise à imaginer des choses plus concrètes, genre de me taper clairement l’un de ces mecs.
Sinon, à 15 ans, j’avais un méga trip sur Julian Casablancas et je mouillais ma culotte dès que je l’entendais parler en interview car j’adore les voix graves lentes et lascives. »
BAM. ORGASME.
La génèse d’une première masturbation
Pour Moïra, toute notion de désir est arrivé plus tard, quand elle avait 13 ans.
« Je regardais un film. Pour être honnête, je ne me souviens ni de son titre, ni même de la tête des personnages… Mais je me souviens de l’action.
Ce n’était pas une scène de sexe à proprement parler : il y avait un début de relation et de tension entre deux personnages, un homme qui effleurait simplement les seins d’une femme dans son décolleté.
Le couple avait l’air hypnotisé par l’action.
Pour la première fois, j’ai ressenti ce qu’est le désir, ça m’a clairement donné envie de découvrir ma sexualité.
D’ailleurs, j’ai commencé à me masturber quelques jours après, en repensant à ce que j’avais ressenti devant cette scène. »
Quand le plaisir arrive bien, bien avant le désir
Quand Nour m’a raconté son histoire, j’ai compris qu’il y avait une subtilité supplémentaire à prendre en compte : devais-je ne parler que de désir, ou bien de ce qui se passait parfois dans le corps bien avant ?
Il faut dire que son récit peut étonner.
« Pour moi, le plaisir est arrivé des années avant le désir.
Je me souviens que toute petite, à peut être 3 ou 4 ans, j’adorais faire du poney parce que ça me faisait tout drôle à l’entrejambe.
D’ailleurs, je me rappelle avoir fait des rêves super plaisants où je faisais de très longues balades en poney qui n’en finissaient pas ! »
Un gif, un regard.
« J’étais tout à fait incapable d’expliquer le pourquoi de ce plaisir. Un jour, je l’ai raconté à mes parents ; je crois qu’ils m’ont simplement dit que ce n’était pas grave mais que je ferais mieux de le garder pour moi.
Quand j’y pense, je donnerais cher pour pouvoir revoir leur tête quand je leur ai dit ça !
C’était purement physique mais en même temps, ça semble plutôt logique : mon clitoris était déjà là, qu’importe mon jeune âge.
Avec des ami•es, on avait émis la théorie que c’était pour cette raison que beaucoup de petites filles aiment faire de l’équitation… Je pense que c’est faux, mais ça m’amuse de penser que ça pourrait être le cas !
Après, si on parle du désir, le « vrai », lui n’est lui pas arrivé avant mes 11 ans… En pensant à quelqu’un rencontré en vacances ! »
Nour m’a précisé que même si elle a conscience que son désir est arrivé relativement tôt, elle ne se sentait pas prête pour autant à faire l’amour :
« La nuance me semble très importante à souligner. »
Un désir réprimé par un plaisir arrivé très jeune
Comme Nour, Alyssa a connu du plaisir très jeune… Sauf que son désir a pris une tournure bien différente.
« Une copine m’a montré, à 5 ans, qu’en se mettant la main dans la culotte, on pouvait se faire du bien.
C’était comme un massage qu’on se procurait à nous-même, en beaucoup plus agréable. On se touchait souvent côte à côte. À force, on a même élaboré de nouvelles techniques comme celle de se frotter à des peluches.
Et puis un jour, mon frère m’a surprise et m’a dit d’arrêter de faire ça. Je l’ai senti très gêné.
À partir de là, j’ai senti un énorme sentiment de honte et j’ai culpabilisé à l’idée de continuer. Je me trouvais anormale d’avoir envie de le faire… »
« Je me suis totalement réprimée jusqu’à mes 14 ans, quand je n’arrivais plus à me retenir (les hormones, tout ça). À ce moment là, mon désir a totalement explosé ! »
Aujourd’hui, Alyssa assume ses envies et rigole de bon cœur de ses premières masturbations.
Les premiers désirs et plaisirs, ce souvenir délicat
Pour écrire cet article, j’ai interrogé plus d’une vingtaine de femmes de mon entourage au sujet des premiers désirs/plaisirs sexuels.
Ça n’a pas été facile car une majorité m’a avoué ne pas avoir de souvenir précis de ce moment, finalement pas si important dans leur mémoire. Beaucoup m’ont dit ne jamais ne s’être trop posé la question.
Au final, l’important n’est pas forcément de savoir comment ça a commencé, mais plutôt de se sentir bien dans sa vie sexuelle.
Cela dit, je trouve fascinant de voir comme des moments anodins ou des œuvres culturelles « pour enfants » peuvent about aux prémisses de la sexualité !
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