Le mois dernier, je vous proposais une liste des Petites humiliations du quotidien. Mais pourquoi se cantonner aux poisses diurnes alors que nos soirées regorgent tellement de petites contrariétés.
Le pote serviable, mais saoul
« Nan mais pas de souci, je te ramène ». C’est par ces quelques mots que te répond ton ami Roger quand tu lui dis que tu adorerais venir à cette soirée clandestinement organisée dans une grange abandonnée, mais que tu vis loin et que ta voiture est chez le garagiste. Roger est un garçon serviable et fidèle en amitié : il ne peut concevoir de passer une soirée avec ses amis s’il y en a un qui manque à l’appel. Et quand Roger est entouré de tous les siens, Roger est heureux. Alors, Roger boit. Un verre, puis deux. Puis trois, puis douze.
A 3h du matin, Roger est saoul et n’a plus très envie de te ramener en voiture. Il n’y a plus de places dans celles des autres, qui repartent joyeusement vers leur lit chaud et douillet en vous faisant de grands signes. Te voilà donc contrainte et forcée de passer la nuit dans une grange, à la fraîche, sur la paille, essayant de ne pas te focaliser sur le fort potentiel de présence de rats dans le bâtiment.
En plus, Roger ronfle.
(Si le Roger en question propose de prendre le volant malgré son taux d’alcoolémie élevé, fais-moi plaisir : fous-lui une grosse, grosse mandale).
Se prendre la tête avec son mec
Alors que tout le monde passe une excellente soirée, Richard, l’élu de ton coeur, ton prince charmant, rit en racontant que sous tes apparences de fille parfaite, tu baves dans ton sommeil, qu’il ne faut vraiment pas passer aux toilettes derrière toi, et que quiconque a le malheur de te parler à moins de 20cm le matin a l’impression d’avoir passé la nuit dans le local à poubelles. Vexée, tu te mets à hurler que lui, c’est pire, qu’il a des amas de crasse au coin des yeux au réveil, qu’il ronfle, qu’il met des slips, et même qu’en fin de journée, ils sentent l’andouillette.
C’est la crise. Richard menace de te quitter, tu lui balances de la téquila, du jus de citron et du sel dans les yeux, et tu tournes les talons pour t’enfuir de la pièce en faisant bouger tes cheveux pour bien signifier ton agacement. Après quoi tu vas pleurer dans les toilettes jusqu’à ce que Richard se décide à venir te chercher pour recoller les morceaux (mais aussi et surtout parce que son pote Bob a envie de vider sa vessie). Tout va pour le mieux et votre amour est intact, mais la scène a jeté un froid polaire sur l’ambiance de la soirée et tout le monde s’en va.
Du coup, tu pleures à nouveau.
Faire un bide
Ta bande de potes et toi êtes au pub et tout le monde y va de sa petite phrase pertinente qui fait rire tout le monde.
Grisée, tu tentes de raconter la dernière blague que tu as entendu.
Petite parenthèse enchantée : alors déjà qu’on soit d’accord, raconter des blagues, c’est un peu désuet. Moi j’aime bien, mais je choisis toujours de les faire en petit comité, quand je suis avec des gens dont je suis certaine qu’ils comprennent mon humour : c’est plus sûr. Il faut également savoir choisir son public, car tu ne peux décemment pas raconter l’horrible boutade du bébé mort-né à une de tes copines enceintes (sauf si elle a l’humour vraiment noir et qu’elle vit sa grossesse en toute confiance), ou à une copine qui a subi une agression sexuelle celle affreuse de la petite-fille qui a perdu ses parents dans un accident de voiture et un mec éteint son moteur, et… Non, j’arrête : j’ai vraiment un répertoire ignominieusement glauque et j’ai envie de rendre mon déjeuner rien que d’y penser.
Bien, revenons à la soirée au pub. Alors que tout le monde est encore en train de pleurer de rire suite au jeu de mots de l’un de tes amis, tu te décides à leur faire découvrir la nouvelle blague à la mode du moment avec un accent belge. Et là, gros blanc. Personne ne rit, car dans l’assemblée, il y a :
- ceux qui ne comprennent pas la blague
- ceux qui n’ont entendu que la fin
- ceux qui la connaissaient déjà
- ceux qui n’ont pas trouvé ça drôle
- ceux qui trouvent qu’en plus, tu fais très mal l’accent belge
Dans le meilleur des cas, tout le monde rit quelques secondes après tellement ta façon de raconter est minable. Dans le pire, chacun reprend sa conversation comme si tu n’avais rien dit. Et toi de baisser la tête, vaincue par Guibeudôs, le Dieu grec de l’humour.
La robe qui craque
Cette robe t’a coûté un bras, mais tu la voulais vraiment : elle semble avoir été cousue à même ton corps et tu es fière de l’enfiler pour cette soirée raclette.
Mais au milieu de la nuit, lorsque la table est poussée sur le côté et que vous commencez tous à danser, c’est le drame. La robe est si près du corps qu’après 7 pommes de terre et une quinzaine de morceaux de fromage, la couture craque. Pile au niveau des fesses (sinon c’est pas drôle).
Tu passeras donc le reste de la soirée, un sweat à capuche noué autour de la taille. Les boules.
Laisser l’alcool choisir tes mots
Il suffit de peu pour se laisser aller verbalement. En quantité d’alcool, je dirai que c’est à partir de deux verres. C’est l’euphorie et tu commences à faire preuve d’une sincérité à toute épreuve. Tu prends tes amis et ton copain dans tes bras en essayant de leur faire comprendre à quel point tu les aimes, à quel point ils sont exceptionnels, que tu es chanceuse de les avoir croisés, au détour d’un virage, sur le chemin de la vie.
Ça, c’est pour la partie mignonne. Mais en soirée, il est assez rare de ne tomber exclusivement sur des gens que tu aimes. Il y a aussi les autres, ceux qui t’agacent un peu mais qui semblent t’adorer. A ces personnes, tu n’as jamais osé dire que tu ne les portais pas dans ton coeur, car tu es polie et être polie, c’est bien.
Te voilà donc, contre toute attente, regarder l’objet de ta non-affection dans les yeux et lui dire qu’elle a le QI d’une huître qui aurait trop fait la fête. Le lendemain, tu t’en veux, parce que c’est bête et méchant.
Et en plus, ça te fait perdre des followers sur Twitter.
Tu en as d’autres en tête ?
— Illustrations Timtimsia
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