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Vous vous souvenez peut-être d’Audrey, qui avait déjà raconté son expérience dans le papier Les madmoiZelles & leur sport – Le handisport. Déjà deux fois médaillée de bronze à Athènes et à Pékin en tennis de table par équipe, elle a participé à ses troisièmes Jeux Paralympiques il y a quelques jours. Pour nous, elle revient sur cette belle aventure !
Avant tout, voici une petite présentation vidéo d’Audrey, avec son entraîneur et son kiné :
[dailymotion]https://www.dailymotion.com/video/xt1vmr_jo-audrey-le-morvan_news[/dailymotion]
Quel était ton état d’esprit en montant dans l’Eurostar qui allait t’emmener à Londres ? Et plus globalement, celui de tes coéquipiers de l’équipe de France Paralympique ?
En quittant la RIP (Résidence Internationale de Paris) où est située la FFH (Fédération Française Handisport) nous étions tous pressés de partir, et puis ça faisait 2 jours qu’on ne faisait pas grand-chose sur Paris… Le voyage vers la gare de Nord était assez sympa : nous avons été escortés par la police, la circulation était bloquée, c’est à la fois vraiment bizarre et sympathique de voir ce qui est fait pour l’équipe de France Paralympique ! Entre Paris et Londres, le voyage est passé assez vite, dans une bonne ambiance !
Comment se déroule une journée-type au village olympique ? Quelles sont les structures à votre disposition ? Quelle est l’ambiance qui y règne ?
Avant la compétition, nous avions un entraînement par jour, donc nous avions un peu de temps pour visiter le village et la zone internationale (boutique des Jeux, la Poste, un magasin de téléphonie mobile, une banque, un petit commerce, un coiffeur et manucure…).
Le matin, direction la salle de restauration qui faisait la taille de 3 terrains de foot, pour le petit-déjeuner. Pour aller à la salle de tennis de table à l’Excel, nous avions un bus interne qui nous y amenait directement (il y avait environ 40 minutes de transport pour y aller), afin d’éviter les nombreux contrôles de sécurité. En effet, la sécurité était vraiment importante, dès que nous rentrions dans le village, le bus était scanné et vérifié par des personnes de l’armée. À l’entrée du village, nos sacs étaient scannés pour les vérifier et nous passions aussi dans les portiques comme dans les aéroports.
Dans la salle de tennis de table il y avait la salle de compétition, une salle d’échauffement qui était accolée à la chambre d’appel et une salle d’entraînement. Il y avait aussi une salle de repos où nous pouvions nous allonger et de quoi se restaurer si nous n’avions pas le temps de rentrer au village. La salle de restauration au village est ouverte 24h/24 avec toutes sortes de nourritures.
Lorsque la compétition démarrait, nous n’avions pas le temps de faire beaucoup de choses, la journée se déroule en général à la salle.
L’ambiance au village était sympa, les Français étaient dans le même quartier, dans des logements les uns à côté des autres. Nous nous croisions lorsque nous allions aux bus ou à la salle de restauration, il y a toujours un bonjour, un petit sourire ou un petit mot.
Comment gère-t-on une compétition olympique ? Est-ce vraiment différent des autres compétitions ? T’entraînes-tu davantage ? Ressens-tu une pression différente : de la part de ton staff technique / du public / vis-à-vis des adversaires d’envergure mondiale que tu risques d’affronter ?
Avec l’expérience on évite de trop se disperser, car il y a plein de choses à voir et à faire au village. La fatigue arrive vite si on ne fait pas attention et la prise de poids aussi à cause de la nourriture à profusion !
La compétition est ultra-relevée, seuls les meilleurs sont là. L’avant-match est différent, nous sommes dans la chambre d’appel 30 minutes avant le match, nous entrons en musique et la salle est pleine à craquer (4000 personnes). Plein de petits détails qui font que ce n’est pas une compétition comme les autres !
Sur la dernière année nous nous entraînons beaucoup plus. Récemment, j’avais entre une et deux semaines de stage par mois. Nous ressentons une petite pression supplémentaire, mais ce n’est pas négatif. J’ai vraiment ressenti un soutien de la part de mes proches et de tous ceux qui m’ont suivie, c’était vraiment sympa de sentir l’engouement autour des Jeux Paralympiques !
Globalement c’est donc très différent des autres compétitions internationales que je peux faire ! Et puis, il y a une cérémonie d’ouverture et de clôture inoubliables, on en prend plein les yeux !
L’équipe de France de tennis de table Paralympique
As-tu eu le temps d’aller voir d’autres compétitions ? Quelles sont celles qui t’ont particulièrement marquée ?
Je n’ai pas vraiment eu le temps d’aller voir d’autres compétitions, j’ai juste eu l’occasion d’aller voir un match de basket féminin entre la France et le Brésil (ndlr : auquel participait Kathy Laurent, interviewée aussi dans Les madmoiZelles et leur sport – La Handisport). Mais j’ai pu suivre certains sports à la télévision : nous avions en direct dans notre salon les chaînes IPC (International Paralympic Commitee). J’ai pu voir le rugby fauteuil, quelques courses en athlétisme, le cécifoot et le volley assis !
L’équipe de France Paralympique a fini à la 16ème place du classement des nations, alors que son objectif était d’être dans les 10 premiers. Y a-t-il selon toi une explication à cette contre-performance ? En ce qui te concerne, ton parcours lors de ces Paralympiques te satisfait-il ?
Le niveau a vraiment augmenté depuis les Jeux Paralympiques de Pékin en 2008. La France a progressé, mais pas aussi vite que certains autres pays. Chez eux, le sport handisport est professionnel, ce qui est le cas pour très peu de sportifs en France, c’est donc plus difficile pour s’entraîner et être à la hauteur.
De mon côté, mon parcours me satisfait : je savais qu’en individuel ça allait être très difficile et ça l’a été… Par équipe, je suis un peu déçue de notre 4ème place, mais la Pologne était plus forte. Le niveau de jeu était là, physiquement je n’ai pas eu de blessure donc j’estime que ça a été de bons Jeux pour moi !
Ces Paralympiques de Londres 2012 ont eu un véritable succès sur place (compétitions à guichets fermés) et dans de nombreux médias mondiaux. Même si la France est une fois de plus restée en retrait de cet engouement, penses-tu que pour Rio 2016, les Paralympiques vont vraiment trouver la place qu’ils méritent ? Comme l’ont proposé certaines personnalités du sport, penses-tu que programmer les Paralympiques avant les JO pourrait changer la donne ?
Je pense que les médias français vont se rendre compte que les Jeux Paralympiques sont un grand évènement qui intéresse le public. Les performances sont aussi grandes voire plus grandes que celles des valides. Il y aura un avant Londres et un après Londres. Je ne sais pas si le fait de les programmer avant pourrait changer la donne, je n’y ai pas vraiment pensé…
Un grand merci à Audrey pour cette petite interview et encore bravo pour son joli parcours !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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