Scaachi Koul écrit pour Buzzfeed aux États-Unis. Son dernier article a été traduit sur Buzzfeed France et raconte les deux fois où elle a été droguée par des inconnus dans des bars.
La culture du viol est une culture de la surveillance, déclare-t-elle. Car en avançant dans la vie, dans les soirées et dans les bars, Scaachi s’est rendue compte que certains hommes la surveillaient. Ils guettaient son niveau d’alcoolémie, la présence plus ou moins continue de ses ami•es, son attitude qui évoluait.
Comme un prédateur surveille un troupeau pour jeter son dévolu sur les plus faibles, les boiteux à la traîne, les proies faciles, certains hommes observent la population féminine des bars et des soirées
. Pour repérer celles que la fatigue, l’alcool, l’humeur ou un peu de tout ça rendra vulnérables.
« Quand on pense au viol, on imagine des hommes qui calculent méticuleusement comment faire du mal à des femmes. On pense à la violence sexuelle dans ce qu’elle a de plus atroce, à comment des hommes ont recours à la force pour immobiliser des femmes.
Mais, pour une raison quelconque, on ne pense pas au type qui vous surveille de l’autre côté du bar, en public, pendant peut-être une heure ou deux, pour voir si vous vous saoulez toute seule ou s’il doit intervenir pour vous payer un verre. Ce genre de viols –les viols où les femmes sont trop saoules pour consentir, sont inconscientes et où personne ne s’embarrasse de toute façon jamais de leur de demander leur avis–, on les considère comme des accidents.
Tout le monde était au mauvais endroit au mauvais moment. Des erreurs de jeunesse. La culture de la fête. C’est la faute du vin. Et on oublie le calcul: que cet homme qui vous a violée est venue vous voir justement parce que vous ne teniez plus debout, parce qu’il pensait que ça serait du tout cuit. »
La culture du viol est une culture de la surveillance à lire sur Buzzfeed France
Sur madmoiZelle, on vous a déjà parlé de la culture du viol, des hommes qui droguent puis violent des femmes en soirée, de la « zone grise » entre consentement et viol. Cet article est une nouvelle pierre qui s’ajoute à un édifice d’utilité publique : comprendre la culture du viol, l’analyser, la disséquer.
Pour mieux y mettre fin.
Comment agir si je pense qu’une personne est en danger ?
Si vous voyez une femme dans un bar ou une soirée et que vous n’êtes pas sûr•e de sa capacité à consentir, se défendre ou rentrer chez elle, n’hésitez pas à intervenir.
Vous pouvez lui parler, en premier lieu, lui demander comment elle se sent, lui proposer un verre d’eau et/ou quelque chose à manger, l’emmener sur le pas de la porte prendre l’air. Si elle est avec des ami•es, assurez-vous qu’ils/elles savent comment elle rentre, et ne la laisseront pas seule.
Si vous avez l’impression qu’un homme cherche à abuser de sa faiblesse temporaire, essayez de l’en éloigner. Demandez-lui si elle le connaît, si elle lui fait confiance, si elle voudrait rentrer ou continuer la soirée avec lui. Si c’est lui qui parle à sa place, méfiez-vous et dites gentiment que vous préféreriez avoir sa version à elle. Vous pouvez aussi prévenir le barman, lui demander de faire attention à ne pas la servir si elle est déjà très ivre.
Si vous pouvez, tenez-lui compagnie pendant qu’elle attend son taxi, son bus ou autres, ou en attendant que ses ami•es reviennent s’ils/elles la laissent seule.
Agir, ça passe par de petites choses. Ensemble, soyons vigilant•es !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Et madmoiZelle va exactement dans ton sens, tu trouveras plein d'articles qui parlent d'éducation des enfants (garçons comme filles), mais aussi des adultes, pour un apprentissage du respect d'autrui et de chacun, pour leur faire comprendre justement que le viol, c'est mal.
La solution passe par l'éducation, et si on continue à apprendre aux enfant que "les filles sont fragiles et les garçons sont les plus forts", le problème perdurera...