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Cliniques anti-gays : quand l’homosexualité est considérée comme une maladie

En Équateur, des cliniques proposent de « soigner l’homosexualité » a-t-on appris hier dans les colonnes du Huffington Post. Dans certains endroits du monde, l’amour gay et lesbien est encore considéré comme une anomalie mentale.

En France, il a fallu attendre 1992 pour que l’homosexualité ne fasse plus partie des pathologies psychiatriques. Si, plus de 20 ans après, notre pays autorise désormais le mariage pour tous, les mentalités n’ont pas évolué partout de la même façon.

Pour certains, l’homosexualité est une « tare » à combattre, une « maladie » dont on guérit possiblement ou encore, un « fléau » qui s’abattrait injustement sur les plus malchanceux d’entre nous.

Hier, le Huffington Post a révélé l’existence de cliniques anti-gays en Équateur, des établissements illégaux dans lesquels il est question de « soigner l’homosexualité ». L’occasion pour madmoiZelle.com de proposer un tour d’horizon de l’homophobie dans le monde.

Équateur — Internée par sa mère après avoir été « surprise dans sa chambre avec une copine du collège »

Denisse Freire est lesbienne. Pour la « guérir », sa mère a placé la jeune fille — de 15 ans à l’époque (c’était il y a 10 ans) — dans un centre évangélique de désintoxication, près du port de Guayaquil, à l’Ouest du pays. La jeune femme sort aujourd’hui du silence, et raconte :

« Ma mère m’a découverte dans ma chambre avec une copine du collège et elle m’a internée parce que j’étais lesbienne. On devait soi-disant me soigner […] Ils me torturaient avec des électrochocs, m’empêchaient de me baigner pendant trois jours, me donnaient à peine à manger, me frappaient beaucoup, me pendaient par les pieds […] Ils me disaient que c’était pour mon bien. »

Après deux mois de ce traitement « thérapeutique », Denisse s’est enfuit. Dans un premier temps, elle a choisi de ne pas parler de ce qu’on lui a infligé dans ce centre : « Je n’ai rien dit, car ma mère était la responsable. Elle m’a dit qu’elle voulait juste me faire changer et pas que je subisse tout ça », a expliqué depuis la jeune femme.

Le Huffington Post rapporte que « le cas de Denisse n’est pas nouveau » :

« Les autorités équatoriennes reconnaissent qu’il s’agit d’un problème de grande ampleur, impliquant parfois des fonctionnaires. La semaine dernière, une responsable du ministère de la Santé, précisément chargée du contrôle des cliniques, a été interpellée pour avoir dirigé ce type d’établissement. »

La ministre de la Santé, Carina Vance, elle-même lesbienne et militante pour les droits des homosexuel-le-s, évoque un réseau mafieux sur le territoire national.

Mais les cliniques illégales en question ne se sont pas contentées de maltraiter physiquement leurs résidents. Elles ont également mis en place une « thérapie sexuelle » (sic) consistant à être violée par un homme, ont rapporté deux lesbiennes au cœur de l’affaire.

Allemagne — Un traitement homéopathique pour ne plus aimer les personnes du même sexe

En 2011, une association de médecins catholiques allemands, le BKÄ, a proposé une « cure » pour aider les homosexuels « dans une situation de détresse » à changer d’orientation sexuelle.

Le traitement ? Quatre pilules homéopathiques, prétendument élaborées sur des thèses de psychothérapie. Des séances avec un psychologue puis l’administration de ces granulés étaient alors présentés comme le moyen pour n’importe qui de venir à bout d’une attirance pour les personnes du même sexe.

À la tête de ce mouvement de médecine douce, le charlatan Gero Winkelmann, qui prétend avoir agi « pour le bien de la communauté homosexuelle » et explique avoir reçu « deux ou trois mails d’homosexuels vivant à Vienne et Hambourg qui demandaient de l’aide ».

MyEurop.info, qui a contacté le « médecin » par téléphone, explique que ce dernier était convaincu de la nécessité de venir en aide aux personnes « qui se sentent homosexuelles [et qui] se trouvent dans une situation de détresse spirituelle et psychique, et souffrent beaucoup ».

Pour les germanophones, voici une interview de Gero Winkelmann par VICE Allemagne, dans lequel le « médecin » explique vouloir absolument « le bien des homosexuels ». L’enfer est pavé de bonnes intentions.

Liban — L’an dernier, des homosexuels arrêtés à Beyrouth ont subi des tests anaux

L’association LGBT Helem dénonce une situation intenable pour les homosexuels vivant au Liban. Ces derniers seraient fréquemment la cible d’intimidations de la part de la police.

L’année dernière, une trentaine d’homosexuels arrêtés à Beyrouth ont subi des tests anaux —  les « tests de la honte »

.

« La polémique suscitée était telle qu’elle a contribué à l’interdiction de cette procédure par l’Ordre des médecins. En outre, Human Rights Watch a dénoncé en juin la torture des gays, des lesbiennes, des transsexuels et des travailleurs du sexe par les forces de la sécurité nationale libanaise. », rapporte Le Figaro.

Face à ces abus, la Société libanaise de psychiatrie (LPS) a choisi de rétablir la vérité, pas évidente pour tous : « L’homosexualité n’est pas un trouble mental », a écrit la LPS dans un communiqué diffusé par le journal L’Orient le Jour.

La LPS en a également profité pour rappeler que l’American Psychological Association a cessé de considérer l’homosexualité comme une maladie en 1973. « L’homosexualité en soi n’implique aucune altération du jugement, de la stabilité ou des capacités sociales générales ou professionnelles », a affirmé l’organe officiel tout en dénonçant la « thérapie réparatrice » vendue par les médecins au Liban qui propose de guérir l’homosexualité de leurs patients.

Inde — En 2011, le ministre de la santé qualifie l’homosexualité de « maladie venue d’autres pays »

C’est lors d’une conférence sur le SIDA que Gulam Nabi Azad, ministre de la santé indien, a parlé de l’homosexualité comme d’une « maladie venue d’autres pays » :

« Même si ce n’est pas naturel, cela existe dans notre pays et se diffuse désormais rapidement, ce qui la rend difficile à déceler. »

Face à la polémique suscitée, le ministre s’était ensuite défendu d’avoir voulu discriminer les homosexuels. Il a tenté de se justifier en précisant qu’en parlant de « maladie », il faisait en réalité référence au virus du sida.

Trop tard : la sortie avait alors déjà provoqué un vif tollé, la plupart des associations pour les droits de la communauté homosexuelle exigeant des excuses de la part du ministre, condamnant des propos « irresponsables » et « clairement homophobes ».

À l’époque, le Terrence Higgins Trust, principale ONG britannique de lutte contre le SIDA, avait regretté la sortie du ministre, qui n’a fait que « perpétuer les préjugés anti-homosexuels » des colons britanniques de jadis, alors que de nombreux textes et peintures d’origine indienne « célèbrent les rapports entre personnes du même sexe ».

Au niveau international, la « carte de l’homophobie » est inégale

En 1990, l’Organisation mondiale de la santé a rayé l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Depuis, « tout pays tentant par un biais ou par un autre d’instaurer un suivi médical pour homosexualité est condamnable sur le plan international » précise la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme.

Cité par Slate.fr, le psychiatre Malick Briki, qui a consacré sa thèse à la « dépsychiatrisation » de l’homosexualité, explique :

« Aux origines, les sexualités étaient régies par la religion. Toutes les sexualités hors procréation étaient considérés comme des péchés et étaient punies par la loi, que ce soit la sodomie, la masturbation ou encore le coït interrompu. Ce n’est qu’au XIXe siècle que la médecine en pleine essor s’empare de la question de la sexualité. »

C’est donc à ce moment-là que les études s’emparent de sujets tels que la masturbation, la sodomie et la pédérastie. « Le terme d’homosexualité est popularisé par un médecin aliéniste, Richard von Krafft-Ebing, dans son best-seller Psychopathia sexualis paru en 1886 dans lequel il intègre l’homosexualité à la théorie de la dégénérescence », explique Slate.fr.

Aujourd’hui, plus de 70 pays pénalisent encore l’homosexualité. Dans six d’entre eux (l’Arabie saoudite, l’Iran, le Nigeria, la Mauritanie, le Soudan et le Yémen), les actes homosexuels sont passibles de peine de mort. Dans une interview de Rfi, Louis-Georges Tin, militant contre l’homophobie, fait remarquer que même dans les pays qui ne condamnent pas l’homosexualité, la condition des gays et lesbiennes laisse à désirer :

« Il ne faut pas négliger des pays comme le Brésil ou les États-Unis, qui sont évidemment de grandes démocraties, mais où les agressions homophobes sont extrêmement nombreuses. Et puis même dans notre pays, la France, les suicides de jeunes homosexuels sont très nombreux.

Il faut savoir qu’en moyenne en Europe, les jeunes homosexuels sont exposés à un risque de suicide à peu près treize fois plus élevé que les autres. Ce qui veut dire qu’il y a des pays où les homosexuels sont mis à mort, et puis il y en a d’autres où ils se suicident. Ce n’est pas beaucoup mieux. »

Si certains pays célèbrent cette année le mariage pour tous, d’autres considèrent encore l’homosexualité comme une anomalie mentale. Mais quelque soit la législation, la stigmatisation quotidienne, elle, ne se meurt malheureusement pas avec la promulgation des lois.


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Les Commentaires

11
Avatar de Joli-Coonie
29 octobre 2013 à 15h10
Joli-Coonie
Quelle horreur...
J'ai du mal à croire que des médecins pensent réellement qu'après avoir été violée par un homme, une femme lesbienne va soudain se dire "ah oui, tiens, c'est tellement plus sain comme sexualité !"
Est-ce qu'ils croient vraiment que c'est possible ou est-ce qu'ils aiment tout simplement l'idée de faire souffrir les gens qui ne sont pas comme eux tout en prétendant que c'est pour leur bien... Comment les gens qui les entourent font-ils pour ne pas voir que ce sont EUX les putains de malades et que ce sont eux qu'on doit essayer de soigner...
Aaaargh... Je n'arrive pas à croire que des gens préfèrent consacrer leur temps et leur énergie à faire autant de mal autour d'eux. J'ai vraiment l'impression que l'espèce humaine est pourrie jusqu'à la moelle. Heureusement ce n'est pas le cas de tout le monde.
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