J’aime la musique d’un amour pur et simple. J’ai été élevé au son d’Henry Des pour m’endormir et au Bon Jovi à fond dans la voiture pendant le retour des vacances. J’ai développé un véritable amour pour les notes dès mon premier contact oculaire avec les pics surdimentionné de Benji Madden. Sa coiffure, en plus de défier la gravité, m’a ouvert les portes d’un univers où les chansons se déclamaient par coeur et où le khôl noir se déposait à l’intérieur de la muqueuse.
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Je suis arrivée au collège et mon amour pour les punks à crête a perduré. J’ai versé toutes les larmes de mon corps, j’ai hurlé ma rage en silence, je me suis sentie invincible, j’ai eu la force de me lever le matin, je me suis sentie la plus heureuse du monde. J’ai vécu énormément de moments de ma vie en musique.
C’est donc avec un intérêt quasi-vital que je me dois d’assister à une quantité minimum de concerts sous peine d’anémie, de dépression puis de mort.
Il y a quelques jours, j’étais allongée dans l’herbe humide de la Belgique, un verre de soda chimique dans les mains et la tête bien loin des rames de métro aux doux fumet de poisson moisi.
Le Groezrock c’était super, comme toujours. Mais, comme tous les ans, et à chaque fois que je décide de payer pour écouter un artiste en live, quelque chose m’empêchait pleinement de profiter de l’instant. Car même là-bas, dans cet endroit où tout le monde se prend dans les bras avec un air désinvolte et dans un état plus ou moins digne, un truc continue de pourrir la vie de tout le monde.
Les clichés existent aussi dans le paisible domaine de la musique, et c’est franchement dommage.
Les filles écoutent la musique avec leur culotte (mouillée) (c’est mieux pour l’acoustique)
Ça fait pas mal de temps que je me trouve face au phénomène dictant qu’en soutenant un artiste, je risque à tout moment de passer du côté obscur de la Force. Et pour cause : je suis une fille.
Il n’est pas rare que je pense à me contenir en concert durant la prestation d’un groupe dont j’apprécie particulièrement le travail. La raison de cette pudeur est simple, nette et facile : je ne veux pas être taxée de groupie.
La groupie, c’est la hantise de tout adorateur de musique qui se respecte. Imagine une troupe d’adolescentes transpirant d’amour par tous les pores de la peau et hurlant leur adoration d’une voix suraiguë. Imagine que ces même personnes attendent devant la salle depuis la veille, te bouchent la vue avec des banderoles fluos et parlent dans un dialecte uniquement compréhensible par les membres émérites du forum officiel de l’artiste concerné.
Ça ne dégage pas beaucoup d’ondes positives, hein ? Je te laisse imaginer la considération que les gens ont vis-à-vis de ces personnes un peu excessives.
« One Direction c’est PAS dans cette salle. »
Le problème réside dans le fait que dans l’imaginaire de n’importe quel individu, une groupie est forcément un être de sexe féminin. C’est marrant, je connais des hommes prêt a tout pour rencontrer leur idole, poser avec lui/elle sur une selfie tremblant, se faire pipi dessus à l’idée de lui serrer la main… Pourtant, cette attitude n’est pas vue de la même manière.
En concert, un garçon très démonstratif est un fan fidèle. Une fille, elle, criera toujours beaucoup trop fort et trop aigu.
Cette image n’aide en rien à déconstruire ce stéréotype qui nous colle à la peau. D’ailleurs, je ne m’en offusquais pas vraiment jusqu’à tomber sur une publicité largement distribuée durant le festival…
Je te laisse l’apprécier à sa juste valeur.
Quelques chose cloche franchement dans cette photo promo pour la marque Large. Laisse-moi te prendre par la main gentiment :Bon. Il va vraiment falloir m’expliquer pourquoi les seules filles représentées sont en pleine névrose hystérique devant le David Guetta badass qui sort des backstages. Parce que les hommes, eux, savent tenir leur slip devant leur idole toute proche ?
Une fois de plus, c’est encore nous, les filles, qui passons pour des greluches appréciant la musique uniquement avec notre entrecuisse. C’est injuste. C’est nul. C’est chiant.
Certains groupes sont, à tort, considérés comme des groupes « à minettes ». C’est à croire que si un artiste est un poil au-dessus de la moyenne de sexyness, il ne mérite pas la reconnaissance de ses pairs. Le simple fait d’arborer un t-shirt de Falling in Reverse ou Bring me the Horizon devient une une bataille avec sa propre estime.
C’est marrant car quand j’ai rencontré l’Apollon qui partage tous les soirs ma couche, sa chambre était entièrement recouverte de posters d’Hayley Williams, la chanteuse de Paramore. Quand je dis « entièrement », ça concerne aussi la porte et l’intérieur de la penderie, hein. Je ne pense pas que ça aurait été le cas si elle était atteinte de strabisme inversé, de sudation excessive de la zone T et d’acné bubonique. Et personne ne n’a jamais traité mon copain de groupie fanatique.
Les filles doivent à tout prix être secourues (ou pas)
Pour découvrir cet autre poncif, il faut descendre dans la fosse. Les femmes ne sont pas toujours vues du meilleur oeil dans cet espace réservé à la liberté des corps dans la confusion des mouvements.
La disposition d’une foule est habituellement la même :
- La barrière, où (si tu as bien suivi) s’égosillent les groupies
- Le fond qui kiffe la vibe sans trop se mouiller
- Les cinq premiers rangs, immense masse mouvante et chaotique.
En général, survivre dans cette dernière catégorie semble relever du miracle. Dans les faits, les gens sont bien plus courtois qu’il n’y paraît ! Ce n’est pas parce qu’ils se jettent sans vergogne les uns contre les autres qu’ils ne savent pas faire preuve d’un minimum d’humanité.
Ça me rappelle la bataille de Narnia, tiens.
À la vue d’une telle violence, tu t’imagines bien qu’il est impensable qu’une fille ose poser ne serait-ce qu’un bout de talon aiguille en plein milieu du pit !
Perdu.
Personnellement, je préfère secouer mon corps de manière saccadée au milieu d’une foule trop serrée que de perfectionner mon twerk sur du Flo Rida. Je n’ai pas la peau renforcée au mithril ni de protège-dents, et ça ne m’empêche pas d’aimer me perdre dans la sueur et l’impulsion anarchique de mes voisins de fosse.
Je ne suis pas la seule femme à jouer avec ma vie profiter à fond, et souvent, les mecs restent pantois face à notre envie d’être au coeur de l’événement. Il m’est arrivé de voir une drôle de scène quand une fille s’insère dans la foule. Tout à coup, plusieurs garçons se sentent investis d’une mission consistant à la protéger contre tout ce qui pourrait porter atteinte à sa sérénité. Ça part d’un bon sentiment, mais c’est un peu étrange.
Les problèmes débarquent à partir du moment où certains décident que par son aspect fragile et délicat, une fille n’a rien à faire là. Il y a ceux qui vont voir en moi une meuf courageuse tellement cool et hardie, et les autres, qui préfèrent me virer à coup de tatanes histoire de me rappeler ma place. Je suis soit Brienne de Tarth, soit Cendrillon. Ça met un peu mal à l’aise.
Leave me pogoter sur NOFX alone.
Assister à un concert, c’est un moment à part, où le quotidien détale à partir du moment où le rideau se lève. Enfin… sauf le sexisme ordinaire, visiblement…
Les Commentaires
Et en général si une fille veut y aller, ça se voit, et les mecs la laisse faire ce qu'elle veut sans intervenir.
Pour avoir fait pas mal de concert de genre différent, il y a carrément plus de respect devant du métal, hard rock et autre, que devant des choses plus "calme", mais en général les gens sont plutôt courtois partout. (et ya des cons partout)