Chagrin d’Amour, le nouveau spectacle d’Audrey Vernon
Ça faisait des mois que j’avais super envie de voir Chagrin d’Amour, le nouveau spectacle d’Audrey Vernon. Pour être plus précise, depuis le 14 février dernier, quand elle l’avait joué pour la toute première fois. J’avais rien compris : je lisais partout que c’était un spectacle unique et j’ai vraiment (oui, vraiment) cru lire « représentation unique », comme si elle allait le jouer qu’une fois dans sa vie.
Ah non attendez, je sais pourquoi, ça me revient d’un coup : je me souviens que j’avais eu envie de voir Chagrin d’Amour parce que j’avais lu le billet à son sujet sur le blog de Sophie-Marie Larrouy, et que j’avais été bouleversée par procuration. On y lisait, entre plein d’autres phrases :
« Et puis un de ces fameux soirs de « Hey girrrls », elle nous a dit (à Océane et moi) « j’ai écrit une pièce ça s’appelle Chagrins d’amour, je vais la jouer une seule fois, le 14 février, le jour de la St Valentin ». Audrey toute crachée. Il faut savoir que cette phrase, ça pourrait être gravé sur son épitaphe. Je crois bien qu’il n’y a qu’elle pour engager une conversation comme ça, « j’ai écrit une pièce ça s’appelle Chagrins d’amour, je vais la jouer une seule fois, le 14 février, le jour de la St Valentin ». »
Apparemment, le programme a changé pour faire de ce spectacle unique (ça, oui, c’est vrai) un spectacle unique à plusieurs représentations. C’est donc avec joie que j’ai appris que j’allais le voir, hier soir, à 21h30, à La Nouvelle Seine, cette jolie salle qui fait aussi restaurant sur une péniche ancrée au pied de Notre-Dame.
Audrey Vernon, ancienne speakerine de Canal+ Décalé, n’en est pas à son premier spectacle : avant Chagrin d’Amour, il y a eu Le Spectacle le plus drôle du monde, puis Comment épouser un milliardaire ? et Marx & Jenny, deux seule en scène économiques qui permettaient de rire tout en révisant ses notions d’économie (et/ou/et surtout d’apprendre plein de choses).
Changement de thème total pour Chagrin d’Amour
, donc, qui revient sur ces ruptures qui brisent le coeur et obsèdent le cerveau, sur ce moment où on réalise que la personne la plus proche de nous a choisi de sortir de notre vie. J’avais super envie de voir Chagrin d’Amour, et j’ai pas été déçue. J’ai, du coup, très envie de vous donner envie d’y aller, à vous aussi, et l’exercice est bien difficile parce que je ne souhaite pas vous en dire trop.
Pourtant, tout était fait pour que je réussisse pas à rentrer dans le spectacle. Enfin non, pas tout, juste un truc (trois fois rien) : j’avais bu plein de Coca avant de monter sur la péniche, et m’étais rendue compte des conséquences sur ma vessie deux minutes avant qu’Audrey n’entre en scène. J’ai oublié l’espèce de petite douleur primaire qui foutait le bordel sous mon jean dès les premières secondes.
Premières secondes, premières phrases et bim, j’étais plongée dans le spectacle, parce que je crois que c’est pas vraiment possible de faire autrement quand une comédienne arrive sur scène et semble prendre tout le public par la main, en interprétant du Racine, qui plus est.
Parce que oui, Chagrin d’Amour commence par du Phèdre, soit une des plus grandes tragédies que les planches aient jamais porté : l’histoire de la deuxième femme de Thésée, qui, rongée par la culpabilité, aime le fils de son époux. Fils de son époux qui ne l’aime pas voire la hait et lui préfère une autre, Aricie. Ça finit bien bien mal, mais c’est pas spoiler que de te dire ça, parce que ça s’appelle une tragédie.
Avec ce destin en fil rouge, Audrey dissèque, explore, relate les différentes phases du deuil d’une relation dans laquelle on était pourtant si bien, en s’appuyant sur des exemples de la popculture et sur les plus gros chagrins d’amour du monde entier (de Jennifer Aniston à Valérie Trieweiler en passant par Maria Callas ou Dalida).
L’autre fil rouge, c’est le dialogue qu’elle a avec son souffleur, Georges, un mec qui trouve que la souffrance amoureuse n’est pas bien grave parce que ça permet de créer. C’est pas trop en dire que de t’annoncer derechef qu’ils seront pas vraiment d’accord sur ce point, elle et lui.
C’est un spectacle drôle et documenté et intimiste, et touchant et drôle et fin et profond, et introspectif et drôle. Je vous ai dit que c’était drôle ? Parce que c’est drôle, aussi. On ne pleure pas que de rire si on reconnaît ce qu’on vit, ce qu’on a vécu (ou ce qu’on craint de vivre parce que ça voudrait dire qu’on pourrait perdre un jour la personne qu’on aime) mais c’est drôle.
Ça fait du bien parce que ça prend les chagrins d’amour pour ce qu’ils sont : des drames. Des drames qui durent plus ou moins longtemps, dont on se remet plus ou moins rapidement, dont on peut (dont on DOIT, je dirai même) rire (mais pas que), mais des drames personnels.
Dans un monde où l’auto-apitoiement, même pour dix minutes, est souvent super mal vu, ça fait vachement de bien. Ça fait vachement de bien parce qu’on rit de ce qui nous brise ou nous a brisé le coeur, et parce que ça rappelle qu’après ces épreuves de la vie là, bah y’a encore de la vie.
J’ai très envie de vous donner envie d’y aller mais je ne souhaite pas vous en dire trop, alors je vais me contenter de vous dire un truc comme, eh, allez-y, c’est vraiment pas un spectacle comme les autres.
Chagrin d’Amour (mis en scène de Vincent Dedienne), c’est à La Nouvelle Seine à Paris, et tu peux prendre tes places sur Billet Réduc ! Et pour la suivre, t’as le choix entre sa page Facebook, son compte Twitter, ou les deux.
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
(j'ai décidé ça il y a environ 8 secondes, merci @Sophie Riche :cretin
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