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L’éducation sexuelle peut-elle prévenir le risque d’agressions ?

Une recherche en psychologie et sociologie a tenté de savoir si l’éducation sexuelle au lycée ouverte, bienveillante et basée sur le concept de consentement prévenait les agressions sexuelles.

Le constat est relativement partagé : nous grandissons dans un monde sexiste.

Les jeunes filles entendent bien souvent des conseils non sollicités sur les manières d’éviter une agression et où les jeunes garçons sont rarement éduqués à ne pas agresser.

À lire aussi : Tous ces hommes qui ne m’ont pas violée… quel est leur point commun ?

Comment les choses peuvent-elles changer ? Est-ce qu’aborder avec les adolescent·es l’importance du consentement peut impacter leurs comportements futurs et réduire le risque d’agressions sexuelles ?

C’est en tout cas ce que suggère une recherche récente sur le sujet.

Le spécialiste John Santelli, accompagné de son équipe, ont mené une étude auprès de 1 671 étudiant-e-s afin d’observer les facteurs de risque ou de protection vis-à-vis des agressions sexuelles avec pénétration dont certain·es ont été victimes depuis leur entrée à l’université.

Les étapes de la recherche sur les cours d’éducation sexuelle

La recherche s’est déroulée en deux temps : d’abord, les chercheuses et chercheurs ont interrogé l’ensemble des étudiant·es via un questionnaire en ligne (portant sur les agressions vécues avant ou après leur entrée à l’université, sur des informations biographiques et démographiques, sur le contenu des cours d’éducation sexuelle éventuellement reçus au lycée…)

Ensuite, des entretiens ont été menés avec 151 étudiant·es pour approfondir les informations collectées dans l’étape précédente.

Les observations des chercheuses et chercheurs

Au cours de leurs analyses, les chercheurs·es se sont aperçu·es que les étudiant·es qui avaient reçu des cours d’éducation sexuelle incluant une éducation au consentement (et à l’expression du refus) au lycée auraient, semble-t-il, moins de risques de faire l’expérience d’agressions sexuelles une fois à l’université en comparaison avec des élèves qui auraient reçu des cours d’éducation sexuelle « classiques » ou prônant l’abstinence.

John Santelli et son équipe émettent l’hypothèse que ces cours d’expression du consentement ou du non consentement pourraient être un facteur protecteur durable pour les élèves.

En passant quelques heures à entraîner les élèves à dire « non » à des relations sexuelles non souhaitées (et à leur expliquer ce qu’est une relation sexuelle souhaitée ou imposée), nous pourrions bien les « protéger » d’une future agression plusieurs années plus tard.

Mieux comprendre le consentement

Que l’on soit clair : bien sûr, le fait d’avoir bénéficié d’un cours d’éducation sexuelle, aussi qualitatif soit-il, ne protège pas de l’agression sexuelle d’un conjoint violent, ou de l’attaque soudaine d’un agresseur en pleine rue !

Mais peut-être que ces cours permettent aux adolescent·es de comprendre ce qu’est le consentement, de l’importance de son expression, de l’importance de l’écoute du consentement d’un·e partenaire — peut-être que, grâce à ces cours, des adolescent·es prendront conscience qu’une relation sexuelle n’est jamais due, que des jeunes personnes réaliseront que leur désir ou leur absence de désir compte autant que celui de leur partenaire…

John Santelli et son équipe notent par ailleurs qu’un bon nombre d’étudiant·es, pendant les entretiens, ont parfois pointé la piètre qualité des cours d’éducation sexuelle, le manque d’informations sur le consentement et le focus sur les relations hétérosexuelles.

L’absence de cours d’éducation sexuelle complets et de qualité pousse les jeunes à se tourner vers d’autres ressources pour obtenir des informations : parmi les ressources citées, les frères et sœurs… et la pornographie – qui, on le sait, n’est sans doute pas le meilleur reflet de la réalité.

À lire aussi : À ceux et celles qui pensent que l’éducation sexuelle n’a pas sa place à l’école…

Ce que dit l’étude sur les agressions et l’éducation sexuelle

L’étude menée par les scientifiques ne dit pas que ça.

Elle pointe également plusieurs facteurs de risque : l’hostilité envers les femmes, la place de la culture du viol, les stéréotypes tournant autour de la masculinité, les rôles de genre…

Pour les chercheurs et chercheuses, pour réduire les agressions sexuelles, tous ces sujets doivent être mis sur la table par les pouvoirs publics.

Le consentement, concept primordial à inculquer

L’école doit pouvoir éduquer les élèves dès l’adolescence (et, à vrai dire, peut-être même bien avant), déconstruire les stéréotypes de genre, parler de sexualités, de ce qu’est une relation sexuelle « saine », de ce qu’est une relation imposée, de l’expression du consentement et du non consentement… et du respect de ce consentement.

L’étude menée par John Santelli et ses collègues fait partie d’un projet de recherche d’ampleur, le « SHIFT » (Sexual Health Initiative to Foster Transformation), qui vise à comprendre les facteurs individuels, interpersonnels et structurels (culturels, communautaires et institutionnels) qui contribuent à la santé sexuelle et aux violences sexuelles chez les étudiant·e-s, afin, jugement, de prévenir les agressions sexuelles et de promouvoir la santé sexuelle.

Pour aller plus loin, l’étude menée par John Santelli et son équipe de recherche est à lire juste là, en anglais.

À lire aussi : 11 conseils pour éviter le viol adressés aux violeurs, plutôt qu’aux victimes ?


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Les Commentaires

3
Avatar de Happycookie
11 décembre 2018 à 18h12
Happycookie
Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse a toujours été le principe d'éducation de mes parents, et je trouve que bien que plein de bon sens, peu de gens l'appliquent. Et certains appliquent le corollaire inverse : fais aux autres ce que tu voudrais qu'on te fasse... Et je pense que pas mal de toutes les agressions sexistes sont justement dûes à ce corollaire...
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